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Les mots pour le dire
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chronique du 26 octobre 2012

 

Chair

Hébreu : basar
Grec : sarx

Croyez-vous à la résurrection de la chair?

     Avant d'étudier en théologie, cette expression récitée à chaque messe m’intriguait. Je voulais bien y croire, mais je ne savais pas vraiment ce que ça signifiait. D’ailleurs, le savez-vous? En regardant la signification de la chair dans la Bible, nous éclairerons cette expression mystérieuse.

Basar : la chair dans l’Ancien Testament

     À la base, le mot hébreu pour désigner « chair » est basar. Ce terme peut signifier la viande ou la partie corporelle d'un être humain. Mais, il désigne aussi par extension la personne tout entière en complémentarité avec la néfesh (l’âme). Ces deux mots sont profondément unis. Les manuscrits de la mer Morte découverts à Qumrân montrent que l’expression pouvait même désigner l’humanité entière [1].

     Dans l’Ancien Testament, la chair est employée comme symbole de ce qui est vulnérable, de ce qui est naturellement faible et même sujet au péché chez une personne. On voit cette utilisation dans certains psaumes. De façon plus positive, le prophète Ézéchiel (36,26-27) annonce que pour la restauration d’Israël, Dieu va lui donner un cœur de chair par opposition au cœur de pierre. 

     Dans un esprit plus insolite, le mot chair est devenu un euphémisme pour évoquer le pénis (Lv 15,2). Cette expression est surtout utilisée dans les textes traitant de circoncision.

Sarx : la chair dans le Nouveau Testament

     Dans le grec du Nouveau Testament, c’est le mot sarx qu’on traduit par chair. Selon le contexte, il évoque le corps humain (Ac 2,31), la parenté (Rm 4,1), le mariage (Mt 19,5). Plusieurs passages utilisent soit l’expression « toutes chairs » pour indiquer tous les humains ou « aucune chair » pour dire « personne ».

     Dans les lettres de Paul, la chair est le siège de la passion et du péché. Dans ces textes, la chair devient même une personnification de la force du mal ennemi de Dieu et de l’Esprit. Cette conception est probablement inspirée de la doctrine de Platon où le corps est la prison de l’esprit. Dans cette lignée, la chair peut porter un réseau de connotations négatives lié à la faiblesse, la sexualité, la culpabilité et la mortalité des humains. « L’esprit est ardent, mais la chair est faible. » (Mc 14,38) Cette citation a souvent été utilisée pour excuser la faiblesse humaine devant les tentations de la vie.

« Je crois en la résurrection de la chair… »

     Que veut dire cette affirmation du credo? Est-ce qu’il s’agit d’une réanimation du corps tel qu’il était avant la mort? Lorsqu’on comprend que dans la Bible la chair est un symbole pour la personne entière, on peut comprendre que la résurrection est loin d’une immortalité de l’âme. Pour la philosophie grecque, le corps était voué à la destruction alors que l’âme pouvait aspirer à une vie après la mort. Ce qui n’est pas le cas de la résurrection des corps qui insiste sur l’unité de la personne (avec ses aspects physique et psychique) qui sera transformée par la résurrection.

     On a posé la question à saint Paul (1 Co 15,33) : « Comment les morts ressuscitent-ils? Avec quel corps reviennent-ils? » Il a répondu par une comparaison avec la semence : il y a autant de différences entre le corps de la résurrection et notre corps actuel qu’entre la plante adulte et la graine. L’espérance chrétienne affirme que notre personne entière sera ressuscitée. Nous serons complètement transformés par la résurrection. Ce qui est à l’opposé d’une réanimation de notre corps tel qu’il était avant la mort.

[1] 1 QM 17,7 indique qu’Israël dominera sur toute la chair (sur toute l’humanité).

Sébastien Doane

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