INTERBIBLE
Les Écritures
les évangiles de l'ACÉBACla Bible en français courantexplorationglossairesymboles
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Exploration
  outils

Imprimer

Le pur et l'impur (5/6)
 

5- L'impureté morale

 

 

Le vocabulaire cultuel de « pur/impur/ purification » prend dans certains contextes (Is 1,16; 6,5;59,3; Ha 1,13; Jr 33,8) un sens nettement moral. Cette forme d'impureté qui résulte du péché est dite « souillure morale ». Celle-ci provient de certains actes si odieux qu'ils sont considérés explicitement comme impurs. Ces actions impures, fautes liées à la sexualité (Lv 18,24-30), à l'idolâtrie (Lv 19,31; 20,1-3; voir Ez 20,7) et à l'effusion de sang (Nb 35,33-34), sont aussi fréquemment désignées comme des abominations (terme inusité pour les sources de l'impureté rituelle) dans la Loi de sainteté (Lv 18), dans le livre de Jérémie (ch. 44), dans le Deuxième livre des Rois (2 R 21) et dans l’écrit d’Ézéchiel (ch. 8 — 11,18).

Le comportement humain

     L'impureté morale causée par les péchés liés à certaines pratiques sexuelles telles que l’inceste, l’adultère, l’homosexualité et la bestialité est clairement articulée en Lv 18,1-30; 1 R 14,24; Jr 3,1; Ez 33,26; Am 2,7 et Os 5,3; 6,10. Ces pratiques abominables polluent les pécheurs et la terre sur laquelle les fautes ont été commises : les fautifs sont eux-mêmes souillés (Lv 18,24) non rituellement, mais moralement, et l'impureté contractée contamine le pays d'Israël. Cette souillure transmise au sol porte une culpabilité qui attire la malédiction de Dieu, celle de vomir les habitants de cette terre (Lv 18,25).

Les pratiques idolâtriques

     L'impureté morale occasionnée par certaines pratiques idolâtriques est soulignée dans différentes sources bibliques. Le Code de sainteté présente la nécromancie comme un acte impur (Lv 19,31; voir 2 R 21,6; 23,24) et Lv 20,1-3 mentionne que le sacrifice des enfants offerts au dieu Moloch est un geste qui souille le sanctuaire et qui profane le nom de Dieu. Le prophète Jérémie rapporte que  l'idolâtrie souille le peuple et la terre (Jr 2,7.23; 7,9-15). Des attestations similaires se retrouvent dans Ps 106; Dt 18,9-12; 2 R 16,3; 16,18; Ez 20,30-31; 22,4; 36,18; 37,23. D'autres traditions suggèrent encore que l'idolâtrie souille le sanctuaire lui-même, spécialement quand le péché est commis à l’intérieur ou à proximité du Temple (Jr 7,30; 32,34; Ez 5,11; 8,10; voir 2 Ch 29,5.16). Si l'impureté provoquée par ce comportement souille moralement les pécheurs, le sanctuaire et la terre, aucune contagion n'est toutefois transmise au contact de ces personnes ou de ces objets.

     L'impureté morale liée au meurtre, qui est énoncée en Nb 35,33-34; Dt 21,23; 1 Ch 22,8, est aussi exprimée au Ps 106,34-41 et reflétée dans d'autres traditions vétérotestamentaires telles que Ez 9,7-9; 22,1-4; 33,25. Le meurtre, au même titre que l'idolâtrie, l'inceste et les autres conduites sexuelles anormales, est un acte impur moralement qui souille les pécheurs (Os 6,10) et la terre sur laquelle le crime a été commis (Nb 35,33-34). Bizarrement, ce fait immoral ne souille pas rituellement les assassins puisqu'ils sont admis dans la Maison de Dieu. La conséquence finale de cette impureté causée par le sang versé est l'exil des habitants du pays. À nouveau, la nation est impliquée dans ce type d'impureté. Cette idée clairement exprimée dans les derniers versets de Lv 18 est aussi centrale dans la pensée du prophète Ézéchiel (ch. 36; voir És 24).

     Ces trois comportements transmettent une impureté qui, moralement, souille le pécheur (Lv 18,24), le sol (Lv 18,25; voir Ez 36,17) et le sanctuaire de Dieu (Lv 20,3; Ez 5,11), sans toutefois souiller les individus qui entourent la personne coupable ou qui sont en contact physique avec elle. Aucun bain rituel, aucune ablution ne sont nécessaires après un contact direct ou indirect avec un idolâtre, un assassin ou un individu qui a transgressé les interdits sexuels! Et pourtant, cette souillure provoque une dégradation de l'état du pécheur puisque ce dernier doit être retranché de la communauté dans le cas des péchés liés à la sexualité (Lv 18,29) et à l'idolâtrie (Lv 20,3); quant au meurtrier, il doit se retirer dans l'une des trois villes de refuge (Dt 19,2-3).

     Le Code de sainteté ne donne aucune indication relative aux méthodes pour effacer ce type de souillure. Le rituel du Jour des Absolutions (Kippour) purifie l'autel et le Saint des Saints en éliminant la souillure laissée par le péché sur le sanctuaire (Lv 16,11-19). Ce rituel inclut d'autres sacrifices qui expient les fautes de tout le peuple (Lv 16,20-22), mais ces offrandes ne semblent pas purifier les pécheurs qui ont perpétré de graves délits ou le sol sur lequel les péchés abominables ont été commis. La pureté morale est recouvrée par la punition [les pécheurs vivent exclus de la communauté (Lv 18,29), par l’expulsion du peuple de la terre d'Israël si la souillure devient trop grave (Lv 18,28; Ez 36,19)], puis par le châtiment [les pécheurs sont mis à mort comme les meurtriers appréhendés (Lv 20,1-3) et les personnes adultères Dt 22,22)].

     Chez le prophète Ézéchiel, les personnes exilées en raison de leurs péchés liés à l'idolâtrie, au sang versé et à la dépravation sexuelle (36,16-18) peuvent être libérées de leur pollution par une action directe de Dieu (36,22-25). Sans l'aide divine, l'impureté morale du peuple est permanente. Ézéchiel prévoit également la purification de la terre qui a été souillée par le sang versé sur elle (39,14-16).

 

Béatrice Bérubé, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2482. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.


Début de la série :
Le pur et l'impur

Article précédent :
4- La pureté rituelle des prêtres

 


 

 

www.interbible.org