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Les hauts et les bas de l'Alliance (3/6)
 

Le décalogue : une morale des valeurs

 

 

Après avoir libéré le peuple hébreu de sa condition de servitude en Égypte, Dieu le conduit à travers le désert vers le pays où il pourra s’établir. Une alliance sera conclue sur le Sinaï. À la différence de celles avec Noé et Abraham, celle-ci sera bilatérale : Dieu donne sa Loi, mais le peuple doit lui aussi s’engager à y être fidèle. Quel est l’enjeu de cet engagement sinon que tous les membres du peuple devront s’investir corps et âme dans la préservation de la liberté acquise lors de la fuite d’Égypte, tant dans leur relation avec Dieu que dans leurs relations interpersonnelles et « citoyennes ». Du fonds d’archives du Feuillet biblique (No 1265 – 6 mars 1988), je vous propose cette réflexion de Marc Girard.


     On a fait longtemps des dix commandements la base de l'enseignement moral catholique. L'option ne manquait pas de légitimité, certes. Mais certaines considérations permettent de mieux situer la portée du décalogue (« dix paroles »). Il faut savoir, d'abord, que la liste des commandements fait partie d'un ensemble littéraire plus large, qui suit en gros la structure des anciens traités de vassalité. On entend par vassalité ce système politique de l'antiquité orientale selon lequel des grands rois, par voie militaire ou diplomatique, s'assuraient l'hégémonie sur un tas de petits royaumes suffragants. Des traités régissaient les relations entre les suzerains et leurs vassaux. Le grand roi, évidemment, avait le gros bout du bâton : lui seul, d'ailleurs, prenait la parole.
Or, c'est en référence à cette coutume que Dieu a fait comprendre au peuple d'Israël sa relation d'alliance avec lui. On comprend dès lors que Dieu prenne toute l'initiative par rapport à la Loi : lui seul prend la parole; et l'alliance est complètement bouclée quand l'homme est interpellé dans sa liberté pour s'engager. Dans la conception biblique, donc, la Loi n'est pas du tout la réponse de l'homme à une offre que Dieu lui fait; la Loi est un cadeau que Dieu fait à son peuple pour l'embarquer à plein dans l'aventure de l'alliance. Donc, la responsabilité morale commence seulement une fois que la Loi est donnée.

Morale des devoirs ou morale des valeurs

     En gros, le décalogue biblique comporte huit interdits («tu ne feras pas ceci ou cela») et deux préceptes positifs (« tu feras ceci »). À vrai dire, l'éducation morale traditionnelle s'accommodait fort bien d'une stratégie d'interdits et de préceptes.

     L'avantage de ce type de catéchèse est double: la vitesse (on peut éviter des tas d'explications et de justifications) et la clarté (on trace des frontières précises entre le bien et le mal et on pave la voie à certains comportements et attitudes indispensables). En termes simples, on peut parler ici d'une morale de devoirs (en langage technique, la déontologie).

     Mais voilà! L'homme moderne a développé, on ne sait trop comment ni pourquoi, une sorte d'allergie aux interdits et aux préceptes. Comme si on se sentait fondamentalement brimé dans sa liberté personnelle par tout ce qui ressemble aux garde-fous et aux sentiers moraux tout tracés d'avance. Dans un tel contexte culturel, le décalogue perd-il pour autant sa force de frappe ? Non. Si on sait le retraduire dans une langue susceptible de rejoindre nos contemporains. Moins la langue d'une morale des devoirs que celle d'une morale des valeurs (en termes techniques, l'axiologie). Voici, bien schématiquement, les valeurs de base qui sous-tendent chacun des dix commandements : trois touchent notre relation avec Dieu, sept notre relation avec le prochain.

  1. Le culte exclusif du Dieu de la Bible.
  2. La vénération inconditionnelle de son nom (c'est-à-dire de tout son être).
  3. La consécration d'un temps privilégié à l'approfondissement de l'expérience communautaire de Dieu.
  4. Le respect sacré de la famille.
  5. Le respect sacré de toute vie.
  6. Le respect de la stabilité du couple en tant que cellule de base de la société.
  7. Le respect de la liberté d'autrui (le texte original du v. 15 vise tout probablement le rapt et non le vol).
  8. Le respect de la réputation d'autrui.
  9. Le respect de la maisonnée d'autrui (c'est-à-dire de toutes les personnes qui habitent chez lui, femme, enfants, employés).
  10. Le respect des propriétés matérielles d'autrui. Ces valeurs se présentent même selon une hiérarchie très stricte : de la plus importante (1°) à la moins importante (10°).

 

Yves Guillemette, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2437. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Début de la série :
Les hauts et les bas de l'Alliance

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Les hauts et les bas de l'Alliance
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Les hauts et les bas de l'Alliance
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