INTERBIBLE
À la découverte du monde biblique
comprendre la biblearchéologiegroupes bibliquesinsolite
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Groupes bibliques
  lecteur
Imprimer
chronique du 15 janvier 2008
 

Le récit du déluge 3/6

Accueillir la Parole

Le récit du déluge : Genèse 6, 5 — 8, 22

  Le Seigneur vit que les hommes étaient de plus en plus malfaisants dans le monde, et que les penchants de leur cœur les portaient de façon constante et radicale vers le mal […] (6, 5). Tant que la terre durera, semailles et moissons, chaleur et froidure, été et hiver, jour et nuit ne cesseront jamais (8, 22).

Pour une première approche de ce récit

  Avec ses trois chapitres, le récit du Déluge est très long, si long qu’il est toujours coupé dans la lecture liturgique. Mais en lisant ce texte en entier, nous pourrons mieux nous interroger sur ce que veulent dire les croyants quand ils affirment que la Bible est la « Parole de Dieu ». Voici donc quelques questions pour une lecture féconde du récit.

Questions pour une première lecture du texte du Déluge :

• Comment le texte débute-t-il? Quel tableau brosse-t-il? Comment est décrit Noé?
• Que dit le Seigneur à Noé (6, 14-21)? Quelles différences y a-t-il? Que changent les paroles du Seigneur à Noé au chapitre 7, vv. 1-4? Qu’est-ce qui demeure?
• Quelles sont les indications au sujet de Noé qui reviennent d’une façon ou l’autre?
• Comment est rapporté le début du déluge au chapitre 7, vv. 11-12 et 17-23? Les deux relations se caractérisent-elles par le même souci?
• La fin du déluge : comment est-elle rapportée au chapitre 8?
• Les paroles du Seigneur à Noé (8, 16-17) : que suggèrent-elles à ceux qui connaissent le récit de Création en Genèse 1?
• Que suggère la fin du texte?

  Une première lecture fait apparaître certains éléments du récit difficiles à concilier.

Le début du texte met l’accent sur le cœur de l’homme qui n’est porté qu’à concevoir le mal, et multipliant ainsi les actes de méchanceté. En revanche, Noé est juste et intègre. Au passage, il faut noter que si Dieu se repent d’avoir fait l’homme, c’est qu’il attend de lui autre chose que cette méchanceté : l’homme ne se réduit pas à elle.
Les paroles du Seigneur à Noé sont des instructions à suivre pour avoir la vie sauve lors du déluge : construire l’arche et y emmener les espèces vivantes qui doivent survivre. Cependant, les indications des deux chapitres sont parfois contradictoires : en 6, 19, Noé doit prendre un couple de chaque espèce animale, alors qu’en 7, 2-3, ce sont 7 couples d’espèces précises qu’il doit emmener. Les deux interventions ont un souci commun : elles insistent sur la nécessité de préserver la diversité des espèces ; même les animaux « impurs » doivent subsister.
En ce qui concerne Noé, le récit insiste sur son obéissance scrupuleuse à Dieu.
Le début du déluge au chapitre 7 : les vv. 11-12 mettent l’accent sur la solennité de l’événement et de son déclenchement : l’an 600 de la vie de Noé, au deuxième mois..., alors que les vv. 16-17 insistent sur le caractère épouvantable et définitif du déluge où tous périssent.
La fin du déluge, au chapitre 8, est marquée par des contradictions dans le texte : la crue dure 150 jours en 7, 24 mais seulement 40 en 8, 6. La durée totale de la catastrophe est aussi différente selon les versets : plus d’un an selon 7, 11 et 8, 13, mais seulement quelques semaines selon 8, 6-12.
Les paroles du Seigneur en 8, 17, avec leur invitation à la fécondité, sont très semblables à celles du récit de Création en Genèse 1, 20-25. Elles invitent à penser à une nouvelle création.
La fin du texte revient sur la constatation du début. Quel que soit le cœur de l’homme, Dieu fait la promesse de ne plus frapper pour le supprimer. Avec cette reprise du thème du début, le récit du Déluge veut répondre à cette découverte des tendances mauvaises au cœur de l’homme.

La Parole de dieu ne peut pas nous tromper!

  Comment parler de Parole de Dieu pour un texte qui semble se contredire, parfois à quelques versets de distance? Croire à la Parole de Dieu ne contredit pas le fait que les auteurs bibliques soient aussi de vrais auteurs. Dieu se révèle en inspirant des auteurs humains qui s’expriment selon des modalités propres à leur culture et à leur époque. En outre, son Esprit inspire ceux qui reçoivent cette parole. Les écrivains bibliques ne font pas un reportage journalistique; mais une lecture de l’histoire. Le texte biblique ne peut pas nous tromper en ce qui concerne l’homme et son salut, c’est-à-dire les relations de l’homme avec Dieu et les relations des hommes entre eux. Les contradictions qui portent sur le déroulement matériel du Déluge témoignent peut-être que le texte biblique actuel regroupe plusieurs traditions conservées malgré leurs divergences de détails. Ce faisant, elles nous disent l’importance qu’a eu ce récit fondateur pour Israël.

 

 

Chronique précédente :
Le récit du déluge 2/6