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Connaissances de base (5/6)
 

Interdit de lire à l'aveuglette!

Dans l’introduction de son évangile, saint Luc présente brièvement, sans toutefois entrer dans les détails, comment il a procédé pour en arriver à offrir à ses lecteurs un recueil des faits et des enseignements de la vie de Jésus : Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d'après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé exactement de tout depuis les origines d'en écrire pour toi l'exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus (Luc 1, 1-4). Saint Luc ne possédait pas les méthodes de l’exégèse moderne, mais il nous laisse entendre qu’il a travaillé selon les méthodes des historiens de son temps et qu’il a agi avec rigueur et honnêteté. Ce devoir de rigueur était d’autant plus nécessaire qu’il n’écrivait pas une œuvre romanesque ni de science-fiction, mais qu’il était un serviteur de la Parole, c’est-à-dire du Christ Jésus lui-même. Nous avons là une mise en garde contre toute approche littéraliste ou fondamentaliste qui font injure tant à l’intelligence des écrivains bibliques qu’à celle de nos contemporains férus d’exactitude scientifique et historique.

     Le témoignage de Luc nous invite à notre tour à entrer dans l’intelligence des Écritures avec rigueur, à la fois pour respecter nos ancêtres qui ont discerné l’agir de Dieu dans leur histoire et pour honorer celui-là même, la Parole faite chair, qui conduit l’histoire du salut à son plein accomplissement. Cette rigueur et ce respect sont d’autant plus indispensables que nous sommes handicapés par la distance plus ou moins grande qui nous sépare de l’univers historique, social, mental et religieux de l’Ancien ou du Nouveau Testament. En effet, que pouvons-nous comprendre de certaines désignations de Jésus, comme Fils de l’homme, agneau de Dieu, messie, fils de David ou de certaines réalités comme le Royaume de Dieu, le Jour du Seigneur, les conceptions de l’univers et de l’histoire qui se cachent derrière les annonces de fin du monde? Ces termes et ces idées resteront hermétiques ou risqueront d’être mal interprétées si nous ne prenons pas les moyens requis pour les mettre en lumière.

Des méthodes pour comprendre les Écritures

     Il est vrai que les lectures priantes, spirituelle ou pastorale des Évangiles nous permettent de saisir, comme dit saint Paul, la hauteur, la largeur, la longueur, la profondeur du mystère du Christ, mais elles seront d’autant plus fécondes et nourrissantes pour la foi qu’elles s’appuieront sur d’autres méthodes comme la méthode historico-critique.

     La Commission biblique pontificale, dans son document intitulé L’interprétation de la Bible dans l’Église, en dit ceci : « La méthode historico-critique est la méthode indispensable pour l’étude scientifique du sens des textes anciens. Puisque l’Écriture Sainte, en tant que ‘Parole de Dieu en langage d’homme’, a été composée par des auteurs humains en toutes ses parties et toutes ses sources, sa juste compréhension non seulement admet comme légitime, mais requiert l’utilisation de cette méthode ».

     Cette méthode fonctionne un peu comme le ferait un archéologue qui fouille un site en vue de mettre à jour les strates successives de son occupation. Après avoir établi, à partir d’un grand nombre de manuscrits, le texte qui soit le plus proche possible de l'original, on procède à l’analyse linguistique du texte, de son genre, de son milieu d’origine; on situe le texte dans les courants de tradition qui l’ont porté; on étudie l’histoire de la rédaction afin d’identifier les modifications qui ont précédé sa fixation dans son état final; on veille également à situer le texte en rapport avec les événements de l’histoire.

     On a pu reprocher à cette méthode de se restreindre à la recherche des circonstances historiques de sa production ou d’avoir servi d’outils à des personnes qui rejetaient toute dimension transcendante dans les Écritures. Mais ce n’est pas rendre justice à cette méthode qui a besoin d’être complétée par d’autres qui ont une visée plus synthétique, comme la lecture canonique des Écritures qui de nos jours gagne en popularité. Cette méthode s’intéresse à l’état et à la théologie du texte final tel qu’il a été reçu par la tradition comme norme de sa foi. Cette méthode fonctionne en mettant un texte biblique en réseau avec d’autres qui l’éclairent et l’enrichissent. Tout en ayant comme visée l’interprétation du texte sacré, la lecture canonique ne saurait se passer des données que lui fournit la méthode historico-critique.

 

Yves Guillemette

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2198. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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