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chronique du 19 février 2016

 

Anathème : vouer à l’interdit


Hébreu : hérèm (vouer à l’interdit)
Grec : anathèma

Le lien entre violence et religion est très présent dans l’actualité. La tradition judéo-chrétienne porte dans ses écrits des traces des cultures anciennes dans lesquelles la violence et la religion s’articulaient très différemment d’aujourd’hui. Le mot anathème/hérèm est un bon exemple de la distance culturelle entre notre monde et celui de la Bible.

Le butin du Seigneur

     Dans le Proche-Orient ancien, le hérèm était la part du butin réservée au chef militaire après une conquête (Nb 21,2). En Israël, Dieu était vu comme le chef d’Israël : « C’est le Seigneur votre Dieu qui marchera avec vous, afin de combattre pour vous contre vos ennemis. »  (Dt 20,4) C’est donc à lui que revient le hérèm. Cette partie du butin était donc détruite pour que personne d’autre ne puisse s’en servir. Elle était « vouée à l’interdit (hérèm) ». De plus, après une victoire, une partie du bétail et des personnes vaincues (incluant leurs femmes, enfants et esclaves) étaient tués puisqu’ils appartenaient maintenant à Dieu [1]. Cette violence nous semble horrible, mais elle faisait partie des mœurs et coutumes de l’époque.

     Parfois, les biens étaient séparés entre les soldats. Mais, les habitants ennemis soumis étaient quand même voués à l’interdit, c’est-à-dire tués pour le Seigneur (Dt 2,35; Jos 8,2-14). Avec le temps, au lieu de détruire les biens, ceux-ci étaient donnés aux prêtres puisqu’ils représentent le Seigneur. Par ailleurs, les personnes « vouées à l’interdit » devaient être tuées (Lv 27,28-29).

     Les prophètes menacent même le peuple infidèle qu’il sera lui-même « voué à l’interdit » s’il ne change pas ses façons de faire. C’est ainsi qu’Isaïe interprète la destruction du Royaume du Nord (Is 43,28).

La séparation de Dieu et de la communauté

     En grec, c’est le mot anathème qui traduit l’interdit (hérèm) hébreu. On l’utilise pour se vouer soi-même au jugement de Dieu dans le cas d’un serment parjuré (Ac 23,14) ou pour vouer quelqu’un d’autre à la malédiction de Dieu (1 Co 12,3; 16,22; Ga 1,8). Être marqué d’anathème, c’est être séparé de Dieu dès maintenant et à jamais (Rm 9,3). Pourtant, l’Apocalypse (22,3) indique qu’il n’y aura plus d’anathème dans la Jérusalem céleste.

[1] Quelques exemples de hérèm : Nb 21,2; Dt 2,34; 3,6; 7,2; Jos 2,10; 6,16; Jg 1,17; 21,11; Mi 4,13.

Sébastien Doane

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