La Sagesse (6/6)

6- Les psaumes sapientaux

Les cinq livres sapientiaux dont les thèmes ont été esquissés dans cette série ont fait voir que la sagesse humaine consiste avant tout à bien conduire sa propre vie. C’est un savoir qui se base sur ses propres expériences et celles des anciens, permettant de tirer des normes qui favorisent l‘harmonie. Les sages ont acquis, possédé, conservé cette sagesse, et ont tenté de répondre au profond questionnement qu’engendrent les souffrances et la mort. Et ils ont aussi enseigné la Sagesse qui vient de Dieu. Ce courant sapientiel apparaît également dans le livre des Psaumes, notamment aux psaumes 1; 37; 49; 73; 91; 112, 119; 127; 128; 133; 139 ¹.

Le psaume 1 est un cantique centré sur l’homme fidèle et heureux, dont l‘existence est orientée vers la plénitude. On y présente deux voies en opposition: celle de l’impie dont l’existence est vide, sans valeur, et celle du juste, qui, fidèle à la Loi, vit dans l’intimité de Dieu : Heureux l’homme qui n’est pas allé au conseil des méchants, qui ne s’est pas arrêté sur la voie des pécheurs et qui n’a pas siégé à la séance des railleurs. Mais qui trouve son plaisir dans la Loi de Yahvé et jour et nuit médite sa Loi. Il sera comme un arbre planté près d’un cours d’eau, qui donne son fruit en son temps et dont le feuillage ne se flétrit pas. Tout ce qu’il fait réussira (1, 1-3).

Ce premier psaume rejoint le psaume (127) CXXVIII qui évoque l’homme fidèle recevant la bénédiction de Yahvé : Heureux tout homme qui craint Yahvé, qui marche dans ses voies! Le labeur de tes mains, tu t’en nourriras, heureus seras-tu, tout ira bien pour toi. Ta femme sera comme une vigne féconde, à l’intérieur de ta maison, ton fils comme des plants d’oliviers, autour de ta table. Voici comment est béni l’homme qui craint Yahvé (XXVIII, 1-4). Le psalmiste reprend ici le thème essentiel de la crainte de Dieu, cette attitude fondamentale de confiance de celui qui met toute sa vie en relation vivante avec le Seigneur.

Trois autres psaumes (36) XXXVII, (48) XLIX, (72) LXXIII, ayant une parenté, évoquent le travail de la sagesse divine à l’œuvre dans le cœur du juste. Le psaume (36) campe l’action des impies contre les justes. À quel moment la fidélité de ces derniers reçoit-elle un réconfort? C’est la sagesse divine qui les instruit et leur demande de se confier au Seigneur et de demeurer en paix : Mieux vaut la pénurie du juste que la grande abondance des méchants (36, 16; aussi Proverbes 15, 16; 16, 8)...
...car le Seigneur aime la justice, Dieu n’abandonne pas ses amis. La bouche du juste murmure la sagesse et sa langue dit le droit; la loi de son Dieu dans son cœur, ses pas ne chancellent jamais (36, 28. 30-31).

Le psaume (48) décrit l’individu ébranlé face au spectacle déconcertant de l’injustice et de la mort, il est sur le point de trébucher. La Sagesse lui fait comprendre qu’il est vain de s’appuyer sur les richesses, alors que celui qui se confie au Seigneur demeure à jamais : Mais l’homme ne peut acheter son rachat, ni payer à Dieu sa rançon : Mais Dieu rachètera mon âme des griffes des enfers, et me prendra. Ne crains pas quand l’homme s’enrichit, quand s’accroît la gloire de sa maison; à sa mort, il n’en peut rien emporter, avec lui ne descend pas sa gloire (48, 8-9; 16-18).

Le psaume (72) élabore les étapes d’une libération. Certes, la prospérité des impies constituent une tentation pour le juste à qui la vie paraît vaine (1-17), mais grâce à l‘expérience de la réflexion, de la prière, de l‘adhésion à Yahvé, une lumière surgit: l’union de cœur avec le Seigneur est le plus grand de tous les biens, l’essentiel est d’être près de Lui : Mais moi, constamment près de toi, tu m’as saisi par ma main droite, tu me guideras par ton conseil et, par la main, tu me prendras à ta suite... Pour moi, approcher Dieu est mon bien, j’ai placé dans le Seigneur mon refuge (72, 23-24.27-28).

Au coeur de la prière, nous voyons le psalmiste mettre en valeur l’existence de l’homme qui devient consistant, qui se construit dans son attachement et sa fidélité au Seigneur.

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¹ Selon la numérotation hébraïque, reprise par les Bibles modernes, alors que la traduction liturgique emprunte la numérotation de la Septante, indiquée ici entre parenthèse.

Julienne Côté, CND

Source: Le Feuillet biblique, no 2458. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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