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Comprendre la Bible
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chronique du 4 janvier 2013
 

Le droit familial


L'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair (Gn 2,24). Il est assez remarquable que, dans tout l'Ancien Testament, ce verset soit le seul qui traite de ce qu'on pourrait nommer le droit matrimonial. Et il soulève un gros problème! En effet, dans tout le reste de la Bible, la pratique générale est que la femme quitte sa famille pour se joindre à celle de son mari. Il est très rare que l'inverse se produise et les quelques cas où l'homme vit dans la famille de sa femme (Jacob, Gn 29; Moïse, Ex 2,16-22) s'expliquent par la situation exceptionnelle dans laquelle se trouvent ces personnages.

          Ce verset de la Genèse est cité par Jésus dans les évangiles (Mt 19,1-9 et Mc 10,1-12). Il ne s'agit plus ici de proposer un modèle social particulier pour l'organisation de la vie de couple mais d'affirmer le caractère unique et permanent de l'union conjugale telle que voulue par Dieu dans son projet créateur (voir aussi 1 Co 7,10-11).

          Jésus se montre sur ce point, plus exigeant que ne l'était la loi juive. Celle-ci, en effet, en se basant sur le texte de Dt 24,1, autorisait le divorce en certaines circonstances. Et c'est justement un débat sur ces circonstances qui amène Jésus à se prononcer contre tout divorce, précisant que la législation de Moïse n'est qu'une tolérance accordée en raison de l'endurcissement du cœur (Mt 19,8).

            Plus importante est la législation concernant les rapports entre les enfants et leurs parents. Mises à part les questions de succession (Nb 27,1-11; Dt 21,15-17) et le sort fait aux enfants incorrigibles (Dt 21,18-21), les droits et obligations des parents ne font l'objet d'aucune législation particulière. Par contre, les devoirs des enfants envers leurs parents font l'objet d'un commandement spécifique du Décalogue : Honore ton père et ta mère, comme l'a commandé Yahvé ton Dieu, afin que se prolongent tes jours et que tu sois heureux sur la terre que Yahvé ton Dieu te donne (Dt 5,16 cf. Ex 20,12; Lv 19,3). Le verbe rendu ici par honorer provient d'une racine hébraïque qui signifie avoir du poids. Honorer quelqu'un, c'est donc lui accorder du poids, de l'importance; le verbe peut d'ailleurs s'appliquer à Dieu lui-même (cf. 1 S 2,30; Is 24,15; 25,3; Ps 22,24; 86,12; Pv 3,9). Les devoirs des enfants envers leurs parents sont donc à l'image de ceux des fidèles envers Dieu (cf. Mal 1,6). La conséquence de l'observation de ce commandement est une longue vie de bonheur sur la Terre Promise, ce qui est, dans le Deutéronome, la bénédiction habituelle attachée à la fidélité à l'Alliance. À l'inverse, l'enfant qui oserait frapper ses parents ou prononcer contre eux une malédiction — ce qui, au sens strict est exactement le contraire de honorer, c'est-à-dire : alléger, tenir pour rien — serait puni de mort (Ex 21,15.17).

          Ben Sirah a commenté ce commandement (Sir 3,1-16) et l'auteur de l'épître aux Éphésiens le cite comme étant le fondement des relations entre parents et enfants (Ep 6,4; Col 3,21) ce qui est une nouveauté, au moins par rapport à la législation écrite de l'Ancien Testament.

Jérôme Longtin

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Les bons et les mauvais rois de la Bible