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Comprendre la Bible
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chronique du 4 mars 2005
 

Intercéder pour les morts
 

QuestionJ'ai l'impression que le salut est quelque chose de personnel, la vie éternelle n'étant que pour ceux qui ont cru et vécu en Dieu et en Jésus Christ. J'aimerai, dès lors, savoir si nous pouvons prier pour qu'un être (qui n'a jamais accepté Dieu) puisse être sauvé? Peut-il encore rencontrer Dieu après sa mort? Parfois, je crois également que Dieu peut avoir compassion de mes prières et de ma ferveur pour accomplir ce que je lui demande (demandez et vous recevrez). Je ne veux pas aussi limiter la puissance de Dieu. S'il veut sauver quelqu'un du shéol, il a toute puissance pour le faire. Pourriez-vous m'expliquez? (David)

RéponseJe ne sais pas si vous vous rendez compte des nombreuses confusions qu'il y a dans l'énoncé de cette question. Il y a à la fois des croyances personnelles, des citations de la Bible, et une réflexion de caractère plus rationnel. Avant toute chose, il faudrait bien distinguer ces plans. L'Église, depuis toujours, reçoit sa foi d'un corpus de textes appelé la Bible. Cette Bible est par la suite interprétée par une longue tradition de commentateurs et de théologiens. Le croyant qui accepte cette foi interprétée a encore un espace de liberté pour sa relation personnelle avec le Seigneur. Mais ce qui est essentiel, c'est que la démarche de base est l'écoute et non pas des idées préconçues ou des préjugées. Aussi, quand vous commencez votre question avec des mots comme « J'ai l'impression que... », on peut se demander si l'opinion exprimée est le fruit de l'écoute de la Parole interprétée en Église ou le fruit d'une certaine mode actuelle...

     Tentons une réponse à la question. Par « salut », vous voulez certainement dire l'admission au paradis, en présence de Dieu, ou, pour parler en termes inverses, ne pas être « damné », loin de Dieu. L'Église a toujours enseigné qu'après la mort de chaque être humain, il y a un jugement personnel selon la vie de chacun, selon ses croyances et la façon dont il les a vécues. L'Église enseigne aussi que le salut vient par le Christ. Cela signifie que l'idéal serait un croyant qui a accepté Jésus Christ dans sa vie et a vécu selon l'évangile de son mieux. Mais l'Église n'a pas de problème pour admettre le salut éternel de toute personne qui a vécu selon de bons principes moraux et essayé de son mieux de mener une bonne vie. On considère que ces personnes observent l'évangile d'une certaine façon en essayant d'être bonne et généreuse, et que c'est déjà un début de salut.

     Peut-on prier pour quelqu'un qui est mort? Oui, bien sûr, l'Église l'a toujours fait. Cela sous-entend que ceux qui n'ont jamais connu Dieu seront jugés sur leur vie. Quiconque fait le bien est de Dieu et il est ou sera reconnu par lui. Mais l'Église a toujours enseigné que l'entrée au paradis peut passer par une période de purification pour ceux qui n'étaient pas encore prêts. Quand on prie pour quelqu'un qui est mort, on prie surtout pour qu'il soit définitivement admis en présence du Seigneur pour l'éternité. Le jugement est à Dieu seul. Mais on a toujours supposé que le Seigneur voulait le salut de tous et qu'il reconnaissait tout geste de bonté et d'amour. Le jugement de Dieu n'est pas arbitraire ni capricieux. Il ne « décide » pas de sauver ou de condamner quelqu'un (comme le laisserait entendre votre question). Si quelqu'un a agit selon le bien et l'amour, il « se sauve lui-même », si je puis dire, parce qu'il a agi selon la volonté de Dieu ; Dieu reconnaît que cette personne a aimé. Mais si quelqu'un a été méchant et n'a pas aimé, il est responsable de sa vie et aura à en souffrir les conséquences (bien qu'il faille admettre qu'il y a tellement de conditionnements qui limitent la liberté humaine). Je pense donc qu'il faut faire confiance au Seigneur qui est juste et bon.

Hervé Tremblay, OP
Collège dominicain de philosophie et de théologie, Ottawa

  

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Les pèlerins d'Emmaüs