INTERBIBLE
À la découverte du monde biblique
comprendre la biblearchéologiegroupes bibliquesinsolite
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Insolite
  insolite
Imprimer
chronique du 12 juin 2009
 

La Bible est une bibliothèque

Le mot « Bible » vient du grec biblia qui signifie « livres ». Livre au pluriel. Car la Bible ressemble peut-être à un gros livre, mais elle est en fait formée de plusieurs dizaines de livres souvent bien différents les uns des autres. Comme dans n’importe quelle collection de livres et n’importe quelle bibliothèque, derrière l’unité apparente se trouve une diversité certaine.

Moïse

La tour de Babel
(gravure : Gustave Doré)

     Cette diversité dans la Bible ne cesse de m’étonner. Il y a diversité à plusieurs égards. Diversité littéraire, bien sûr. On parle parfois de la Bible comme d’un grand livre d’histoires, pourtant, les livres historiques n’y sont même pas majoritaires! On y trouve bien plus de poèmes, de chansons, de lettres, de textes légaux, etc. On y trouve même un dialogue entre amoureux (le Cantique des Cantiques). Dans une bibliothèque, on ne retrouve rarement qu’un seul genre littéraire.

     On rencontre aussi une grande diversité de perspectives dans les livres de la Bible. Déjà leurs auteurs proviennent de situations sociales très différentes. Certains travaillent du coté du pouvoir, d’autres défendent plutôt la perspective des plus faibles de la société (Amos, notamment). Ils ne sont pas non plus tous prêtres et on ne peut même pas affirmer qu’ils étaient tous lettrés, puisqu’ils pouvaient bien être assistés de secrétaires (comme pour le prophète Jérémie ou l’apôtre Paul).

     Il n’est pas impossible que des femmes aient rédigé ou participé à la rédaction de certaines sections de la Bible, bien que très peu d’indices permettent de s’en assurer. Mais chose certaine, les femmes sont très présentes partout dans la Bible. Elles interviennent d’ailleurs comme personnages principaux dans tous les récits majeurs de la Bible et elles sont habituellement loin de jouer le mauvais rôle. Qu’on pense seulement à Sarah (Gn 17ss), à Déborah (Jg 3-4), ou aux trois livres de Ruth (Rt), Judith (Jt) et Esther (Est).

     Il y a aussi diversité au niveau des thèmes abordés dans cette bibliothèque qu’est la Bible. On y trouve sans doute autant de questions fondamentales que de petites réflexions issues de la vie de tous les jours; il suffit de parcourir le livre des Proverbes pour se le rappeler. Elles sont issues de situations et problématiques rencontrées tout au long des centaines d’années au cours desquelles ils ont été rédigés et il est donc normal qu’on n’y rencontre pas toujours précisément les questions qui nous préoccupent aujourd’hui en ce qui concerne l’environnement, par exemple, ou la légitimité de la guerre.

     Il est normal aussi que chaque époque ait influencé la façon dont les thèmes abordés dans la Bible sont traités. Cela peut être bien sûr très inspirant aujourd’hui, à condition de ne pas faire l'erreur d'y voir des normes à appliquer à la lettre. Ce n’était certainement l’intention d’aucun des auteurs des livres bibliques d’écrire « Le parfait mode de vie pour les nuls » dans lequel le lecteur aurait trouvé la réponse précise à toutes ses questions. Et même lorsqu’on prend la Bible dans son ensemble; la diversité dont elle est composée empêche souvent d’y trouver des réponses indiscutables qui ne laisseraient aucune place à la réflexion. Il est rare que tous les livres d’une même bibliothèque s’accordent à tous les points de vue! Ainsi trouve-t-on dans la Bible peut-être autant de questions que de réponses.

Chrystian Boyer

Chronique publiée en collaboration avec la Société catholique de la Bible (SOCABI).

Article précédent :
Des contradictions dans la Bible?