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Le livre de Qohélet (3/5)
 

Un temps pour chaque chose...

Un temps pour chaque chose…  
… et chaque chose en son temps!  
Qohélet 3, 1-15

Ainsi va la vie! Après avoir affirmé, dès le début de son livre, que tout est éphémère, Qohélet se livre un peu plus loin à une réflexion sur le temps. D’entrée de jeu, il déclare qu’il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel (3, 1).

Un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ;
un temps pour planter, et un temps pour arracher.
Un temps pour tuer, et un temps pour guérir;
un temps pour détruire et un temps pour construire.
Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ;
un temps pour gémir, et un temps pour danser.
Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les amasser ;
un temps pour s’étreindre, et un temps pour s’abstenir.
Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ;
un temps pour garder, et un temps pour jeter.
Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire, et un temps pour parler.
Un temps pour aimer, et un temps pour ne pas aimer ;
un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. (3, 2-9)

    Ainsi va la vie, tendue entre des situations opposées qui ne s’excluent pas l’une l’autre comme deux pôles extrêmes, mais qui se trouvent trop souvent réunies comme deux pôles qui s’attirent, tant dans la vie d’un individu que dans celle de tout groupe humain. C’est en faisant l’expérience de ces contraires que l’être humain a toujours accompli ses diverses activités et qu’il continuera de le faire. Avec un  réalisme cru, Qohélet embrasse un bon nombre de situations qui affectent les personnes, comme naître et mourir, et d’activités reliées au travail, comme l’agriculture et la construction. Considérant l’énergie que les hommes investissent dans l’accomplissement de leurs tâches, Qohélet pose cette question cinglante : Quel profit le travailleur retire-t-il de toute la peine qu’il prend ? (3, 9) et il conclut comme dans un verdict : Ce qui est a déjà été, ce qui sera a déjà existé. Dieu recherchera ce qui a disparu (3, 15).

    On pourrait conclure au cynisme de Qohélet, au pire à un certain nihilisme. Notre philosophe n’envisage ni l’inutilité ni le néant de l’existence, mais il reconnaît les limites de ses efforts à en comprendre toute la signification. Le temps agit un peu comme un rocher qu’il faut escalader pour acquérir le regard qui permettra d’embrasser toutes les perspectives de la vie : Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, mais celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite du début jusqu’à la fin (3, 11).

    Qohélet utilise trois mots pour aborder la complexité du rapport de l’homme au temps. Il y a le moment (zeman), le temps comme tel (’et) et la durée (’olam). Le moment (zeman), c’est le temps fixé, la succession régulière des saisons, la date des événements. C’est le temps que l’on peut saisir à l’aide de repères fournis par les cycles de la nature. Le temps (’et) que Qohélet attribue à chaque chose sous le ciel, c’est le moment opportun, le temps favorable, l’instant décisif qu’il ne faut pas rater; c’est le kairos des Grecs. Les moments qui se succèdent, le temps favorable qu’il faut discerner, ce sont des aspects du temps qui sont à la portée de l’être humain. Il ne saurait en être ainsi de la durée.

    La durée (’olam), c’est le mystère du déroulement des choses, les dessous de l’histoire, la permanence et la stabilité du monde, dont le contrôle échappe à l’homme mais qu’il cherche cependant à pénétrer. C’est là que se trouve le sens de la vie obtenu par les liens de continuité que l’on établit entre les événements et qui finissent par dévoiler une unité certaine. Qohélet en arrive donc à faire confiance à Dieu qui a la maîtrise du temps, qui ne se trompe pas de date, qui sait bien faire surgir le moment favorable. Malgré le caractère éphémère de la vie, il appartient à l’homme de trouver son bonheur dans le travail que Dieu lui donne, de passer du bon temps avec l’épouse qu’il aime, de profiter des plaisirs tout simples de la vie : Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps; J’ai compris qu’il n’y a pour l’homme rien de bon, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant sa vie (3, 11-12).

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2227. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Le livre de Qohélet - Fascination et vertige

 

 

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