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Comprendre la Bible
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chronique du 3 novembre 2000

 

Au temps des démons...

Quiconque ouvre l'Évangile est frappé par la présence presque quotidienne des démons dans la vie publique de Jésus. Tout de suite après son baptême, il est tenté par Satan au désert (Marc 1,12; Matthieu 4,1-11; Luc 4,1-13). Au cours de son ministère, Jésus « guérit beaucoup de malades atteints de divers maux, et il chassa beaucoup de démons » (Marc 1,34). On se souvient habituellement du pauvre homme du pays des Géraséniens, dont les esprits impurs se jettent ensuite sur le troupeau de porcs (MarcĀ 5,1-20; Matthieu 8,28-34; Luc 8,26-39). Ce n'est pourtant qu'un exemple frappant des curieux exorcismes de l'Évangile. Même les apôtres, au nom de Jésus, « chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d'huile à de nombreux infirmes et les guérissaient » (Marc 6,13).

     Bienheureux serait aujourd'hui celui ou celle qui verrait son nom dans les manchettes pour avoir « chassé beaucoup de démons »! Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est plus chose courante, comme cela pouvait l'être au temps de Jésus. En fait, non seulement c'est inusité, mais encore faut-il s'avouer que beaucoup de personnes ne croient tout simplement plus à l'existence de démons. Dans la conversation courante, qui blâme de nos jours un démon pour un rhume malvenu? Qui oserait justifier une absence au travail pour cause d'harcèlement démoniaque? Dans notre monde occidental moderne, les démons ne sont plus une référence pour expliquer les malheurs qui arrivent. Où sont-ils passés alors les démons d'autrefois? Je vous propose trois indices tirés de la Bible.

Démons d'hier et d'aujourd'hui

     Dans le Premier livre de Samuel, le roi Saül est tourmenté par un mauvais esprit qui l'assaille de temps à autre. Cependant, lorsque David jouait de la cithare, « c'était une détente pour Saül. Il allait mieux et le mauvais esprit s'écartait de lui » (1 Samuel 16,23). À trois mille ans de distance, il est impossible d'identifier avec précision le malaise de Saül, mais le fait que la musique « chassait » le démon par la détente pourrait suggérer une sorte d'anxiété, de stress ou de panique, apaisée par la douceur des mélodies. On imagine très bien le stress d'un roi! N'y aurait-il pas beaucoup de ces « démons » dans nos grandes villes?

     Nous n'avons pas de peine à identifier le mystérieux esprit muet de l'Évangile qui jette par terre le jeune, le fait écumer, grincer des dents et devenir raide (Marc 9,14-29; Matthieu 17,14-21; Luc 9,37-42). Aujourd'hui, pareil « démon » s'appelle l'épilepsie. Les symptômes de cette maladie sont faciles à reconnaître. Dans notre société, personne ne dira d'un enfant épileptique qu'il est possédé par un démon. C'est pourtant écrit dans l'Évangile! Autres temps, autres mots pour dire les mêmes maux…

     Un troisième indice peut s'avérer concluant. Luc 13,10-17 rapporte le cas d'une femme courbée depuis dix-huit ans, que Jésus redresse un jour de sabbat à la synagogue. Le texte souligne que c'est un esprit qui la rendait infirme (v. 11). Cependant, Jésus lui impose les mains (v. 13), geste réservé à la guérison, plutôt qu'à l'exorcisme. Le chef de la synagogue proteste contre la « guérison » faite un jour de sabbat (v. 14). À cela, Jésus réplique qu'il lui fallait délivrer cette fille d'Abraham, liée depuis dix-huit ans par Satan (v. 16). Nous constatons que la pensée de l'auteur biblique se promène dans un va-et-vient constant entre guérison et exorcisme, comme si les deux concepts étaient interchangeables, ou, à tout le moins, fortement reliés. Au pays et au temps de Jésus, la maladie, c'était l'affaire des démons! Esprits et démons d'autrefois, traumatismes, bactéries et virus d'aujourd'hui.

     Si Jésus chassait beaucoup de démons, c'est que la santé et le bien-être physique, moral, psychologique et social des personnes lui paraissait un élément capital du Règne de Dieu qu'il prêchait. Sa prière aurait très bien pu inclure : « Donne-nous la santé et le pain de chaque jour ». Prendre soin des personnes, faire reculer l'injustice, la famine, la pauvreté et la maladie, c'est suivre les pas de Jésus « chasseur de démons » et participer à sa lutte contre le mal, personnifié dans la Bible par Satan.

     Faut-il avoir peur des démons? Certainement pas de ceux de jadis! Mais il faut ouvrir les yeux et se battre courageusement contre ceux d'aujourd'hui. Avec espérance, bien sûr, puisque le Christ Ressuscité a déjà chassé pour nous le démon ultime de la mort.

Rodolfo Felices Luna

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