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Les Actes des Apôtres (2/5)
 

Le Kérygme

Le mot « kérygme » vient du grec (kèrugma) et signifie « proclamation, annonce publique ». Dans l'Antiquité, ce mot faisait partie du vocabulaire usuel de l'homme de la rue. Par exemple, à Corinthe, on considérait comme un « kérygme » aussi bien l'annonce, sur la place publique, d'une victoire militaire que la proclamation d'un nouveau règlement municipal. Si les Anciens vivaient aujourd'hui, ils considéreraient comme kérygmatiques les annonces majeures de nos gouvernements, souvent livrées en conférences de presse. De plus, l'objet du « kérygme », donc de la proclamation publique, était souvent une « bonne nouvelle ». Ce sont ces deux mots que les chrétiens ont utilisés pour désigner la communication de la Bonne Nouvelle et son message fondamental : la mort et la résurrection de Jésus.

     Dans le Nouveau Testament, on ne trouve presque pas le mot « kérygme »,  mais plutôt le verbe correspondant : « proclamer publiquement » (en grec, kèrussein). C'est par cette formule que les auteurs  du Nouveau Testament définissent l'activité des personnes comme Jean Baptiste, Jésus, les Apôtres, et même des personnes guéries par Jésus. Et que « proclament » ces gens? Le Baptiste proclame un baptême de conversion; Jésus, la Bonne Nouvelle du règne de Dieu; les Apôtres, la Bonne Nouvelle du Christ Jésus; et les miraculés, la nouvelle de leur guérison accomplie par Jésus.
    
     La présence, dans les récits évangéliques, des expressions « proclamer », « annoncer la Bonne Nouvelle » ou tout simplement « Bonne Nouvelle » est le reflet de la conception que les Apôtres avaient de la façon d'exercer leur activité missionnaire. Ils se percevaient comme des « communicateurs », pour employer un terme qui nous est familier. Et ils ont emprunté au monde des communications de leur époque les termes appropriés pour définir leur tâche et, du même coup, se positionner sur la place publique. Pour parler de Jésus, les Apôtres ont eu recours aux « médias » de leur temps et utilisé un langage facilement compréhensible par leurs auditeurs. L'enjeu était de taille : il fallait rendre intelligibles et accessibles la personne et le mystère du Christ Jésus au plus grand nombre possible de personnes. À cause de l'importance du message qu'ils portaient, il leur fallait donc choisir judicieusement non seulement les bons mots, mais aussi les bons moyens de communication.

     Dans les Actes, saint Luc rapporte que le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus a fait l'objet d'une proclamation publique (« kérygme ») de la part des Apôtres. L'objet de cette proclamation, c'est que la victoire de Jésus sur la mort est la Bonne Nouvelle (« Évangile ») du salut que Dieu accorde à tous les êtres humains. Comme tout être humain raisonnable est habité par la question du sens de la vie et de la mort, la nouvelle de la résurrection de l'un des nôtres nous concerne personnellement et mérite une oreille attentive. En proclamant publiquement le Christ ressuscité de la même manière que l'on annonçait les décisions ou les événements qui faisaient la vie en société, les Apôtres ont voulu signifier que le salut réalisé par Jésus est un événement de première importance et non un fait divers, que l'Évangile fait partie chaque jour de l'actualité du jour.
 
     Tous les textes du Nouveau Testament qui font écho à la première prédication de l'Évangile nous indiquent que les Apôtres ne pouvaient pas ne pas publier ce qu’ils avaient vu et entendu. En lisant les Actes, on voit que Luc a amplifié les succès de l'activité missionnaire des Apôtres. On peut lui reprocher de manquer d'un certain sens de la nuance. Que voulez-vous, Luc est partial, car il a rencontré le Christ grâce à la prédication apostolique. Il connaît ce dont il parle: l'annonce de l'Évangile a eu du succès dans son cas. Et par-dessus le marché, il déborde d'enthousiasme, parce qu'il se rend bien compte que sa vie a changé de cap depuis qu'il marche à la suite de Jésus. Quand il raconte l'activité missionnaire des Apôtres, il ne peut s'empêcher d'y voir la marche triomphale de l'Évangile. Luc a tout de même le sens de l'objectivité. Il n'oublie pas que des obstacles se sont dressés sur le chemin de l'Évangile. Mais ils se sont avérés incapables de faire taire l'Évangile, car l'Esprit Saint était le maître d'œuvre de la mission.

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2331. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Les Actes des Apôtres : Le souffle vigoureux de l'Esprit (1/5)

 

 

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