Jésus enseigne près de la mer. James Tissot, entre 1886 et 1894. Aquarelle, 17 x 23,5 cm. Brooklyn Museum, New York (Wikipedia).

Enseigner (enseignement)

Sylvain CampeauSylvain Campeau | 14 janvier 2019

Hébreu : limmad (d’où le mot Talmud)
Grec : didaskô

Dans le judaïsme, l’enseignement est l’une des tâches principales du rabbin qui cherche à actualiser pour ses contemporains les exigences de la torah. Il ne s’agit pas d’un exercice intellectuel mais plutôt d’une fonction qui ressemble à celle d’un guide : en s’appuyant sur les Écritures, il propose des pistes concrètes pour que la vie des membres de sa communauté soit conforme à la volonté de Dieu.

L’enseignement de Jésus

Le ministère de Jésus est ponctué par plusieurs scènes où il enseigne, la plus connue étant le Sermon sur la montagne (Mt 5,1-12 ou Lc 6,20-26). Mais le contenu de son enseignement n’est pas toujours précisé (par exemple en Mc 2,13 et 6,2). Il est un bon pédagogue et utilise un langage concret : il enseigne souvent en paraboles (Mc 4,1-9.21-32 par exemple). Il réserve certains enseignements au groupe restreint de ses disciples : il leur explique le sens de ses paraboles (Mc 4,13-20.33-34). Certains de ses gestes doivent être compris comme un enseignement : c’est le cas par exemple de l’exorcisme dans la synagogue de Capharnaüm (Mc 1,21-28).

Son enseignement est souvent radical. Il demande à ses disciples d’aimer leurs ennemis et de faire du bien à ceux qui les persécutent (Lc 6,28-36 ou Mt 5,38-48). Tout quitter pour le suivre n’entraîne aucun délai, même celui de rendre un dernier hommage à un parent décédé (Lc 9,59-60). Le suivre implique pour le jeune homme riche de vendre ses biens au profit des pauvres (10,17-22). Son enseignement sur les occasions de chute est aussi très radical et ne doit certainement pas être compris comme un encouragement à l’automutilation (relire Mc 9,42-50).

Il enseigne avec autorité et se démarque ainsi des scribes (Mc 1,22). Sauf dans les controverses, il ne cite pas les Écritures et ose même affirmer : « Vous avez appris qu’il a été dit […] Mais moi je vous déclare […] » (Mt 5,21-47). Jean explique cette prétention du rabbi de Nazareth en affirmant que l’autorité de Jésus repose sur celle de son Père (Jn 7,16s ; 8,28). Les premiers chrétiens ont reconnu en lui non seulement l’interprète de la Loi mais celui qu’ils devaient désormais suivre et écouter : « Je suis le chemin et la vérité et la vie : personne ne va au Père si ce n’est par moi » (Jn 14,6).

L’enseignement dans l’Église

Dans l’Église naissante, l’enseignement est l’un des éléments qui devait rythmer la vie des communautés (voir Ac 2,42). Les Actes parlent à plusieurs reprises de l’enseignement des apôtres (Ac 4,2; 5,21; 5,28, etc.). Cette fonction attribuée aux apôtres a peut-être inspiré un texte très ancien mentionné par plusieurs Pères de l’Église et intitulé « Enseignement du Seigneur transmis aux nations par les douze apôtres ». Écrit vers la fin du 1er siècle ou le début du 2e siècle, on le désigne souvent par le terme grec Didachè (à prononcer « didakè »). Paradoxalement, les apôtres ne sont pas mentionnés dans le texte lui-même. Le manuscrit contient un long enseignement moral, des prescriptions liturgiques et disciplinaires et se termine par une parénèse eschatologique.

Paul désigne l’enseignement comme un charisme (Rm 12,7), c’est-à-dire un don de l’Esprit qui permet de soutenir la vie chrétienne. Le principal enseignant est d’ailleurs l’Esprit Saint que les croyants et les croyantes ont reçu (Jn 14,26; 1 Jn 2,20.27).

Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.

Les mots pour le dire

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