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La création
de l’homme à partir de la glaise
« Alors
Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla
dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être
vivant. » (Gn 2,7) Dans ce récit de la création,
pourquoi est-ce la terre que Dieu utilise? N’aurait-il pas pu prendre
autre chose, le vent ou l’air, par exemple? (Anonyme)
Pour
nous créer, Dieu aurait pu prendre du vent, de l’air, de l’atmosphère…de
l’azote liquide et l’homme aurait été un pur esprit...
Dieu aurait pu prendre de l’eau, du feu, une fleur, une pierre précieuse
cachée dans les sous-sols de la terre, mais s’il avait fait
cela, nous ne serions pas les êtres humains que nous sommes aujourd’hui.
Non, pour nous créer, Dieu prit de la matière, il prit de
la terre; en hébreu on dit qu’il prit de la « adama »
et avec cette « adama », il façonna l’homme :
en hébreu le Adam… Adam et « adama »
sont donc des mots de même racine. Ayant une origine commune selon
le récit de création, Adam et la terre sont intimement liés…
il y a entre eux une telle affinité que ce qui arrive à
l’un touche l’autre aussi en même temps. Si l’on
détruit la terre, on détruit l’homme aussi pareillement.
Si l’on protège la terre, on protège l’homme également.
Les anciens avaient, il y a bien longtemps, perçu cela…
Dieu prit donc de la matière, une matière friable et fragile, puis il insuffla dans cette matière, une haleine de vie, il insuffla… Qu’est-ce que ce souffle sinon le don de l’esprit (1)? L’homme n’est donc pas que matière. Il y a d’inscrit en lui cet espace habité par le souffle de Dieu et cet espace n’est pas le privilège de quelques uns, il est constitutif de chaque être humain et quoi que fera cet homme dans sa vie, rien ne saura jamais altérer cet espace virginal que Dieu s’est choisit en lui. Chaque corps humain est un Temple, un porteur de ce Souffle, de cette Divine Présence. C’est la raison pour laquelle chaque personne humaine, croyante ou non-croyante, chrétienne ou non chrétienne, avec un comportement acceptable ou avec un comportement inacceptable, jeune ou vieille mérite le plus haut respect. Elle a reçu avec la vie ce don de l’esprit, qu’elle en soit consciente ou non.
Certains diront peut-être que s’il en est ainsi, nous ne sommes plus libres! Nous ne pouvons plus choisir entre appartenir à Dieu et ne pas Lui appartenir! Qui nous dit que la liberté est du côté de la non-appartenance? Choisissons-nous le corps que nous avons reçu? Nous pouvons librement le nier, le détruire, l’abîmer, le tatouer, le percer… mais nous ne pouvons pas l’empêcher d’exister! Comme l’affirme le théologien Maurice Boutin : « Dieu n’est pas le produit d’une spéculation (Hegel), il n’est pas le fruit d’une expérience du nébuleux (Otto), ni l’objectivation d’un besoin religieux fondamental (théisme). Dieu est le préalable constitutif de chaque être humain » sans exception. Et rien ni personne ne pourra jamais détruire ce préalable.
C’est ainsi que le Dieu de la Vie, précède toute naissance. C’est ainsi qu’Il règne avant même qu’on n’en n’ait conscience. Ce texte biblique très ancien nous raconte qu’Il s’est d’abord engagé dans notre humanité librement, gracieusement, sans rien nous demander.
(1) Il ne s’agit pas ici de l’Esprit Saint qui viendra beaucoup plus tard dans l’histoire de la Révélation. Nous sommes situés ici au début de l’humanité.
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