Un autel au milieu des magasins de Beersheba 2/2

Les magasins de Beershba (photo : Tripadvisor)

Situés à quelques mètres de l’entrée de la ville de Beersheba, tout près de la place centrale, les magasins impressionnent par l’espace qu’ils occupent sur le sommet du tell (600 mètres carrés). Ils ont tous la même structure soit, une allée centrale à laquelle on accédait par l’entrée qui donne sur la rue circulaire (l’ouverture dans le mur devant nous), et deux ailes latérales séparées de la centrale par des rangées de piliers. Les niveaux différents des planchers que nous pouvons voir sur cette photo (reconstitution par l’équipe d’archéologues) montrent que ces magasins ont été utilisés à diverses époques.

Il ne viendrait à l’idée de personne de penser que nous avons affaire ici à des écuries. Pourquoi le propose-t-on pour les édifices similaires retrouvés à Megiddo et Hatsor? S’il ne s’agit pas d’écuries, on pouvait par contre entrer dans ces magasins avec un âne. Nous en avons la preuve en observant la présence de deux trous creusés en coin au sommet du premier pilier, en entrant à gauche. Ces trous servaient à attacher la bête qui attendait sagement qu’on la charge ou la décharge, de son fardeau. La composition des planchers des diverses sections est aussi un témoin de l’utilisation différente des pièces. Le plancher de la pièce centrale est en terre battue, idéal pour les bêtes, alors que ceux des pièces latérales sont en galets. 

On a retrouvé des centaines et des centaines de poteries dans ces magasins, des jarres de toutes sortes pour emmagasiner le vin, l’huile et les grains, des pots à cuisson, des cratères, des bols, des lampes. Il est fort probable que ces magasins ont servi d’entrepôts aux réserves royales, fruit de la taxation imposée dans cette partie de la Judée par l’administration centrale.

Notez, en arrière-plan, la plaine de Beersheba. Elle est aride, comme une bonne partie du nord du Néguev dont Beersheba était sans doute la capitale régionale.
Il faut imaginer ici une activité intense de négociations et d’échanges entre les commerçants, les fonctionnaires royaux, et les habitants de la région. Ça devait grouiller de monde ici et discuter fort.

L'autel à cornes (photo : Wikipedia)

L’autel de Beersheba

Voici une découverte intéressante qui a été réalisée dans les magasins de Beersheba. On sait que les magasins ont été réutilisés pendant plusieurs siècles. Ils ont été détruits puis reconstruits au même endroit. Or, la plupart des murs des magasins étaient construits avec des galets recouverts de plâtre. Sauf que, dans la dernière phase de reconstruction, celle datant des dernières décennies de Beersheba, on avait aussi utilisé de gros blocs de granit répartis à divers endroits dans les murs. D’où pouvaient bien provenir ces blocs de pierre bien taillés?

La découverte de quatre blocs en forme de cornes allait apporter la réponse. Nous avions affaire à des blocs qui avaient servi à la construction d’un autel à cornes. Sans qu’il soit dit de façon explicite, nous savons, par les textes d’Amos (Am 5,5; 8,14), que Beersheba était un centre où l’on pratiquait un culte jugé impur. Il est plus que probable que cet autel carré de 1,6 m par 1,6 m ait été l’autel sur lequel on offrait des sacrifices à Beersheba.

Mais pourquoi s’est-il retrouvé dans les murs des magasins de Beersheba? Pour les magasins on ne sait pas vraiment. Ils auraient pu se retrouver n’importe où ailleurs sur le site. On a une meilleure idée cependant du pourquoi il a été démantelé et pourquoi on l’a retrouvé « profané » dans des murs. Il y a de fortes probabilités (pour ne pas dire certitude) pour que nous ayons ici un témoignage concret de la réforme religieuse mise de l’avant par le roi Ézéchias au début de son règne. 2 R 18,4 raconte comment Ézéchias fit détruire les hauts-lieux dans le pays et proposa une première réforme religieuse, que Josias allait reprendre presque cinquante ans plus tard, après le long intermède tragique de Manassé et d’Amôn. Cette réforme religieuse visait à faire disparaître toute trace de culte ailleurs qu’à Jérusalem. Comme Beersheba comptait parmi les villes royales, il y a tout lieu de croire que cette politique s’est appliquée ici. On démantela l’autel et on réutilisa ses grosses pierres dans les murs des magasins. Il aura fallu attendre près de 2200 ans avant que cet autel soit révélé à nouveau par les archéologues.

L'autel à cornes originale (photo : Wikipedia)

L’autel reconstitué que nous voyons maintenant n’est pas l’original. Ce dernier se trouve au musée de Jérusalem. Mais la copie n’est pas mal. Une chose que l’on ne voit pas ici : la trace d’un serpent gravé (dans le cercle rouge sur la photo) sur l’un des blocs situé au-dessous d’une des cornes. On sait que le serpent représentait l’immortalité dans l’antiquité. C’est clairement un symbole religieux profane, qu’Ézéchias fera aussi détruire (le serpent d’airain).

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Que se cache-t-il sous le mur occidental?

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