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La violence dans la Bible (5/6)
 

Le règne de Dieu et la violence

 

 

Doux Jésus! Il est dans l'Évangile des phrases qu'on aimerait mieux ne pas y lire. Ainsi ces malédictions contre les prêtres, les docteurs de la loi et les pharisiens (Matthieu 23). Et ces paroles mystérieuses sur le Royaume des cieux assailli avec violence et dont les violents s'emparent (Mt 11, 12). Et que dire de l'enfer «promis» aux impies qui seront nombreux si l'on en croit cette autre sentence de l'Évangile: car il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus (Mt 22, 14); enfer où il y aura… des pleurs et des grincements de dents (Mt 8, 12; 13, 42; 22, 13) et un feu qui ne s'éteint pas (Mt 3, 12; 18, 8; 25, 41) ?

     Et pourtant il est dit aussi dans les évangiles : Bienheureux les doux... Bienheureux ceux qui font œuvre de paix (Mt 5, 4.9). Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur (Mt 11, 29). Et dans le Notre Père : Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous (Mt 6, 12). Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (Luc 6, 36); etc.

     Le Nouveau Testament est plein de contradictions : « c'est pour aiguiser la sagacité des interprètes », m'a dit un jour une étudiante! Comment concilier, au sujet de la violence et de la miséricorde, ces paroles de Jésus, en apparence incompatibles ? Les propos sur la violence sont à mettre en relation avec la prédication de l'annonce du Règne de Dieu et de l'urgence de se préparer à sa venue; les propos sur la miséricorde, le pardon, s'adressent précisément à ceux qui prennent au sérieux cette venue du Règne de Dieu et s'y préparent par la conversion.

Une lutte à finir contre le mal

     Jésus ne prône jamais la violence. Il en parle, c'est différent. L'instauration ou l'accueil du Règne de Dieu peuvent s'accompagner de violence. L'annonce et l'anticipation de sa pratique marquent pour Jésus le commencement d'une lutte à finir avec Satan, c'est-à­-dire l'adversaire: il lui faut ligoter cet homme fort, pour pouvoir piller sa maison (Mc 3, 27). Jésus accomplit cela par ses exorcismes, quand il chasse les démons, (c'est-à-dire quand il guérit les personnes de maladies liées à des troubles mentaux). Il est venu apporter le glaive et non pas la paix sur terre (Mc 10, 34).

     Son message est la dernière parole de Dieu à Israël, le message final et définitif; et ce message crée dans les familles la division entre ceux qui l'acceptent et ceux qui le refusent. Le Règne de Dieu est assailli avec violence (Mt 11, 12) au dire de ses ennemis, et les violents s'en emparent, c'est-à-dire la troupe de déviants, de marginaux qui ont cru au message de Jean-Baptiste, et dont certains maintenant suivent Jésus : les publicains considérés comme des voleurs, les femmes de mauvaise réputation, quelques zélotes, etc. C'est, à mon avis, l'interprétation la plus crédible de cette parole de Jésus dont le sens demeure controversé.

     Jésus reproche aux docteurs de la Loi de se targuer de leur savoir, de connaître et de prêcher la volonté divine, mais de ne point l'accomplir. Il reproche aux Pharisiens leur prétention de représenter, par leur fidélité rigoureuse à la Loi et leurs aumônes, le véritable Israël. Mais toute leur piété est, aux yeux de Jésus, inspirée par le désir de se faire valoir et par la vanité : c'est de l'hypocrisie (Mt 23).

     Ce qu'il reproche aux prêtres se retrouve dans le récit appelé traditionnellement : la purification du Temple (Mc 11, 15-17). Il s'agit d'une action prophétique de Jésus dirigée contre le Temple, semblable aux actions des prophètes de l'Ancien Testament. Puisque le Règne de Dieu s'en vient, le Temple n'a plus sa raison d'être; d'ailleurs il sera bientôt détruit (Mc 13, 2).

     L'appel de Jésus à la conversion en vue du Règne de Dieu est pressant. Il place l'auditeur devant sa propre décision; l'heure de l'accomplissement est arrivée; il est impérieux de se convertir et de croire à la Bonne Nouvelle. Les paroles sur la violence et le Règne ne servent qu'à souligner le sérieux de l'heure et l'urgence de prendre parti.

(Source : par Gérard Rochais+, adaptation de Yves Guillemette, ptre, Parabole, janvier-février 1998).

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2433. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La violence dans la Bible

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La violence dans la Bible
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