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Groupes bibliques
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chronique du 20 mars 2012
 

Le rôle de l'animateur

Vous commencez à entrevoir l'importance de votre rôle d'animateur. L'une des principales causes d'insatisfaction et souvent d'échec pour plusieurs groupes (bibliques ou autres) a été l'absence d'animateur. Personne, dans le groupe, ne s'est senti spécialement responsable de l'efficacité de la démarche et de la qualité des relations entre les personnes, et personne n'a osé remettre en question le fonctionnement du groupe, de peur de se faire demander pour qui il se prend. Durant les rencontres, personne n'a cherché à mettre de l'ordre dans les échanges et à aider positivement le groupe.

     D'autres groupes se sont donné un animateur, mais il n'a pas vraiment exercé son rôle. Sous prétexte de respect, il a toléré n'importe quoi et laissé aller les choses. On l'appelle l'animateur « débonnaire ». Ou encore, il a cherché à imposer au groupe les rythmes et les façons de faire qui lui convenaient, parfois même ses propres idées et convictions. On l'appelle l'animateur « autoritaire ». Ce dont le groupe a besoin, c'est d'un animateur qui est à son service: l'animateur « démocratique ».

     Nous avons vu, dans un article précédent, l'importance pour l'animateur d'être reconnu comme tel par le groupe. C'est à cette condition que ses interventions seront non seulement acceptées, mais appréciées. On le remerciera de savoir mettre fin à une discussion hors du sujet, suggérer de passer à une autre étape, ou annoncer la fin de la réunion. Car c'est précisément le service qu'on lui a demandé.

Un mandat clair

     Il est opportun que l'étendue du mandat confié à l'animateur soit très claire. À un extrême, son rôle peut être limité à celui « d’agent de la circulation », qui, au cours de la rencontre, donne la parole à chacun et veille à ce que personne n'interrompe un autre ou parle en même temps que lui.

     À l'autre extrême, le groupe peut compter sur lui pour qu'il veille en plus à ses progrès et à la qualité de toute sa vie; dans ce cas, il pourra intervenir beaucoup plus, par exemple pour proposer des évaluations, pour signaler tel problème qu'il croit percevoir dans la vie du groupe, pour proposer une autre façon de faire à une prochaine rencontre.

     Il est donc bon que le mandat de l'animateur soit clair. Car si les membres attendent de lui qu'il dirige la circulation, et s'il agit en se sentant responsable de l'ensemble de la démarche du groupe, ils risquent de percevoir ses interventions comme celles d'un petit dictateur qui veut tout mener et se mêler de tout. Inversement, si on lui a demandé d'être attentif à la croissance générale du groupe, et s'il se contente de donner la parole au moment des réunions, on croira qu'il ne prend pas son rôle au sérieux. Dans les deux cas, on s'expose à des frustrations réciproques, et des conflits sont prévisibles.

Devenir compétent

     Commençons par rappeler qu'il n'est pas obligatoire que l'animateur soit particulièrement compétent au plan biblique. En effet, le groupe biblique n'est pas un endroit où l'on donne des cours, mais un endroit où on cherche ensemble à lire la Bible. Le rôle de l'animateur et celui de l'expert sont bien différents. Ceci étant dit, il doit être clair pour tout le monde qu'une bonne connaissance de la Bible ne nuira pas à l'animateur, au contraire. Certaines des techniques d’animation supposent que l'animateur ait un minimum de connaissances bibliques, au moins pour vérifier l'orientation générale de l'échange.

     Pour être un bon animateur, il faut plus que de la bonne volonté. Il faut un certain nombre de qualités, que l'on peut canaliser en apprenant à manier certaines techniques d'animation; mais sans ces dispositions fondamentales, il y a peu à attendre de quelqu'un pour bien animer un groupe.

     Le bon animateur est capable d'être attentif aux autres, d'être à l'écoute du groupe. Il se voit plus comme celui qui pose les bonnes questions que comme celui qui apporte les bonnes réponses. Il est accueillant, respectueux, sait mettre les gens à l'aise, bref, il est attentif au climat qui règne dans le groupe et il contribue à ce qu'il soit le plus positif possible.

Animer à tour de rôle?

     Plusieurs groupes nous ont dit qu'il était avantageux d'offrir à chaque membre la possibilité de remplir à tour de rôle la fonction d'animateur. Il y a à cette pratique presque autant d'inconvénients que d'avantages. La rotation de la fonction permet à chacun d'apporter sa contribution au bon fonctionnement du groupe. Elle permet souvent à quelqu'un de découvrir des talents qu'il ne soupçonnait pas et prévient qu'un seul participant ressent sur lui de façon permanente le poids du bon fonctionnement du groupe, aide aussi chacun à améliorer sa participation future puisqu'il a mieux senti quels comportements aident le groupe et lesquels lui nuisent. Par ailleurs, il faut être conscient que la rotation de la fonction peut retarder le cheminement du groupe. On ne s'improvise pas animateur et tous n'ont pas l'expérience ou les qualités de base indispensables, même si tous sont pleins de bonne volonté. Il peut arriver que le groupe établisse des comparaisons entre les différentes performances et qu'un climat de compétition s'installe. Enfin, la rotation de la fonction suppose pratiquement que le mandat de l'animateur soit limité au moment de la réunion; elle ne se prête pas beaucoup à assurer le service de veiller à la croissance générale du groupe sur une plus longue période. Dans ce cas, il faudrait désigner un membre du groupe comme responsable de la bonne marche générale; ce pourrait être lui qui suggère à quelqu'un d'animer une réunion.

 

Paul-André Giguère, bibliste et théologien

 

Chronique précédente :
Les pricipales causes d'échec