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Les hauts et les bas de l'Alliance (1/6)
 

L'alliance avec Noé (Gn 9, 8-17)

 

Le bloc des six prochains numéros de cette série va couvrir l’ensemble des dimanches du Carême. Nous vous proposons de partir à la découverte des textes du premier Testament qui ont été choisis pour la liturgie dominicale. La profondeur et parfois la difficulté de ces textes méritent le détour. On y découvrira les hauts et les bas de l’alliance entre Dieu et son peuple.

     Les Israélites ont vécu comme une épreuve majeure dans leur vie nationale et religieuse la période de l’exil à Babylone, qui s’est étendue de la première déportation en 597 avant J.-C, suivie de la seconde plus importante en 587, jusqu’à l’édit de Cyrus en 538 autorisant le retour en Judée. C’est dans ce contexte historique bouleversé que les élites religieuses ont entrepris une relecture complète de l’histoire d’Israël afin de discerner le sens du grand dépouillement de l’exil et ses conséquences sur la foi et la vie religieuse.

     La mémoire légendaire d’un déluge universel, que l’on retrouve dans les mythes mésopotamiens, sera elle aussi intégrée dans la fresque historique dite sacerdotale qui débute avec le récit de création en sept jours. On fait la relecture d’un récit plus ancien (tradition yahviste) et quelque peu différent. Vous comprendrez que la nouvelle version sera fortement influencée par les événements douloureux de l’exil. Tout s’était écroulé avec la prise de Jérusalem, la destruction du temple, la fin de la monarchie et de l’État judéen. Un vrai déluge de malheurs a englouti le peuple de  Dieu et remis sa foi en question. Le premier réflexe est de penser que Dieu a abandonné son peuple, qu’il a oublié son alliance et livré son peuple à ses ennemis. Mais après un temps de discernement, n’est-ce pas plutôt les Israélites qui se sont détournés du Seigneur et ont rompu l’alliance.  

On efface et on recommence

     Dieu avait créé les humains en vue de vivre une relation de  communion avec eux, fondée sur la confiance réciproque; une communion fraternelle devant s’étendre aussi entre les humains. On connaît la suite : la défiance s’est installée chez l’humain au point de pervertir la relation avec Dieu et celle des humains entre eux. Ceux-ci sont entrés dans la spirale du mal et de la violence, au point que Dieu a décidé de tout effacer et de recommencer avec la « complicité » de Noé, le juste, un homme qui ne s’était pas détourné de Dieu.

     Dieu décide donc d’anéantir son œuvre qu’il avait pourtant trouvée très bonne. Il va rétablir l’ordre qu’il avait voulu à l’origine, à  partir de la famille de Noé. Cette fois, il n’y a aura pas d’alliance tacite, comme à l’origine. Une fois le déluge résorbé, Dieu va conclure une alliance avec Noé et avec tous les vivants. L’homme et les vivants deviennent co-partenaires d’alliance avec Dieu : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre, tout ce qui est sorti de l’arche » (Gn 9, 9-10). Dans un regard de foi, l’homme devient donc le responsable et le protecteur des animaux, et c’est ensemble  qu’ils sont appelés à entrer dans cette relation avec Dieu; l’homme et le monde du vivant font corps pour parcourir l’aventure de la vie. Voilà quelque chose d’intéressant pour nous qui sommes préoccupés par l’environnement.

     Enfin, un autre élément du récit mérite notre attention. Le document de l’alliance sera un signe dans le ciel, unissant le ciel et la terre : l’arc-en-ciel. Mais l’arc-en-ciel est destiné exclusivement à Dieu, comme un aide-mémoire. « Lorsque je rassemblerai les nuages au-dessus de la terre, et que l’arc apparaîtra au milieu des nuages, je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous, et tous les êtres vivants : les eaux ne se changeront plus en déluge pour détruire tout être de chair » (Gn 9, 14-15). La fonction de l’arc sera de rappeler à Dieu qu’il doit « se contenir » quand il sera tenté de désespérer à nouveau de son peuple : il ne sert à rien d’utiliser une « arme de destruction massive » pour corriger l’humanité. Il doit se faire à l’idée : le peuple de Dieu s’y connaît en ruptures d’alliance.

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2435. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Début de la série précédente :
La violence dans la Bible

Article précédent :
La violence dans la Bible
6- Le Règne de Dieu et la non-violence

Article suivant :
Les haut et les bas de l'Alliance
2- L'avenir d'Abraham est menacé (Gn 22, 1-2.9a.10-13.15-18)

 

 

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