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Les mots pour le dire
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chronique du 10 mai 2002
 

Testament

Latin : testamentum
Hébreu : berît
Grec : diathèkè

Il arrive souvent que des gens se demandent pourquoi les deux grandes parties de la Bible sont désignées par les noms d'Ancien Testament et de Nouveau Testament. Si l'on comprend le mot « testament » dans son sens d'acte juridique par lequel quelqu'un exprime ses dernières volontés et dispose de ses biens, il est évident que l'appellation crée une certaine confusion quand elle est appliquée à la Bible. Puisque, d'une part, les deux grandes parties de la Bible portent le nom de « Testament » et que, d'autre part, le terme ne peut pas être compris dans le sens juridique où nous l'entendons aujourd'hui, une question se pose donc: quelle est l'origine de ce nom?

Deux Testaments - Deux Alliances

     L'histoire de l'apparition du mot « testament », pour désigner les deux grandes parties de la Bible, est le résultat de traductions successives d'une langue à l'autre: de l'hébreu au grec, puis du grec au latin, et enfin à nos langues modernes.

     Quand les Juifs de culture grecque traduisirent la Bible en grec, ils choisirent le mot diathèkè pour rendre le mot hébreu berît. En hébreu, le mot berît signifie « alliance » alors que le mot grec diathèkè signifie plutôt « testament » au sens juridique. C'est dans ce sens que saint Paul l'utilise dans la lettre aux Galates pour désigner les promesses faites à Abraham: « Frères, partons des usages humains: un simple testament humain, s'il est en règle, personne ne l'annule ni ne le complète. Eh bien, c'est à Abraham que les promesses ont été faites, et à sa descendance. [...] Voici donc ma pensée: un testament en règle a d'abord été établi par Dieu. La loi, venue quatre cent trente ans plus tard, ne l'abroge pas, ce qui rendrait vaine la promesse. » (Galates 3, 15-17).

     Paul poursuit en disant que, si la loi donnée à Moïse n'abroge pas la promesse, c'est donc en continuité avec la promesse faite à Abraham que Dieu réalise le salut de l'humanité. C'est donc la descendance d'Abraham qui, par la foi, hérite de la promesse du salut. Pour Paul, la descendance d'Abraham est composée de tous les hommes qui croient au Christ. On devine, derrière le mot « testament » utilisé dans son sens juridique, une évocation de l'alliance promise à Abraham et à sa descendance. Derrière la traduction, se cache une certaine interprétation.

     Les traductions latines de la Bible vont consacrer cette interprétation, en rendant l'hébreu berît par testamentum, qui a le même sens juridique que le grec diathèkè. Les traducteurs auraient pu choisir le mot latin foedus qui, lui, aurait été fidèle au sens d'« alliance » qu'avait le mot hébreu berît. Mais ce ne fut pas leur décision.

Ancienne Alliance - Nouvelle Alliance

     Cette histoire de la traduction explique pourquoi nous désignons les deux parties de la Bible par les appellations d'Ancien Testament et de Nouveau Testament. Il y a une tendance actuellement, chez certains spécialistes des Écritures, à leur préférer les appellations d'Ancienne Alliance (ou Première Alliance) et de Nouvelle Alliance. Ces formules, si on prenait l'habitude de les utiliser couramment, auraient l'avantage de nous faire saisir un peu mieux l'évolution des relations de Dieu avec son peuple. On comprendrait un peu mieux ce que disait Jésus: je ne suis pas venu abolir la Loi mais l'accomplir. Cela signifie que Jésus n'est pas venu détruire la première alliance, mais la renouveler en apportant la plénitude de la révélation de Dieu et de son projet d'alliance avec l'humanité entière.

     Jésus, lors de son dernier repas, offre à ses disciples la coupe de vin qu'il désigne comme la coupe de la nouvelle Alliance scellée par son sang qui sera versé sur la croix. Ainsi, en allant jusqu'à l'extrême de l'amour, Jésus établit les êtres humains dans une relation nouvelle avec Dieu, une relation filiale, par laquelle nous partageons la vie même de Dieu. L'Eucharistie est le sacrement de la nouvelle alliance: en communiant au pain de vie, nous exprimons notre solidarité avec le Christ.

Yves Guillemette

 
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