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Les miracles de Jésus (5/6)
 

Du pain et du vin en abondance

 

Poursuivons notre étude sur les deux miracles les plus étonnants des évangiles, la multiplication des pains et les noces de Cana! Encore une fois, il est bien difficile de se prononcer sur les évènements à la base de ces récits (fond historique), toutefois la richesse théologique et catéchétique qui ressort de ces textes trahit le souci pastoral des évangélistes d’instruire leur communauté sur les mystères de la foi au Christ ressuscité.

Une multiplication des pains racontée six fois!

     Seul miracle de Jésus rapporté par les quatre évangélistes, l’épisode de la multiplication des pains et des poissons est raconté six fois dans les évangiles (car Matthieu et Marc en connaissent deux versions chacun), ce qui confère à ce miracle une importance particulière. Bien sûr chacune des recensions de ce miracle comporte des nuances, des différences évocatrices, mais c’est globalement que nous abordons ce miracle en tenant compte de ce qui est commun aux six récits.

     Un des buts des évangélistes est de nous présenter Jésus comme réalisant les Écritures, récapitulant en sa personne l’Ancien Testament, dépassant en gloire ses plus brillantes figures. Or, le premier testament connaît des miracles alimentaires auxquels les récits évangéliques alludent certainement. On pense au don de la manne au désert qui nourrit les Israélites durant leur longue marche vers la terre promise. On pense aussi aux miracles alimentaires d’Élie et d’Élisée qui, avant Jésus, multiplièrent huile, farine et pains (1 R 17, 7-16; 2 R 4, 1-7; 2 R 4, 42-44).

     Ici, le pain que Jésus donne est plus abondant que ne l’était la manne qui était mesurée pour chaque jour (Ex 16, 4.16), de plus, il y a des restes alors que la manne ne pouvait être conservée pour le lendemain (Ex 16, 19). Et la multiplication des pains opérée par Jésus est plus spectaculaire que celle d’Élisée : avec cinq (ou sept) pains Jésus nourrit plus de 5000 (ou 4000) convives avec douze (ou sept) paniers de restes ! Élisée dispose de vingt pains initialement pour un nombre indéterminé de convives et de restes. Le récit a certainement comme but de nous présenter Jésus comme le Messie des derniers temps – plus grand que Moïse ou Élisée - qui fait revivre au peuple les évènements merveilleux de l’Exode, signe de l’arrivée des temps messianiques selon les croyances juives de l’époque.

     Mais la pointe de ce récit est certainement d’annoncer l’eucharistie. Dans les gestes de Jésus, on reconnaît ceux de la dernière Cène – prendre le pain, rendre grâce, le rompre et le donner aux disciples – gestuelle familière aux destinataires des évangiles qui célèbrent déjà, depuis des décennies, l’eucharistie en mémoire de Lui. Puis le rôle joué par les disciples auprès de cette foule préfigure le « ministère » de l’Église à venir, dans ses fonctions organisationnelle (Il leur commanda d’installer tout le monde groupes sur l’herbe verte (Mc 6,39)) et sacramentelle ; Il les donnait aux disciples pour qu’ils les offrent aux gens (Mc 6,41)) au service du nouveau peuple de Dieu.

Des noces pas comme les autres!

     Présenté comme le premier des signes par lesquels Jésus manifesta sa « gloire » (Jn 2, 1-12), le miracle de l’eau changée en vin par Jésus à Cana remporte la palme de l’étrangeté. La lecture de ce récit vous semblera bizarre 1 : sauver une fête qui risquait de finir trop tôt à l’initiative de sa mère! Voilà un curieux « signe » de gloire!
Ces noces sont celles de Dieu et de son peuple. La mère de Jésus (représentative du peuple d’Israël) y est présente avant que Jésus n’entre en scène, comme Israël avait déjà vécu des noces avec son Dieu, dans  une première alliance. Mais voilà que la joie (symbolisée par le vin) de cette première alliance est tarie. On est en attente du Messie qui renouvellera l’alliance. Les six (symbole d’imperfection) jarres servant aux rites de purifications des Juifs ne jouent plus leur rôle, puisque vides, soit celui d’obtenir le véritable pardon des péchés. Elles seront remplies d’une eau (symbole du baptême) qui deviendra un vin versé sans mesure, source intarissable de joie dans ces nouvelles noces entre Dieu et ses invités. D’où vient ce vin? De Jésus, l’Époux véritable de ces Noces. Et quel est ce vin par lequel se renouvelle l’alliance ? Sans doute son sang versé, un « vin-sang » sur lequel il a été dit : « Ceci est mon sang, sang de l’alliance nouvelle et éternelle versée pour la multitude en rémission des péchés ».

Nous ne manquerons de rien

     Ces deux miracles ne nous disent-ils pas que le Christ ressuscité a pourvu son Église de tout ce dont elle aura besoin pour vivre de son Seigneur jusqu’à son retour glorieux ? Du pain plein les corbeilles et du vin en abondance distribué par des ministres que Jésus investit d’une mission, nous ne manquerons de rien!

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1Pour une analyse plus complète, voir Feuillet biblique 2213 disponible en ligne au http://www.interbible.org/interBible/cithare/celebrer/2010/c_ord_02.html

 

Patrice Bergeron, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2427. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Les miracles de Jésus : 4- Miracles sur la nature : historiques ou catéchétiques ? (4/6)

 

 

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