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L'expérience du désert dans la Bible et le Coran

Numéro 197 • juin-juillet-août 2011

Des centaines de nos contemporains, croyants ou non, tentent chaque année l’expérience du désert. Que vont-ils y chercher? Comme si ce milieu, hostile à l’homme, pouvait agir comme un «révélateur». Révélateur de l’homme à lui-même, à ses origines, à un Dieu? Mais n’est-ce pas au désert que se sont forgés les grands monothéismes?

Lorsque Pierre Loti entreprend sa traversée du Sinaï en 1894, il a l’intention d’aller jusqu’en Terre sainte, sa bible en poche. C’est notamment pour lui l’occasion de lire ou relire le livre de l’Exode, mais il accomplit ce périple ni en pèlerin, ni en croyant. Loin s’en faut. Ainsi, parvenu au mont Sinaï, il écrit dans son récit de voyage, intitulé Le désert, « Hélas, comme elle est silencieuse, sinistre et froide cette apparition de la montagne très sainte, dont le nom, à distance, flamboyait encore pour nous. Les temps sont trop lointains, sans doute, trop dévolus à jamais, où l’Éternel y descendit dans les nuées de feu, au son terrible des cors; fini, tout cela, elle est vide à présent, comme le ciel et comme nos modernes âmes; elle ne renferme plus que de vains simulacres glacés, auxquels les fils des hommes auront bientôt cessé de croire […] »

Malgré tout, la traversée du désert l’entraîne vers une méditation sur les origines : « Les montagnes sont de sable, d’argile et de pierres blanches: amas de matières vierges, entassées là au hasard des formations géologiques, jamais dérangées par les hommes, et lentement ravinées par les pluies, lentement effritées par les soleils, depuis les commencements du monde. » Une méditation qui fait écho à l’origine telle que l’a décrit le livre de la Genèse (1, 4b-5) : « Au temps où Yahvé Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé, car Yahvé Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol. » Ce milieu reste hostile à l’écrivain voyageur et terriblement angoissant. Ce territoire est pour lui celui de la mort. « Ici c’est la stérilité et la mort. » Mais, ajoute-t-il, « On est comme grisé de silence et de non-vie, tandis que passe un air salubre, irrespiré, vierge comme avant la création. »

C’est une toute autre relation avec le désert qu’a entretenu durant toute une vie le naturaliste Théodore Monod (1902-2000). Depuis 1923, il n’a cessé de sillonner le Sahara. Dans Pèlerin du Désert (1999), il confie : « J’ai eu la chance de rencontrer le désert, ce filtre, ce révélateur. Il m’a façonné, appris l’existence. Il est beau, ne ment pas, il est propre. C’est pourquoi il faut l’aborder avec respect. Il est le sel de la Terre et la démonstration de ce qu’ont pu être la naissance et la pureté de l’homme lorsque celui-ci fit ses premiers pas d’Homo erectus […] » Le scientifique y a aussi mené une quête spirituelle.
Le désert continue de fasciner l’homme occidental. Des dizaines de tours opérateurs proposent des itinéraires dans le désert aux aventuriers, aux amateurs de destination insolite et aux pèlerins dont l’engouement ne faiblit pas, malgré un contexte politique international qui a rendu plus difficiles, voire impossibles, certaines de ces expéditions.

Qu’ils se nourrissent d’Antoine de Saint-Exupéry, de Charles de Foucauld, de la Bible ou des Pères du désert, ces voyageurs semblent partager pour le moins une expérience humaine commune : la confrontation à la solitude, au groupe sans lequel on n’est plus rien, à soi-même… Le désert semble agir comme un révélateur, dit Monod.

Et il n’est sans doute pas indifférent que les trois grands monothéismes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, aient été eux aussi façonnés par l’expérience du désert. C’est que nous avons voulu explorer dans ce dossier en interrogeant tout d’abord la civilisation assyrienne sur sa relation au désert, et les bédouins préislamiques qui y vivaient. Puis en questionnant la Bible et plus particulièrement le livre de l’Exode pour connaître cette expérience fondatrice du judaïsme au Sinaï. En interrogeant ensuite dans le Nouveau Testament les expériences de Jean Baptiste, de Jésus et de l’apôtre Paul, avant de saisir la motivation des premiers moines chrétiens « dans leur désir de désert ». Enfin, en discernant dans le Coran et l’histoire des premiers musulmans à quel point l’islam est né « du » désert.

Présentation du dossier par Benoît de Sagazan

 

MDB

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