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Osons explorer le Lévitique! (3/6)
 

Respecter les rôles pour respecter Dieu

Notre société s’imagine égalitaire. Il semble outrageant, d’attribuer dans le domaine spirituel des responsabilités particulières à certaines personnes. Mes étudiants à l’Université sont émerveillés de constater ceci : les premiers chapitres du Lévitique sont rédigés du point de vue de toute personne qui fait partie du peuple de Dieu, et pas seulement du point de vue des prêtres. Ces mêmes étudiants sont choqués de découvrir que les prêtres du Lévitique ont pourtant des privilèges. Par exemple, plusieurs formes de sacrifice incluent dans leur description la mention d’une part réservée à la consommation du sacrificateur.

7, 34 Car j’ai pris des fils d’Israël la poitrine tournoyée et l’épaule élevée de leurs sacrifices de prospérités, et je les ai données à Aaron, le sacrificateur, et à ses fils, par statut perpétuel, de la part des fils d’Israël.  35 C’est là [le droit de] l’onction d’Aaron et [de] l’onction de ses fils, dans les sacrifices de l’Éternel faits par feu, du jour qu’on les aura fait approcher pour exercer la sacrificature devant l’Éternel, 36 … ; [c’est] un statut perpétuel en leurs générations. (Traduction Darby)

     Nous voyons là un passe-droit. C’est en fait une procédure tout à fait équitable. En vertu de leur consécration au service divin, les descendants d'Aaron n'avaient pas de terres en propre (Josué 13, 14). Il était nécessaire que leur revienne une part des sacrifices, puisqu’ils étaient privés des moyens de production agricole distribués par Dieu au bénéfice de chacune des autres tribus.

     Au début du chapitre 6, une nouvelle section du livre décrit les procédures précises utilisées par les prêtres lors des différents types de sacrifice. On y décrit quelques particularités de leur mode de vie. Par exemple, au verset 3, la tenue de lin, esthétique et solennelle, assimile les prêtres aux anges, selon la tradition juive. Aux versets 5 et 6, le feu qui brûle sur l'autel est toujours le même. On ne peut tolérer de mélange lorsqu'il s'agit de gérer les choses vouées à Dieu. Les prêtres gèrent les éléments qui représentent la vie (le sang) et la communication avec Dieu (le feu).

     Au service du peuple, des personnes ont donc reçu des rôles particuliers. Cette différence affirme que Dieu est différent de toute sa création. Certes, par la voie des sacrifices, chaque membre du peuple de Dieu a accès à la maison de Dieu quand la fumée de son offrande brûlée monte vers le firmament. Cela ne signifie pas pour autant que Dieu soit comme les gens de son peuple. Il est proche mais reste « autre ». On ne lui sert pas n’importe quel encens, n’importe quel feu, n’importe quelle farine, n’importe quel animal…

     Il faut se souvenir de cette différence fondamentale quand vient le temps d’apprécier le détail des consignes. Par exemple, dès le début du livre, on constate que certaines parties des animaux sacrifiés doivent toujours être consumées. Il est interdit de les partager avec les fidèles. C’est le cas des graisses animales.  On en assimile l’interdiction avec celle qui est rattachée au sang.

3, 16b Toute graisse appartient à l’Éternel. 17 [C’est] un statut perpétuel, en vos générations, dans toutes vos habitations : vous ne mangerez aucune graisse ni aucun sang.  (Lire aussi 7, 22-27)

     Une anthropologue britannique, Mary Douglas, a consacré une bonne partie de sa carrière à comprendre la symbolique des règles des sacrifices du Lévitique. Elle a même consulté des bouchers bien au fait des règles appliquées au Proche-Orient. Elle a fini par comprendre que les parties de l’animal réservées à Dieu d’après le Lévitique représentaient « autre chose ». Dans le cas de la graisse, ce matériau forme à l’intérieur du corps de l’animal une couche qui protège les organes de reproduction. Comme on respecte la Tente de la rencontre où Dieu se manifeste (Lévitique 1, 1), comme on respecte la montagne où Dieu rencontre Moïse (Exode 19, 17-25), ainsi on consacrera à Dieu seul la matière qui protège les sources de vie les plus profondes du corps (Lévitique 3, 3.9). Par un heureux retour des choses, respecter Dieu en tant que source de toute vie respecte en même temps la vie qui se manifeste chez ses créatures, humaines comme animales. Que Dieu ait un rôle au-dessus de tout rôle n’est pas une perte pour qui que ce soit!

 

Alain Faucher, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2300. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Osons explorer le Lévitique! : Des gestes qui expriment savoir et savoir-faire (2/6)

 

 

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