(photos : Wikimedia)

Advat, la cité nabatéenne du désert

Robert David Robert David | 17 janvier 2022

En plein désert, au sommet d’une petite montagne, presque camouflées avec la pierre, se dressent les ruines de l’ancienne ville nabatéenne d’Avdat. Mais il ne faut pas s’y laisser prendre. Alors que l’on serait porté à penser que seul le sommet était occupé par des édifices religieux ou administratifs, une visite à flanc de montagne révèle de nombreuses grottes-maisons dont on peut apercevoir les entrées un peu partout dans les flancs du rocher.

Dans cette cité vivaient entre 2000 et 3000 personnes à l’époque byzantine. Avdat (déformation du nom Oboda, roi nabatéen enterré ici) est située dans la portion méridionale du désert du Néguev, sur la route des caravanes qui faisaient le transit entre Élath, Pétra et la Méditerranée. Elle a vu le jour au 3e siècle avant notre ère à titre de poste de contrôle des caravanes. On y gardait des troupeaux de petit bétail ainsi que des chameaux. Bien que la région nous paraisse aujourd’hui aride, il semble qu’à l’époque on pratiquait ici une forme d’agriculture assez prospère, pour la région du moins. Il faut donc voir l’endroit comme un poste de transit, mais également comme une petite cité au milieu du désert où hommes et bêtes partageaient une vie commune et s’échangeaient leurs services mutuels. La ville fut détruite au milieu du 1er siècle de notre ère, mais sa position stratégique pour les caravaniers nabatéens allait la faire revivre quelques années plus tard.

Advat : temple nabatéen

Temple nabatéen

C’est aux 2e et 3e siècles que la ville connut sa plus grande prospérité alors que l’on construisit des maisons dans la banlieue immédiate et que l’on occupa les grottes laissées à l’abandon par les premiers Nabatéens. On construisit des temples dédiés à Zeus et à Aphrodite.

À la fin du 3e et au début du 4e siècle, alors que Dioclétien régnait sur l’Empire oriental, il intégra Avdat dans sa ligne de forteresses destinées à défendre l’Empire contre les invasions ennemies, surtout celles venant des Arabes. C’est également à cette période que des Chrétiens viennent s’installer ici, construisant églises et monastère. La plupart des restes encore visibles à Avdat datent de cette période. La ville fut détruite et abandonnée après la conquête arabe de 636. Aujourd’hui, un kibbutz s’est installé à proximité de l’ancienne Avdat. Les gens y pratiquent des formes d’agriculture qui permettent de comprendre comment les anciens avaient réussi à faire pousser ici des vignes en quantité suffisante pour mettre sur pied d’importantes installations destinées à la production du vin.

Advat

L’acropole

Cette vue aérienne se concentre sur l’acropole d’Avdat, mais il faut savoir que des maisons autour de l’acropole faisaient aussi partie de l’ancienne ville. Ce qui se voit le plus facilement ici ce sont bien sûr les deux grands rectangles qui occupent la partie centrale de l’acropole. On y trouve principalement des constructions byzantines que nous aurons l’occasion de voir un peu plus en détail tout à l’heure. En haut à droite, ce sont les restes du camp romain du 4e siècle. La garnison qui y résidait ratissait le désert à la recherche de brigands et de vandales. Il reste bien peu de choses de ce camp car les constructeurs des églises byzantines ont utilisé les pierres de ces résidences pour construire leurs propres édifices. La ligne horizontale qui traverse le site dans le haut, c’est le mur de protection de l’époque romaine.

Advat

Un exemple de grotte-maison

Juste devant l’acropole, le long de la falaise, un sentier descend et zigzague jusqu’à mi-pente. Ce sentier donne accès à toute une série de grottes-maisons creusées dans les parois de la montagne. À regarder ce décor, on pourrait croire que ces maisons sont sombres. Or, c’est tout le contraire. Les grottes sont creusées dans une sorte de craie blanche qui les rend très éclairées. Elles ont aussi l’avantage de rester fraîches toute la journée, qualité non négligeable dans une région où les températures avoisinent souvent les 45 degrés Celsius. Et c’est vraiment tout le long de la paroi rocheuse que l’on trouve de ces grottes-maisons. On reconnaît dans ce style de maisons les habitudes des Nabatéens qui ont pratiqué l’art de construire dans les parois rocheuses, l’exemple le plus illustre étant bien entendu Pétra, la ville rose de Jordanie.

Robert David est professeur honoraire de l’Université de Montréal. Il a enseigné l’exégèse de l’Ancien Testament et l’hébreu biblique à la Faculté de théologie et de sciences des religions de 1988 à 2015.

Archéologie

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Initiée par Guy Couturier (1929-2017), professeur émérite à l'Université de Montréal, cette chronique démontre l'apport de l'archéologie à une meilleure compréhension de la Bible. Au rythme d'un article par mois, nos collaborateurs nous initient à la culture et à l'histoire bibliques par le biais des découvertes archéologiques les plus significatives.