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La peur du noir
Les enfants ont peur de la noirceur... et beaucoup d'adultes aussi! L'obscurité empêche de voir, faculté qui permet de se prémunir contre les dangers. Aussi, la noirceur invite au sommeil, état d'inconscience dans lequel on glisse dans l'imaginaire. On peut alors se convaincre de la présence de bêtes, d'insectes ou de tout autre être malveillant. Cette sensation d'inquiétude rattachée à la ténèbre remonte à la nuit des temps. Le langage populaire l'associe à plusieurs expériences marquées par l'inconfort, le doute et même la mort. Un texte sera qualifie d'«obscur» s'il est difficile à comprendre. Faire une dépression, c'est avoir des « idées noires ». Une activité clandestine est qualifiée de « marché noir » ou de « travail au noir ». Quand le malheur frappe, on vit dans la « misère noire ». Avoir de « noirs pressentiments », c'est sentir que la mort n'est pas très loin. On qualifie de « messe noire » ou de « magie noire » un rituel accompli pour invoquer les forces du mal plutôt que la bonté du Seigneur.
Il n'est pas surprenant alors que le symbolisme rattaché à la ténèbre se situe dans la sphère des expériences humaines négatives : inconscience, mal, incrédulité, danger, forces hostiles, indétermination, mort. Mais la valeur symbolique de l'obscurité n'est pas toujours négative. La ténèbre sert aussi à illustrer un état de préexistence, d'avant-naissance comme le temps qui précède la création de la lumière ou les neuf mois passés dans le sein maternel.
Dans la Bible, la ténèbre symbolise plusieurs dimensions de l'expérience humaine. Elle caractérise l'univers avant la création (Genèse 1, 2). Cela représente le non-être. Job désire retourner dans le sein maternel, là où règne l'obscurité d'avant la naissance (3, 3-10) Il exprime ainsi son désir de n'avoir jamais existé. La tenèbre fait aussi référence à l'envers de la création dans les images apocalyptiques du livre de Joël (2, 1-2). Le prophète annonce l'arrivée du Jour de Yahvé. Alors que le peuple attendait ce jour comme une grande libération, le prophète le voit comme un retour à l'état chaotique des origines.
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l'abîme, et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit ». Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne et Dieu sépara la lumière des ténèbres (Genèse 1, 1-5).
Pour lire la Bible... dans la ténèbre...
• La ténèbre avant la création : Joël 2, 1-2
• La ténèbre avant la naissance : Job 3, 3-10
• Yahvé, créateur de la ténèbre : Isaïe 45, 7
• La ténèbre, signe de malheur: Isaïe 8, 23
Suite de
la série :
Le noir et le mal
Chronique
précédente :
La Transfiguration