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Les livres d'Esdras et de Néhémie (3/6)
 

La premiète étape, la restauration du culte

Le décret attribué à Cyrus et reproduit en Esd 1, 2-4 (cf. 2 Ch 36, 23) envisage la construction d’un temple à Jérusalem. Les exilés sont autorisés à aller en Judée avec, comme mission, la restauration du culte du Dieu d’Israël. Il n’est question ni d’un établissement permanent, ni de la reconstruction de Jérusalem, encore moins d’une forme de restauration de la vie nationale.

Le pluralisme religieux des Perses

     Ce projet se comprend dans le contexte de la politique générale des Perses. Les rois perses tenaient à s’assurer la faveur de toutes les divinités de leur empire; ils ne pouvaient donc pas oublier le Dieu qui est à Jérusalem (Esd 1,3). C’est pourquoi Cyrus autorise un groupe de fidèles de ce Dieu à aller faire le nécessaire pour que leur Dieu ait son temple et ses sacrifices. Dans les documents que nous possédons aucun délai n’est fixé pour accomplir cette tâche; cette imprécision a pu favoriser l’établissement d’une première colonie permanente.

     Le chef de cette mission est Sheshbaççar, présenté comme prince de Juda (Esd 1,8). Son nom est babylonien et il ne figure dans aucune généalogie de la famille royale de Juda de sorte que son identité reste mystérieuse. On lui remet, avant son départ, les objets de culte qui avaient été pris dans le temple par les troupes babyloniennes.

     Après la parenthèse du chapitre 2 qui reproduit une liste des rapatriés à l’époque de Néhémie – 90 ans plus tard- le récit se poursuit au chapitre 3. Le chef de la mission est maintenant Zorobabel, qui a pris la place de Sheshbaççar tombé dans l’oubli. Il s’agit d’un membre de la famille royale (il figure dans la généalogie de Jésus en Mt 1, 12-13 et Lc 3, 27). Il est accompagné du grand prêtre Josué. Ils commencent par établir un autel sur le site du temple détruit où on offre des sacrifices comme il est écrit dans la Loi de Moïse, l’homme de Dieu (Esd 3,2). Cette inauguration a lieu au septième mois d’une année qui n’est pas précisée.

     L’année suivante, on commence les travaux préparatoires à la construction d’un nouveau temple (Esd 3, 7-13). Les travaux s’arrêtent rapidement. Les Samaritains, établis dans la région déjà depuis deux siècles (cf. 2 R 17, 24-41) et les habitants restés sur place durant l’exil (cf. Esd 4, 4) proposèrent d’abord aux nouveaux venus de s’associer à leurs travaux. Devant leur refus, ils entreprirent de saboter le projet en minant le moral des constructeurs et même en les menaçant (Esd 4, 1-5). (Le rédacteur insère ici une documentation concernant un autre conflit avec les Samaritains, survenu beaucoup plus tard –après 485 AC – et concernant la reconstruction de la ville Esd 4, 5-23).

     Le chantier ne se ranima qu’une vingtaine d’années plus tard sous l’impulsion des prophètes Aggée et Zacharie (Esd 5, 1). Les livres de ces deux prophètes – dans le cas de Zacharie, les chapitres 1 à 8 – montrent que les rapatriés entretenaient l’espoir d’une restauration politique autour de la personne de Zorobabel dont la légitimité ne faisait pas de doute (cf. Ag 2, 20-23; Za 4, 6b-10a). Cette attente fut déçue, Zorobabel disparut à son tour de la scène et Josué devint le chef effectif de la communauté (Za 3, 1-9).

     La réouverture du chantier ne se fit pas sans problèmes. Les autorités de la province s’inquiétèrent et demandèrent à la cour de confirmer les autorisations que les Juifs disaient avoir reçues (Esd 5,1 –6,2). On retrouva effectivement un document permettant la reconstruction, assez différent, il est vrai, de celui reproduit au début du livre (Esd 6, 3-5). Le roi prit des mesures pour que la construction se poursuive et que son entretien et son fonctionnement soient pris en charge par le trésor public de la province afin qu’on prie pour la vie du roi et de ses fils (Esd 6, 10). Le temple de Jérusalem est donc un sanctuaire royal, il fait partie de l’ensemble des lieux de culte subventionnés par le gouvernement perse, en conséquence, il doit fonctionner dans le cadre fixé par les autorités.

     Malgré ces obstacles et ces restrictions le projet aboutit. Le nouveau temple fut inauguré peu avant la Pâque de 515 AC, 23 ans après le décret de Cyrus (Esd 6, 13-22).


Jérôme Longtin, prêtre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2263. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Les livres d'Esdras et de Néhémie : Le retour de l'exil (2/6)

 

 

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