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Les mots pour le dire
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chronique du 16 août 2002
 

Crainte de Dieu

Hébreu : (yir'at Yahweh)
Grec : phobos (cf. phobie)
Latin : tremens (cf. trembler)

Usage général : AT : 45 - NT : 60

Son usage dans une certaine spiritualité a suffi à défigurer le visage de Dieu. C'est ainsi que Yahweh, dans l'Ancien Testament, passe pour être un Dieu vengeur, colérique, malcommode qu'il faut se ménager pour ne pas tomber sous la force aveugle de son bras. On lui oppose souvent la révélation du Dieu. Amour qu'en fait Jésus, comme si Yahweh était déclassé par le Père tout aimant de Jésus. En face d'une telle méprise, il est important de comprendre la signification de l'expression « crainte de Dieu » afin de réhabiliter l'image de Dieu, qui a mis en oeuvre la puissance de son amour pour se choisir un peuple et vivre une relation d'alliance avec lui.

     Qui n'est pas subjugué par les manifestations grandioses, parfois violentes, des forces de la nature, même si la science arrive à expliquer ces phénomènes naturels. Pour les gens de l'Antiquité, ces phénomènes étaient des manifestations des dieux. Les Hébreux n'ont pas fait exception à la règle: les phénomènes de la nature expriment la majesté et la puissance de Yahweh. Cette même puissance fut mise à l'oeuvre dans le cours de l'histoire, lors de l'exode par exemple. Mais dans ce cas, cette puissance était au service de l'amour de Dieu pour son peuple. Il était donc normal d'avoir de la crainte ou du respect pour Dieu qui surpasse en puissance les êtres humains. Du même coup ceux-ci ne peuvent que reconnaître leur fragilité et leur petitesse, et se tourner vers Dieu avec des sentiments d'adoration et d'émerveillement.

     Au-delà de cette attitude de respect devant les manifestations de la grandeur de Dieu, il faut reconnaître également que le salut accordé par Yahweh à son peuple et le type de relation entre eux (l'alliance) comportaient certaines exigences de fidélité au niveau de la vie morale. Un aspect de la crainte de Dieu, à ce niveau, est lié à la conscience de la sainteté de Dieu et de la condition pécheresse de la personne humaine. Il faut évacuer ici l'idée d'une conscience maladive du péché. Le péché est avant tout la capacité qu'a l'être humain de passer à côté du projet de salut que Dieu caresse pour lui. Il en résulte un sentiment de crainte vis-à-vis de tout ce qui pourrait provoquer des ratées dans la conduite de sa vie. Ce sentiment de crainte s'accompagne surtout du désir et de l'amour de Dieu. Si Dieu a choisi Israël pour la seule raison qu'il l'aimait et non en vertu de ses mérites, les membres du peuple doivent en retour avoir pour lui un amour qui englobe toutes les dimensions et les ressources de leur personne. Dans cette relation avec Dieu, la crainte est équilibrée par la confiance. À maintes reprises, quand Dieu se manifeste à un individu, il l'invite à ne pas craindre, à ce moment précis ou la proximité de Dieu et de l'être humain est si étroite. Ainsi la foi bannit tout sentiment de peur humaine, à cause de l'assurance qu'apporte la présence amoureuse de Dieu. Tel est le cas de Marie, entre autres, au moment de l'Annonciation.

     Le Nouveau Testament fait un usage restreint de l'expression « crainte de Dieu ». Par contre, c'est ce sentiment qui habite les disciples lorsqu'ils discernent, dans un geste miraculeux de Jésus (par exemple lorsqu'il marche sur les eaux), la présence et l'action de Dieu. C'est la même chose qui se produit lors de la Transfiguration. Dans ces cas, la crainte de Dieu est identifiée à un sentiment d'émerveillement devant la transcendance de Dieu. Lorsque l'on dit que les premiers chrétiens vivaient dans la crainte de Dieu, on entend par là qu'ils s'efforçaient de mener une vie conforme à leur vocation d'enfants de Dieu et dans l'adoration de ce Dieu qui a mis en oeuvre sa puissance de salut en Jésus Christ.

Yves Guillemette

 

Pour lire la Bible sur la crainte...

• devant la présence de Dieu : Moïse : Exode 3,6; les Hébreux : Ex 20,18-19; Isaie : Isaïe 6,5; Marie : Luc 1,30; les bergers : Luc 2,9; les apôtres : Luc 5,9-11;

• comme invitation à la confiance - « Ne crains pas » : aux patriarches : Genèse 15,1; au peuple souffrant : Isaïe 41,10 et 13-14; aux apôtres : Marc 6,50; Mt 6,25-34; 10,26-31;

• comme expression de l'amour de Dieu : Deutéronome 6,2.5 et 13; Luc 1,50;

• comme don de l'Esprit : Isaïe 11,2;

• comme principe de la sagesse : Proverbes 1,7;

• comme équivalent de la piété : Sirac 1,11-20.

 

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