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Renseignements
sur les évangélistes
JEAN-PAUL MICHAUD*
| Introduction
| Témoignages
anciens
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L'évangéliste
Marc
Les traditions
anciennes l'identifiaient au Jean surnommé Marc, originaire de
Jérusalem, qui avait pour mère une certaine Marie chez qui
se réunissait, selon les Actes des Apôtres (12,12),
la première communauté chrétienne de Jérusalem.
Certains l'identifient au jeune homme anonyme (Mc 14,51-52) et en
feraient ainsi un jeune disciple de Jésus ou quelqu'un, du moins,
qui aurait connu Jésus. Il accompagna Paul et Barnabé, son
propre cousin (Col 4,10), dans un premier voyage missionnaire (Ac 12,25),
se sépara d'eux (Ac 13,13) et repartit ensuite avec Barnabé
(Ac 15,39). On le retrouve à Rome aux côtés de
Paul prisonnier (Phm 24), qui le charge probablement d'une mission
en Asie mineure (Col 4,10) et finalement le rappelle auprès
de lui (2 Tm 4,11). Dans 1 P 5,13, il est appelé
le « fils très cher » de Pierre, ce qui correspond
aux données traditionnelles qui en font aussi le compagnon de Pierre
et son interprète. Pour nous, Marc est surtout un texte, qui possède
l'autorité d'un témoignage apostolique, d'un témoignage
venu des apôtres. Malgré des dissidences importantes contestant
la priorité de Marc, la majorité des commentateurs datent
sa rédaction des années 65-70 et en font, chronologiquement,
le premier des évangiles, même s'il est deuxième dans
l'ordre biblique.
L'évangéliste
Matthieu
Selon
la tradition, l'auteur du premier évangile canonique serait Matthieu,
l'un des douze apôtres de Jésus (voir Mt 10,3; Mc 3,18 et Lc 6,15). L'évangile le présente comme un collecteur
d'impôts (Mt 9,9; 10,3). Selon le témoignage de Papias,
Matthieu aurait mis « en ordre les logia [ou paroles
de Jésus] dans la langue hébraïque »,
c'est-à-dire probablement en araméen. Cet évangile
araméen n'a pas laissé de traces. Mais dans la pensée
de Papias, il « autorise » vraisemblablement la version
grecque (notre Matthieu) qu'il a entre les mains. Sous cette autorité,
le premier évangile reçoit donc, lui aussi, valeur de témoignage
apostolique. Mais si l'apôtre Matthieu a pu être au point
de départ de la tradition évangélique qui porte son
nom, le texte actuel du Matthieu grec n'est pas de lui. Son auteur
n'est pas connu. À partir de ce texte, on peut dire, néanmoins,
qu'il s'agissait d'un lettré juif devenu chrétien. Il correspondrait
assez bien au scribe « qui tire de son trésor du neuf
et du vieux » (Mt 13,52). Pour expliquer la complexité
de l'évangile, certains exégètes parlent même
d'une « école matthéenne » qui aurait
conservé et interprété des traditions évangéliques
et serait collectivement responsable de l'évangile actuel de Matthieu.
La date de l'évangile de Matthieu est aussi discutée, mais
la quasi-unanimité des exégètes contemporains placent
sa composition dans les années 80.
L'évangéliste
Luc
On n'a
pas de témoignage de Papias sur Luc. Irénée de Lyon
(mort vers 202) écrit dans son livre Contre les hérésies
(Adversus Haereses, III, 1, 1) que « Luc, le compagnon
de Paul, consigna en un livre l'Évangile que prêchait celui-ci ».
À la fin du IIe siècle, également, le
Canon de Muratori (la plus ancienne liste des livres canoniques
du Nouveau Testament) dit, dans un texte compliqué : « Le
troisième livre de l'Évangile est selon Luc. Luc est ce
médecin qui, après l'ascension du Christ, fut emmené
par Paul... et qui écrivit en son nom selon la pensée [de
Paul], car il n'a pas connu le Seigneur de son vivant... et commença
son récit à la naissance de Jean ». Les textes
du Nouveau Testament confirment ces données. Luc y est appelé
médecin (Col 4,14), collaborateur de Paul (voir Phm 24;
2 Tm 4,11 et certains passages des Actes des Apôtres
où l'auteur paraît rapporter des souvenirs personnels : les
extraits utilisant le pronom personnel « nous » en
16,10-17; 20,5-15; 21,1-18; 27,1 - 28,16). Luc est aussi l'auteur des
Actes des Apôtres (cf. Ac 1,1), qui est en fait la seconde
partie d'un seul ouvrage -- l'évangile constituant la première
partie. Les critiques actuels situent en général la rédaction
de l'évangile vers les années 80-90. Le livre des Actes
aurait été composé légèrement après.
L'évangéliste
Jean
Dans le
chapitre 21, qui est une addition à l'évangile original
de Jean, l'auteur du quatrième évangile est identifié
avec « le disciple que Jésus aimait » (21,24).
À partir du IIe siècle, les traditions ecclésiastiques
(Irénée, Clément d'Alexandrie) le nomment Jean et
l'identifient avec l'un des fils de Zébédée, l'un
des Douze. Mais les études scientifiques modernes ont considérablement
modifié ces vues d'autrefois. Si la tradition originelle pourrait,
d'une manière obscure, se rattacher à l'apôtre Jean,
la critique reconnaît aujourd'hui que cette tradition a connu un
long développement, une transmission orale et écrite, puis
diverses étapes de rédaction avant d'aboutir à notre
évangile actuel. Cette longue maturation, au sein de ce qu'on peut
appeler une « école » johannique, ne permet
donc plus de parler du témoignage oculaire d'un auteur, mis par
écrit d'un seul trait au lendemain des événements.
La publication du quatrième évangile, en son état
final, est ordinairement datée de la fin du premier siècle,
entre 90 et 100.
* Jean Paul Michaud est professeur émérite de l'Université
Saint-Paul (Ottawa).
Article précédent
:
La
disposition des linges dans le tombeau de Jésus (Jn 20,5-8)
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