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chronique du 14 octobre 2008
 

La figure de Moïse (1/6)

En cinémascope et en couleurs

Nous sommes au printemps de 1957.

Le « petit théâtre » de Pont-Viau me semble un palace, à comparer avec notre modeste demeure. Deux à trois cent élèves s’entassent bruyamment dans ce temple dédié au cinéma. Nos professeurs, remplis de zèle religieux, nous invitent à assister au plus grand spectacle de tous les temps mis sur pellicule par Cecil B. DeMille : Les Dix Commandements.

Notre professeur nous avait remis une petite fiche décrivant l’histoire qui allait s’étaler sous nos yeux. Elle se lisait comme suit : « Jeté à sa naissance dans les eaux du Nil par sa mère, pour ne pas être tué par les Égyptiens, Moïse descend le cours du fleuve dans son embarcation de fortune et se voit recueilli par la fille d'un pharaon : il reçoit alors l'éducation d'un prince égyptien et est promis au trône. Mais son ''frère'' Ramsès, jaloux de sa destinée, révèle que Moïse est hébreu et le contraint à l'exil. Moïse rejoint alors un groupe de bergers et sur le Mont Sinaï, reçoit l'ordre de Dieu de libérer le peuple juif de la domination égyptienne... ».

Après une attente qui nous semble interminable pour nos jeunes années, les lumières du cinéma s’estompent avec une quasi majesté et de sombres rideaux rouges glissent devant un immense écran panoramique.

Les premières notes musicales assourdissantes nous laissent entendre qu’il s’agira d’une grande histoire. Wow! Le film est en couleur ! C’est tellement réaliste qu’on s’y croirait!

Tout au long de l’intrigue, se développe le sentiment que les « bons » Hébreux vont l’emporter sur les « méchants » Égyptiens. Un héros se lève : il s’appelle Moïse. Ce n’est pas n’importe qui, puisque c’est Dieu lui-même qui lui parle et lui dicte, comme un bon général d’armée, ce qu’il aura à faire pour battre l’armée de Pharaon.

À chaque fois que les méchants Égyptiens se font battre par le Dieu des Hébreux, la salle de cinéma tremble de Hourra ! Bravo ! Continuez de les éliminer ! À quelques reprises, des élèves plus fébriles se lèvent même de leurs sièges pour crier de plus belle : Tuez-les!

Et que dire de la voix de Dieu qui tonne au Sinaï : voix caverneuse, d’outre-tombe, qui donne plus des frissons dans le dos que le désir d’entrer en contact avec lui.

Le film se déploie grandiose et dramatique méritant bien son qualificatif de grand spectacle hollywoodien.

Je ne peux passer sous silence les scènes grandiloquentes de la traversée de la Mer Rouge, de l’envoi par Dieu des dix plaies d’Égypte. Et la fameuse montagne où Dieu réside : rougeâtre, fumante et qui semble dire : Éloignez-vous d’ici.

Nul doute! Dieu est du côté des bons, celui des Hébreux et malheur à ceux qui se mettent sur son chemin. Pendant ce temps, Moïse veillit peu à peu en nous donnant l’impression d’avoir passé le plus clair de son temps chez son coiffeur !

Le film se termine presque comme un bon western : le Bon Dieu triomphe et les méchants sont éliminés.

Ce Moïse hollywoodien est-il vraiment le Moïse de la Bible ?

Dans les prochaines chroniques, nous partirons à la découverte du Moïse biblique à travers le livre de l’Exode. Avant d’entreprendre ce palpitant voyage, je vous inviterai à observer quelques écueils qui pourraient ralentir notre route.

Note cinématographique

  • Dans sa version intégrale, Les Dix Commandements comporte un prologue musical, un entracte et une exit scène, sur fond fixe, de 3 minutes environ chacun. Juste après le prologue, Cecil B. DeMille vient présenter lui-même son film devant un rideau de scène, le présentant comme un combat pour la liberté et le refus de vivre sous le joug d’un État, combat qu’il dit toujours aussi actuel. Ce film est sorti aux États-Unis le 5 octobre 1956. Budget : 13.5 millions de dollars. Produit par Paramount.

 

 

Chronique précédente :
Faire une relecture de son aventure spirituelle (5/5)