INTERBIBLE
Les Écritures
les évangiles de l'ACÉBACla Bible en français courantexplorationglossairesymboles
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Les mots pour le dire
  image
Imprimer
chronique du 14 septembre 2005
 

Âme

Hébreu : (néphèsh)
Grec : âme (psychè)
Latin : anima/animus
Emplois : A.T. : 754 ; N.T. : 104

Le mot hébreu nèphèsh est habituellement traduit en français par âme. Il a cependant l'inconvénient de nous faire perdre de vue les divers sens qu'il a dans la langue hébraïque et d'osculter une dimension importante de la conception que l'on se faisait de l'homme, dans le monde sémitique auquel appartient la culture des gens de la Bible. Puisque ce terme n'a pas d'équivalent approprié en français, nous utiliserons dans la suite du texte le terme hébreu.

     Tout d'abord le terme nèphèsh désigne à l'origine le souffle vital, la respiration. On reconnaît aisément l'assonance entre ce mot et le bruit produit par la respiration dans la gorge. Tout être vivant possède une nèphèsh.

     La nèphèsh s'identifie à la vie dont elle est l'expression. Dans certains cas, le terme sert à désigner le principe de la vie corporelle. La nèphèsh a besoin d'un corps pour s'exprimer, de même que le corps a besoin d'une nèphèsh pour se mouvoir. On trouve de nombreuses expressions par lesquelles une personne affirme ne pas vouloir perdre sa nèphèsh, la préserver de la mort ou la mettre en sécurité quand on sent qu'elle est menacée par des dangers extérieurs. Quand quelqu'un meurt, on dit qu'il exhale sa nèphèsh, comme on dit d'un mourant qu'il rend son dernier souffle. La nèphèsh est donc quelque chose d'invisible et d'insaisissable mais combien essentielle à la vie. C'est pourquoi on a pensé que la nèphèsh résidait dans le sang, car la personne qui perdait une grande quantité de sang voyait sa vitalité s'amoindrir, sinon perdre la vie.

     En partant du fait que la nèphèsh est l'expression de la vie, on utilisa le terme pour désigner la personne humaine. On évaluait par exemple la population d'un village en nombre de nèphèsh comme il arrive encore de nos jours de dire que tel village est habité par 600 âmes. Le terme a aussi la valeur d'un pronom personnel: l'expression Béni le Seigneur, o mon âme peut être rendue par Que je bénisse le Seigneur!

     Même si la nèphèsh est le principe de la vie, elle n'en est pas la source. C'est ici que la conception biblique de l'homme se distingue de celle que l'on trouve dans la philosophie grecque et qui a marqué l'Occident. Selon la philosophie grecque, et en particulier avec Platon, l'âme s'identifie à l'esprit et en est comme une émanation. Pour les gens de la Bible au contraire, c'est Dieu qui par son Esprit est source de la vie. Rappelons-nous ce texte de la Genèse qui exprime le mieux la conception de l'homme : le Seigneur Dieu façonna l'être humain avec la poussière du sol et il insuffla dans ses narines une haleine de vie; et l'être humain devint un être vivant, soit en hébreu, une nèphèsh hayyah. Ce souffle de Dieu est prêté à l'être humain pour le temps de sa vie mortelle. Si Dieu retire son souffle, l'être vivant retourne à la poussière et sa nèphèsh descend au séjour des morts, le Shéol. La nèphèsh y mène une existence qui n'est que l'ombre d'elle-même, car elle n'y a pas de corps pour s'exprimer. À mesure que se précise la notion de la résurrection des morts, on croit que Dieu fera surgir du shéol la nèphèsh des morts et les fera revivre en leur donnant un Esprit nouveau.

Yves Guillemette, ptre
 

Pour lire la Bible...

sur le souffle de vie : Genèse 2, 7; 2 Samuel 1, 9; Actes 20, 10

sur la perte de la nèphèsh à la mort : Genèse 35,18; Isaïe 53, 12; Jérémie 15, 9.

sur la crainte de perdre sa nèphèsh, synonyme de vie : Josué 9, 24; Actes 27, 34; Psaume 6, 5; Luc 21, 19

sur la nèphèsh en tant que personne humaine : Gn 46, 27; Nombres 6, 6; Amos 6, 8

sur les sentiments de la nèphèsh : Psaume 63,2; 107, 9; 86, 4; Jean 12, 27; Matthieu 26, 38

sur le retour du souffle à Yahweh : Job 31,14-15; Psaume 31, 6; Nombres 23,10; Psaume 78, 50

sur le séjour des morts : Ps 39, 14; 88, 11-13; 94, 17

sur l'espérance de la résurrection des morts : Ezéchiel 37, 1 -14, Sagesse 2, 23.

 

Article précédent :
Coeur