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Le livre de Job (2/6)
 

L'image de Dieu - première esquisse

L’image de Dieu qui ressort de ces chapitres est ambiguë. Dieu apprécie la vertu de Job (cf. 1,8) mais il est prêt à relever le défi lancé par le Satan pour éprouver cette vertu : Job sert-il Dieu de manière désintéressée, oui ou non? Que Dieu consente à une telle expérience, dont Job fera les frais sans le savoir, soulève la question de sa justice et du soin qu’il prend des humains.

     Le Dieu du prologue s’appelle tantôt Élohim (1, 1.5.6.8.9 etc… ) tantôt Yahvé (1, 6.7 bis.8.12 bis etc…). Il n’est pas facile de discerner un critère qui présiderait au choix du nom divin. Il est vraisemblable que l’auteur a voulu imiter le style du Pentateuque pour donner une allure archaïque à sa composition. Par ailleurs, il faut remarquer que Job, habitant du pays de Uç, donc étranger à Israël, emploie le nom de Yahvé et le reconnaît comme son Dieu (cf. 1,21). Cette reconnaissance de l’universalité de Yahvé situe la composition du récit, dans sa forme actuelle, à une époque relativement récente, clairement après l’Exil.

Les autres personnages du prologue

     Le deuxième personnage de cette histoire est le Satan. Le mot n’est pas un nom propre, il dérive de la racine qui signifie : accuser. Ce personnage fait partie des fils de Dieu, c’est-à-dire qu’il appartient à la cour céleste. Il fait le lien entre les deux plans où se déroule l’histoire puisqu’il vient aussi sur la terre pour s’y promener (cf. 1,7; 2,2). Son rôle consiste à mettre en doute l’intégrité de Job et le caractère désintéressé de sa piété. Apparemment il réussit à insinuer un doute dans l’esprit de Dieu qui consent à soumettre Job à une épreuve terrible. Ayant ainsi déclenché la crise dont va naître tout le drame, il disparaît complètement de la scène.

     L’épouse de Job fait une brève apparition (2,9). Alors que le Satan avait agi dans les coulisses sans jamais affronter Job en face, sa femme joue le rôle de tentatrice. Elle suggère à son mari de renoncer une fois pour toutes à sa justice puisque cette conduite ne paie pas; aussi bien abandonner tout de suite la partie et se résigner à la mort. Cette intervention fait entendre la voix de tous ceux qui se laissent emporter par la souffrance. Le personnage de l’épouse réapparaît en 19,17 : Job se plaint d’être devenu pour elle un objet de dégoût. Par ailleurs, elle ne joue aucun rôle dans la suite de l’action. Dans l’épilogue, on suppose qu’elle est la mère de la nouvelle famille de Job (42,13).

L’épilogue – les liens avec le poème

     Il est évident que Job 42, 10 pourrait faire suite immédiatement à Jb 2, 10. La fidélité de Job dans ses épreuves se trouve récompensée selon les critères de la théologie traditionnelle et l’histoire connaît une fin heureuse comme tout conte qui se respecte. Il est probable que l’histoire de Job s’est transmise – oralement ou déjà par écrit – sous cette forme durant une assez longue période. C’est à elle que se réfèrent implicitement Ézéchiel et Jacques. Cependant le texte que nous connaissons a dû être rédigé pour servir de cadre au grand poème qui constitue la partie principale du livre actuel (3,1 à 42,6). Même si on ne retrouve, dans ces chapitres, aucune allusion aux événements racontés dans le prologue, le contenu du texte suppose leur existence. La partie du livre écrite en vers n’a jamais dû exister seule sans l’introduction et la conclusion que nous connaissons.

     Le raccordement entre l’introduction et le poème, de même qu’entre celui-ci et la conclusion, se fait par deux petites sections en prose concernant les trois amis qui vont devenir les protagonistes du débat (2, 11-13 et 42, 7-9). Leur apparition, à la fin du prologue, permet de passer à la partie principale du livre qui n’est pas un véritable dialogue, comme le serait une pièce de théâtre, mais une succession de discours qui se répondent d’une manière assez lâche.

Job et ses amis

     Avant d’aborder le cœur du livre, faisons connaissance avec les personnages et leur environnement.

     Job est déjà connu grâce au prologue. L’étymologie de son nom n’est pas certaine mais il se pourrait que ce nom, qui n’est porté par aucun autre personnage biblique, signifie le mal aimé. Il habite au pays de Uç qu’on situe habituellement au sud-est d’Israël, quelque part au sud de la Jordanie ou au nord de l’Arabie saoudite. Le prologue décrit ses grandes richesses (1,3) et, dans son discours de conclusion, il rappelle lui-même l’importance qui était la sienne avant sa déchéance (29, 1-20).

     Éliphaz vient de Téman. Son nom signifie mon Dieu est or pur. On trouve un Éliphaz fils d’Ésaü (donc arrière-petit-fils d’Abraham) en Gn 36; Téman est mentionné comme un de ses fils (Gn 36,15). Ces quelques indications nous amènent dans la même région, au sud-est de la mer Morte.

     Le nom de Bildad signifie vraisemblablement Bel (divinité babylonienne) a aimé. Il vient de Shuah. Les sources extra bibliques mentionnent un territoire de ce nom le long de l’Euphrate; sa population était d’origine araméenne.

     Sophar ( bélier) habite Naamat. Il existe plusieurs endroits de ce nom qui signifie lieu agréable. On trouve un Naamat en pays édomite mais on en connaît aussi en territoire de  Juda et de Benjamin.

     Le drame se déroule quelque part dans un pays lointain; les allusions aux Édomites rappellent que leur sagesse était réputée. L’auteur ne fournit aucune indication sur la condition sociale des trois amis. Élihu, au début de ses discours, dira qu’ils sont des anciens (32, 6). Certains commentateurs se sont plus à décrire leur caractère à partir de leurs propos, même à essayer de décrire leur condition sociale. Ce genre d’exercice révèle davantage la capacité d’imagination de ses auteurs qu’il n’aide à éclairer la signification du livre.

 

Jérôme Longtin, prêtre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2256. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Le livre de Job - Présentation du livre

 

 

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