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Les livres d'Esdras et de Néhémie (1/6)
 

Présentation

Esdras et Néhémie ne sont pas des jumeaux! Il est même assez probable qu’ils ne se sont pas connus. Tous les deux ont joué un rôle important dans l’histoire du peuple juif à une époque charnière, celle du retour de l’exil à Babylone. Il est cependant quasi impossible d’écrire leur biographie; trop de données nous manquent et celles dont nous disposons sont emmêlées comme à plaisir.

     Les informations qui les concernent viennent exclusivement des deux livres qui portent leur nom. Ces livres sont aussi notre principale source pour connaître l’histoire du peuple de la Bible durant la période perse, c’est-à-dire de la prise de Babylone par Cyrus en 539 AC à la conquête d’Alexandre le Grand en 333 AC. À partir de cette époque il est plus facile que pour les périodes antérieures de faire des liens entre les événements racontés dans la Bible et ce que nous savons par ailleurs de l’histoire du Moyen Orient. Ces années sont celles où une partie des descendants des exilés alla s’établir en Judée et réorganisa une forme de vie nationale sur des bases nouvelles.

Les livres d’Esdras et de Néhémie

     Dans la Bible catholique, ces deux livres font suite à ceux des Chroniques, ce qui est  logique puisque les événements racontés se  suivent. Mais dans la Bible hébraïque, ils sont placés avant les Chroniques ce qui est assez surprenant. Dans ces livres, on trouve un peu de tout, de sorte qu’il est difficile de les rattacher à un genre littéraire quelconque. Ils contiennent  plusieurs documents officiels, ou donnés comme tels, souvent reproduit en araméen, la langue  de l’administration perse : Esd 1, 2-4; 4, 11-16.17-22; 5, 7-17; 6, 3-12; 7, 11-26; des catalogues d’inventaire : Esd 1, 9-11; 8, 26-30; des prières : Esd 6, 9-15; 1, 5-11; 9, 5-37; d’interminables listes de noms correspondant à différents recensements : Esd 2, 1-63; 8, 1-20; 10, 20-44; 7, 4-66 etc. Tout cela est inséré à travers deux récits écrits à la 1ère personne du singulier, un par Esdras : 7, 27 – 10, 44(+ probablement Néhémie 10, 1-40), l’autre par Néhémie : 1, 1—7,5; 12, 27 – 13, 31. Ces pièces  disparates sont reliées par des passages à la 3ième personne qui essaient tant bien que mal de donner une apparence de récit continu.

     Le contenu des deux ouvrages concerne trois périodes distinctes; chacune étant centrée sur un projet particulier et mettant en vedette un – ou plusieurs – personnages.

  1. La première section concerne essentiellement la reprise du culte à Jérusalem et la construction du temple. La mission est confiée d’abord à Sheshbaççar bientôt remplacé par Zorobabel, de la famille royale de Juda et par Josué, de famille sacerdotale. C’est le contenu des chapitres 1 à 6 du livre d’Esdras.
  2. Le deuxième bloc concerne la proclamation et la mise en application de la Loi de Moïse. C’est l’œuvre essentielle d’Esdras racontée dans les chapitres 7 à 10 du livre qui porte son nom et dans les chapitres 8 à 10 du livre de Néhémie.
  3. Enfin, la mission de Néhémie, racontée dans le livre du même nom (sauf les chapitres 8-10 qui concernent Esdras) se rapporte principalement à la restauration des murailles de Jérusalem ainsi qu’à quelques mesures administratives.

     Nous verrons que cette présentation est en partie artificielle et que les événements ne se sont pas déroulés dans cet ordre. 

Esdras et Néhémie devant l’histoire

     Au 2ième siècle avant notre ère, ben Sirach rappelle le souvenir de Néhémie dans son éloge des ancêtres, à titre de restaurateur de la ville (Si 49, 13). Zorobabel et Josué le grand prêtre ont droit eux aussi à une brève mention (Si 49, 11-12). Esdras est complètement oublié. Pourtant, dans le judaïsme postérieur, c’est lui qui occupe la première place. Les écrits rabbiniques le tiennent en grande estime et la tradition lui a attribué plusieurs autres ouvrages transmis, entre autres, par la LXX et la Vulgate de sorte qu’il faut toujours être attentif, lorsqu’on trouve une référence au livre d’Esdras, pour savoir de quel livre il s’agit.

     Les faits rapportés par les deux livres ne sont pas remis en cause, de manière générale, sauf en ce qui concerne les statistiques qui sont souvent gonflées. Mais la manière de les présenter est déroutante. Est-ce le fait de l’incompétence du compilateur final ou bien s’agit-il d’une intention délibérée de brouiller les pistes? Zorobabel, Néhémie, Esdras poursuivent-ils, chacun à sa manière, un même projet de restauration nationale et religieuse, ou s’agit-il de démarches indépendantes, ayant chacune ses propres objectifs, et pouvant entrer éventuellement en concurrence avec les autres?


Jérôme Longtin, prêtre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2261. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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