Les centurions dans les récits du Nouveau Testament (1/6)

1- Qui sont les centurions?

En l’an 63 de notre ère, le général romain Pompée, après un siège de trois mois, fait la conquête de Jérusalem et massacre 12 000 de ses habitants. L’occupant romain accroit sa domination politique et sa tutelle économique et fiscale, et accentue son influence religieuse et culturelle, s’abat sur la société israélite.

En Palestine comme dans tous les coins de l’Empire, les centurions forment l’épine dorsale de la domination romaine. Placé dans chacune des villes d’importance, le centurion est chargé de faire respecter la loi et l’ordre.

Qui sont les centurions? Le centurion commande l’unité de base de la légion romaine. La centurie ¹ comprend plus ou moins cent hommes qui combattent les uns aux côtés des autres. Se soutenant les uns les autres, ils constituent une force de frappe rapide et efficace.

Le centurion, un soldat de carrière

Un soldat romain, en montant les divers échelons de la hiérarchie militaire, peut devenir centurion après un service de quinze à vingt ans durant lequel il a pu démontrer une loyauté, un courage et une bonne conduite que ses supérieurs ne pouvaient ignorer. Il est certain que ses qualités de leadership, de dévouement, d’équilibre et son esprit de décision sont aussi des critères de choix. Bien souvent, le centurion est élu par les hommes de sa propre centurie et ce choix est entériné par la hiérarchie militaire. Le nouveau centurion peut alors porter un casque et une cuirasse ornementés. On lui remet également une trique en bois de vigne, symbole de son autorité. Sa solde équivaut à vingt fois celle d’un simple fantassin. On appelle aussi le centurion : officier, centenier, capitaine, commandant.

Si la plupart des centurions se consacrent aux affaires militaires, plusieurs se voient confier des tâches administratives à l’intérieur d’un district administratif. Certains qui se distinguent par leur sagesse, leur expérience, leur rigueur ou leur probité, sont souvent tenus en haute estime par leurs administrés. En plus d’être chargé de faire la police, l’un de leurs rôles est de gérer la collecte des impôts.

Les centurions sont de véritables leaders, des hommes forts, des soldats expérimentés, de bons stratèges, habiles tant dans l’art de la guerre que dans la diplomatie. Les soldats leur obéissent au doigt et à l’œil. Ce sont aussi des hommes cultivés, respectueux des cultures et des croyances, des protecteurs des arts. Outre leur langue maternelle, ils parlent le latin, le grec, de même que, en bien des cas, la langue locale de la région où ils sont en poste. En plus d’avoir des notions de mathématiques et de sciences, ils connaissent sans doute l’histoire glorieuse de Rome. Leurs affectations les font voyager bien plus que la moyenne des gens. Ils ont « vu du pays »; plusieurs sont passés par Rome. Plusieurs habitent une villa raffinée et luxueuse aux murs et aux planchers décorés de mosaïques. Ce sont des hommes fiers de leur position.

La Pax Romana, s’étant fermement répandue jusqu’aux confins du monde connu, apporte la prospérité aux collectivités et le mieux-être aux individus. Les échanges commerciaux sont en plein essor. Des territoires entiers se couvrent de constructions, de routes, de ponts. Depuis son avènement, l’empereur Auguste, a rétabli l’ordre dans la ville éternelle et a entrepris des réformes administratives et législatives qui vont durer trois cents ans. Au temps de l’empereur Trajan, l’empire aura atteint son expansion maximale. Les centurions exercent un rôle crucial dans ce monde fascinant.

Fait intéressant, on retrouve, dans le Nouveau Testament, cinq récits qui mettent « en vedette » des centurions romains :

Le centurion de Capharnaüm dont Jésus guérit le serviteur Mt 8, 5-13);
Le centurion au pied de la croix (Mc 15, 39.44-45);
Le centurion Corneille (Ac 10, 1 – 11, 18);
Le tribun et les centurions de Jérusalem (Ac 22, 27 – 23, 22).
Le centurion Julius qui mène Paul à Rome (Ac 27).

Dans le contexte de domination et d’occupation romaine, on remarque que les cinq récits présentent les centurions sous un jour favorable. Ces hommes à la figure sympathique servent d’exemple de foi et ils vont même jusqu’à jouer un rôle dans l’histoire du salut. On peut certes se demander pourquoi.

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¹ Centuria vient du terme cens pour « recensement » en latin et non pas du chiffre cent.

David Fines, pasteur dans l’Église Unie du Canada et en charge pastorale de Drummondville-Mauricie.

Source: Le Feuillet biblique, no 2466. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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