INTERBIBLE
Les Écritures
les évangiles de l'ACÉBACla Bible en français courantexplorationglossairesymboles
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Exploration
  outils

Imprimer

Chemins de Carême à la rencontre de Dieu (3/7)
 

La curiosité en vaut le détour

Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madiân; il l'emmena par-delà le désert et parvint à la montagne de Dieu, l'Horeb. L'Ange de Yahvé lui apparut, dans une flamme de feu, du milieu d'un buisson. Moïse regarda: le buisson était embrasé mais le buisson ne se consumait pas. Moïse dit: « Je vais faire un détour pour voir cet étrange spectacle, et pourquoi le buisson ne se consume pas. » Yahvé vit qu'il faisait un détour pour voir, et Dieu l'appela du milieu du buisson. « Moïse, Moïse », dit-il, et il répondit : « Me voici. » Il dit : « N'approche pas d'ici, retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte. » (Exode 3, 1-5)

     Dieu fait signe à Moïse alors qu’il est en train de faire paître son troupeau. Il y a ici une constante dans la tradition biblique qui nous révèle la manière d’agir de Dieu : celui-ci rejoint l’être humain là où il se trouve. Il n’est pas besoin de sortir du monde ou de passer par des chemins initiatiques pour faire l’expérience du divin, Non. Dieu prend l’initiative de nous rencontrer sur nos routes humaines. Toutefois pour que la rencontre ait lieu, il nous faut faire un détour.

     Notre récit met l’accent sur la curiosité de Moïse. Il laisse monter en lui les questions et cherche des réponses. Puisque le récit nous dit dès le départ que c’est l’ange du Seigneur qui apparaît dans le buisson, nous sommes déjà mis en présence d’une intervention divine et du rapport de l’homme avec Dieu. Moïse fait un détour non pas pour réfléchir sur ses propres affaires, mais pour savoir quelque chose sur un Autre, pour affronter la vérité qui va se dégager de ce qu’il voit. Il est tellement plus facile de ne pas se poser de questions ou de continuer son chemin en toute tranquillité, plutôt que de se confronter au sens des choses qui peut nous révéler une vérité dérangeante. C’est dans le détour pour chercher à savoir ce qu’il est ce de buisson étrange, que Dieu se fera connaître.

     Le buisson ardent agit donc comme un dépaysement, comme quelque chose d’étrange ou d’étranger à la vie ordinaire. Il faut un tel dépaysement pour s’approcher de Dieu. Sans quitter la route tracée ni aller hors de la vie, il nous faut faire un détour pour nous approcher de Dieu.

     Dieu voit Moïse faire le détour et l’appelle par son nom. Il le connaît et il s’intéresse à lui. En s’identifiant comme le Dieu de ses pères, Abraham, Isaac et Jacob, Dieu exprime la continuité et l’unité historique de ses liens avec le peuple hébreu. Il permet en même temps à Moïse de se situer dans une histoire. Il en est aussi pour nous : le Dieu qui nous cherche est celui qui en appelle à notre mémoire. Notre Dieu est toujours le Dieu de toutes les personnes qui nous ont précédés, qui nous ont éduqués dans la foi.

     La voix interdit à Moïse de s’approcher de trop près, car c’est une terre sainte que l’on ne foule pas de manière triomphante, mais avec précaution, humilité et réserve. On ne s’approche de Dieu qu’en ayant conscience de notre fragilité, de nos limites, de notre finitude. Il faut abandonner nos conceptions sur Dieu comme Moïse doit enlever ses sandales. Dieu ne se laisse découvrir que par celui ou celle qui accepte que Dieu soit autre que toutes les idées qu’il a de lui. Dieu ne veut pas se laisser enfermer dans nos systèmes. Il veut plutôt nous faire entrer dans son dessein, dans son mystère infini et indicible comme le buisson ardent qui ne se consume pas.

     Dieu a donc l’initiative. C’est lui qui cherche l’homme avant même que nous ayons entrepris une démarche pour le chercher. Pour beaucoup, la recherche de Dieu arrive loin derrière leurs préoccupations. Il faut se «désagiter» de nos occupations habituelles pour pouvoir répondre à l’initiative de Dieu qui nous cherche. Il faut prendre conscience que Dieu nous cherche là où nous penserions qu’il est étranger, dans nos plans et nos projets de vie, partout où nous considérons que Dieu ne peut être présent tellement tout nous semble exclusivement humain.

 

Yves Guillemette, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2306. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Chemins de Carême à la rencontre de Dieu : Chemins de désert (2/7)

 

 

www.interbible.org