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Ascension et déchéance du Roi-Berger d'Israël (4/4)
 

Analyse narrative de récits davidiques des livres de Samuel (1 S 16-18 et 2 S 11 - 12, 25)

4- La succession de David

 

 

La séquence narrative (2 S 11-12,25) que nous abordons maintenant s'inscrit dans cet ensemble littéraire plus large, qu'il est traditionnel d'appeler le récit de la succession de David 1. Au début du récit de la succession (2 S 9), David est au sommet de son ascension, il est roi de Juda et d'Israël, il a conquis sa capitale Jérusalem, il est bien installé dans son palais royal. La fin du récit de succession (1 R 2) verra le couronnement de Salomon et la mort du roi David. Entre ces deux extrêmes, on assiste à une série de tragédies familiales, à des conspirations de fils pour le trône de leur père. Il semble qu'à peine arrivé au sommet, au terme d'une ascension fulgurante sous le soleil, David doive maintenant redescendre le versant ombragé de la montagne. Jusqu'ici David courait de succès en succès sous la main de Yavhé, mais dans le récit de la succession, il ira de malheur en malheur et Yavhé semble s'être retiré de lui 2. C'est comme si quelque chose de la relation de David avec Yavhé s'était cassé. Ce point de rupture est précisément le péché de David et sa condamnation. Narrativement parlant, c'est bien à partir de cet épisode que commence le déclin du roi David. Tout comme le péché de Saül entraînant son rejet par Yahvé (et le retrait de son esprit d'auprès de lui 1 S 15,28) avait signifié le début de son déclin par l'entrée en scène de David, le péché de David déclenchera des conséquences semblables, déclin et course à la succession (mais sans le rejet de Yahvé). Une différence notable distingue toutefois les destinées des deux souverains, c'est qu'en raison de la promesse de Yavhé faite à David et à sa descendance (2 S 7,15-16) par la prophétie de Natan, la royauté ne s'éloignera pas de la maison de David, comme ce fut le cas pour Saül, mais les malheurs qu'occasionnera cette succession constitueront un fort prix à payer pour David en expiation de sa faute.

De berger à chasseur

     Mais voyons comment David a changé! Celui qui autrefois, en berger, entrait et sortait à la tête de son peuple est maintenant installé dans sa maison, immobile (2 S 11,1s), mais manipulant tout le monde autour de lui. Il envoie ses hommes se battre pour lui, il envoie ses serviteurs “prendre” la femme qu’il désire, il envoie chercher Urie, le mari cocu, pour tenter de cacher son adultère et la grossesse gênante, il renvoie ce dernier se faire tuer à la guerre portant lui-même sa lettre de condamnation à mort. Le berger s’est transformé en chasseur, le roi ne cherche plus le bien de son troupeau, mais s’en sert à ses propres fins. Ce qui étonne, dans le récit du péché de David, est le ton neutre qu’emprunte le narrateur pour raconter ces atrocités commises par David, il ne se permet qu’un commentaire à la toute fin: Mais ce qu’avait fait David déplut au Seigneur (2 S 11,27).

Cet homme, c’est toi!

     La faute est suivie du procès et de la condamnation. Le procès s’opère par l’apport d’une parabole judiciaire servie par Natan envoyé du Seigneur, et la condamnation est prononcée par David lui-même, scandalisé par l’audition de la parabole de l’homme pauvre et de son agnelle. Sa condamnation comporte deux sanctions: la mort de l’homme riche (David) et une compensation au quadruple pour l’agnelle prise. La mort de David sera évitée car le Seigneur pardonnera sa faute devant son repentir (2 S 12,13), mais la quadruple compensation s’exécutera à travers les malheurs subséquents que subira David 3.

Un avant-goût d’Évangile

     Cette trop courte chronique ne permet pas de rendre tout à fait justice au complexe personnage de David. L’examen d’autres chapitres relatant la vie de David aurait sans doute pu permettre d’observer chez lui – comme en chacun de nous - cette tension constante entre le « donner pour les autres » et le « prendre pour soi », entre la logique du berger et celle du guerrier. David n’est pas parfait, en cela, il ressemble à chacun de nous. Mais le Seigneur, lui, est toujours le même. Sa façon de faire dans les livres de Samuel – c’est-à-dire de bénir et d’accompagner le berger qui se donne au troupeau et de délaisser le guerrier qui saisit pour lui-même au détriment des autres - ne donne-t-elle pas un avant-goût « du plus grand amour » que nous révélera l’Évangile? À bien y penser, ces livres de Samuel ne sont pas décevants!

___________________

1 Récit s’étalant de 2 S 9 à 1 R 2.

2 Les dernières mentions d’une assistance de Dieu auprès de David lors de ses conquêtes guerrière arrivent en 2 S 8, 6.14.

3 Plusieurs commentateurs voient la réalisation narrative de cette « quadruple » sanction dans la mort de quatre fils de David : le fils adultérin, Amnon, Absalom et Adonias.

 

Patrice Bergeron, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2487. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Ascension et déchéance du Roi-Berger d'Israël

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Ascension et déchéance du Roi-Berger d'Israël : 3- David, le berger vainqueur

 

 


 

 

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