Les pierres du sanctuaire sont disposées en cercle, un assemblage inhabituel selon les archéologues.
Ces ruines, situées près d’Argaman dans la vallée du Jourdain, pourraient correspondre au site de l’antique Gilgal.
(photo © BibleWalks.com)

Julienne Côté | 18 novembre 2016

On connaît bien Jéricho, du moins un peu... par les fouilles archéologiques qui y ont été faites. On connaît par exemple Jéricho comme la première ville conquise après l’entrée en Canaan (Jos 3 et 4). Mais qu’en est-il de Gilgal?

C’est un nom cité fréquemment dans la Bible et qui fait référence à quatre ou cinq sites différents. La première occurence du nom fait mention d’un de ces lieux, situé au nord-est de Jéricho, dont la localisation précise n’a pu être identifiée. Il est dit qu’en ce lieu Josué et le peuple campèrent après la traversée du Jourdain (Jos 4,19).

Si on ne peut dire davantage au plan géographique, on peut s’intéresser à l’étymologie du mot. En hébreu, la racine du verbe évoque l’action de rouler et le substantif, toujours précédé d’un article, comme en Josué 4,19 et 9,6, signifie « un cercle de pierres ». Or ces cercles de pierres furent nombreux, et il est probable qu’ils représentaient soit des clans, soit des ancêtres. Auprès de ce cercle, véritable sanctuaire à ciel ouvert, s’est développée une liturgie. Ici à Gilgal, le sanctuaire vraisemblablement pré-isréalite a été rattaché au yahvisme.

C’est cet aspect liturgique fortement accentué que le chapitre 5 du livre de Josué met en évidence; d’ailleurs tout le livre de Josué offre une réflexion à ce sujet. La liturgie qui s’est développée a mis en relation un événement providentiel et le culte; elle a fait prendre conscience au peuple d’un acte dont il avait bénéficié de la part de Dieu. Derrière la description de la traversée, derrière la marche, de Shittim au Jourdain et du Jourdain à Gilgal, il y a en filigrane le souvenir d’un événement réel, d’un événement où Dieu a manifesté son aide et dont on a fait mémoire dans la liturgie. Les chapitres suivants du livre de Josué font voir que la liturgie a fait jouer à l’Arche d’alliance un rôle prépondérant.

Membre de la Congrégation de Notre-Dame, Julienne Côté a fait ses études supérieures en théologie et en études bibliques à l’Institut catholique de Paris. Elle a écrit pour la revue Vie liturgique de 1985 à 1990 et collabore au Feuillet biblique depuis 1987.