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Comprendre la Bible
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chronique du 8 juin 2007

 

La Bible des Gédéons

QuestionNotre conseil scolaire a décidé qu’on n’utiliserait pas la Bible des Gédéons qui est une traduction de Louis Second. Ce que j’ai appris, c’est que cette traduction a un ton sentencieux. Est-ce une influence calviniste? Je ne peux que l’imaginer, n’étant pas exégète. Bref, j’aimerais pouvoir donner une explication justifiant le fait que l’on retire ces Bibles de nos écoles, mais aussi si des passages sont écourtés par rapport à la Bible de Jérusalem ou à la TOB? (Anonyme)
 

Réponse
La question de fond ici est celle des traductions de la Bible. D’entrée de jeu, disons que la grande majorité des traductions modernes sont très professionnelles et bien faites. Dans le monde francophone, les plus connues sont la Bible de Jérusalem, la TOB (Traduction œcuménique de la Bible), la Bible d’Osty, la Bible Bayard, la Bible Second, etc. Les différences majeures sont au niveau des options de traductions et de la sensibilité des différents traducteurs. Habituellement, ces Bibles ne sont pas « tendancieuses », c’est-à-dire que les traductions bibliques faites soit par des exégètes catholiques, protestants ou orthodoxes ne reflètent pas nécessairement les doctrines respectives de chacune de ces Églises (bien qu’il y ait quelques rares passages litigieux où on sente parfois une hésitation ou une préférence de traduction). Mais il reste une tradition dans l’usage de ces différentes traductions. Les catholiques ont toujours préféré des Bibles traduites par des catholiques : la Bible de Jérusalem, Osty, Crampon, Maredsous. Les protestants francophones (une minorité dans l’ensemble du monde protestant) ont toujours préféré la traduction de Louis Second. Heureusement, depuis une trentaine d’année, on dispose de la TOB, mais elle est bien plus populaire chez les catholiques que chez les protestants.

bibles     Les différences majeures entre les Bibles « catholiques » et « protestantes » est au niveau du canon de l’Ancien Testament et de ce qui entoure la traduction. Toutes les communautés s’entendent sur la liste des 27 livres du Nouveau Testament. Toutefois, il y a désaccord pour la liste des livres reconnus de l’Ancien Testament. Au début de l’Église, on a choisi comme canon de l’Ancien Testament celui de la Septante grecque. Or, il y a dans la Septante quelques livres, la plupart écrits directement en grec ou connus seulement en grec, qui ne se trouvent pas dans la Bible hébraïque (Siracide, les quatre livres des Maccabées, Sagesse, Judith, Tobit, etc.). La réforme protestante au XVIe siècle a opté pour le seul canon hébreu et a donc refusé les autres livres du canon grec, les « deutérocanoniques ». Les Bibles protestantes ne comportent donc pas ces livres que les catholiques reconnaissent comme inspirés au même titre que les autres livres bibliques. La deuxième différence est au niveau des introductions et des notes. Selon le principe de la scriptura sola, ou encore de scriptura sui ipsius interpres (l’Écriture est interprète d’elle-même), les protestants n’aiment pas ajouter des introductions ou des notes explicatives à leur Bible. Selon eux, c’est chaque croyant qui interprète la Bible pour lui-même. Tout au plus, la TOB a convenu de ne mettre que des notes de type historique et culturel, mais pas beaucoup de notes doctrinales.

     La conclusion c’est donc qu’il n’y a à ma connaissance aucune Bible « mauvaise » ou mal traduite, pas plus les Bibles protestantes que les catholiques. Il s’agit d’une question de tradition et de l’aide qu’on veut se donner pour la lecture. Comme la plupart des sociétés bibliques sont d’origine protestante, les Bibles qu’elles distribuent gratuitement le sont aussi. C’est donc le choix de chacun de l’usage à en faire. Il semble qu’il n’y a pas d’hésitation à avoir en ce qui concerne le Nouveau Testament (avec ou sans les psaumes), mais qu’il faut être plus prudent pour l’Ancien Testament.

Hervé Tremblay

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