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Élie le prophète (5/6)
 

Le défenseur du droit (1 Rois 21)

Jusqu’à maintenant nous avons vu le prophète Élie se comporter comme le serviteur jaloux du Seigneur et le défenseur de la religion yahviste menacée par la promotion des cultes cananéens importés par la reine Jézabel, l’épouse  du roi Achab, originaire de Sidon. À travers ce ministère prophétique, Élie se révèle comme un homme qui entre en dialogue avec Dieu, capable de discuter avec lui comme se parlent deux amis. Cet aspect de sa spiritualité le situe dans la tradition des grands témoins de Dieu comme Abraham et Moïse.

     La défense de la religion yahviste ne se réduit pas au seul aspect spirituel. Elle comprend aussi une dimension sociale, notamment l’obligation de respecter le droit et la justice à l’égard du pauvre. On reconnaît ici la seconde table du décalogue : les devoirs envers le prochain. L’épisode de la vigne de Naboth, en 1 Rois 21, 1-29, nous montre Élie s’opposer énergiquement au meurtre par le roi de ce paysan qui n’avait pas voulu lui céder sa vigne. Les premiers versets nous mettent en situation :

     Naboth, de la ville de Yizréel, possédait une vigne à côté du palais d’Achab, roi de Samarie. Achab dit un jour à Naboth : « Cède-moi ta vigne ; elle me servira de jardin potager, car elle est juste à côté de ma maison ; je te donnerai en échange une vigne meilleure, ou, si tu préfères, je te donnerai l’argent qu’elle vaut. » Naboth répondit à Achab : « Que le Seigneur me préserve de te céder l’héritage de mes pères ! » Achab retourna chez lui sombre et irrité, parce que Naboth lui avait dit : « Je ne te céderai pas l’héritage de mes pères. » Il se coucha sur son lit, tourna son visage vers le mur, et refusa de manger (1 Rois 21, 1-4).

La part d’héritage de Naboth

     La demande d’Achab nous montre un roi dont l’avidité n’a pas de limite. Achab est un riche propriétaire foncier. Il est présenté ici, non comme le roi d’Israël mais comme le roi de Samarie, laissant ainsi entendre qu’il est le propriétaire de la ville qu’il a reçue en héritage de son père Omri. Ce dernier avait acheté la montagne de Shemer : Il acheta le mont de Samarie à Shemer, au prix de deux lingots d’argent. Il fortifia la montagne et donna à la ville qu’il avait bâtie le nom de Samarie, du nom de Shemer, le maître de la montagne (1 Rois 16, 2). Achab possédait aussi une somptueuse résidence à Yzréel, voisine sans doute de la vigne de Naboth. C’est là que le roi s’était enfui loin d’Élie après le sacrifice du Carmel et le massacre des prophètes de Baal (1 Rois 18, 45-46).

     En refusant de céder sa vigne au roi, Naboth se montre audacieux. L’attachement de Naboth à la terre de ses pères n’est pas que sentimental. La note de la TOB parle d’une fidélité « théologale » à la part du pays que le Seigneur avait confiée au clan de Naboth : Ainsi les parts d’héritage des fils d’Israël ne passeront pas d’une tribu à l’autre. En effet, chacun des fils d’Israël restera attaché à l’héritage de la tribu de ses pères  (Nombres 36, 7). Cette propriété foncière « fondait le droit de cité de son propriétaire, tandis que le fait de recevoir une autre terre de la main du roi l’aurait mis dans une situation de dépendance accrue à l’égard de celui-ci ».

     Devant le refus de Naboth, la reine Jézabel organise un procès où les Anciens d’Yzréel, convaincus par de faux témoins soudoyés par la reine, condamneront Naboth à mort pour avoir maudit le Seigneur et le roi. Après la mort de Naboth, Élie est envoyé par le Seigneur auprès d’Achab pour lui révéler son péché : Tu lui diras : « Ainsi parle le Seigneur : Tu as commis un meurtre, et maintenant tu prends possession. C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur : À l’endroit même où les chiens ont lapé le sang de Naboth, les chiens laperont ton sang à toi aussi » (1 Rois 21, 19). Achab échappera au châtiment à cause de son repentir et en faisant pénitence : Quand Achab entendit les paroles prononcées par Élie, il déchira ses habits, se couvrit le corps d’une toile à sac ; et il jeûnait, il gardait la toile à sac pour dormir, et il marchait lentement (1 Rois 21, 27).

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2241. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Chronique précédente :
Élie le prophète - La rencontre de Dieu à l'Horeb

 

 

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