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Symbole biblique
  montagne
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chronique du 8 septembre 2006
 

La tour

L’effondrement ahurissant des tours jumelles de New York, le 11 septembre 2001, restera gravé dans la mémoire des générations futures. Depuis le Moyen Âge, chaque ville tenait à sa tour qui rivalisait en hauteur et en beauté avec celle de la ville voisine. Ceux qui fréquentent la Bible se sont rappelés l’épisode de la tour de Babel. Avant que Dieu n’appelle Abraham les hommes avaient décidé de construire une tour dont le sommet rejoindrait le ciel. Dieu décida alors d’intervenir et de confondre les langues des hommes. La tour était devenue le symbole de l’orgueil humain qui veut se passer de Dieu. Le symbole de la tour est ancien : il est ancré dans le tréfonds de la conscience humaine.
 

La tour de Babel

Pierre Bruegel
La tour de Babel
1563
Huile sur bois, 114 x 155 cm
Kunsthistorisches Museum, Vienne

L’Église, une tour en construction

   Les judéo-chrétiens de Rome avaient exploité le symbole de la tour comme signifiant l’Église. Ils l’ont hérité de la Synagogue qui définissait le Temple de Jérusalem comme une tour. Dans la vision 3 et la Similitude 9 du Pasteur d’Hermas, l’Église est décrite comme une tour en construction. C’est dire qu’elle n’est pas achevée et qu’elle ne le sera qu’au dernier jour, lors de la Parousie. Son achèvement est retardé pour permettre à tous la pénitence. Il convient de citer le texte de la Vision 3 qui exploite toutes les valences de la tour et des pierres de construction :

« Tu vois en face de toi une grande tour qu’on bâtit sur les eaux avec de brillantes pierres carrées. Six jeunes gens sont venus avec elles. Les pierres retirées du fond des eaux s’agençaient et s’emboîtaient parfaitement aux jointures avec les autres pierres…La tour que tu vois construire c’est l’Église. Je demandai : Pourquoi la tour est-elle bâtie sur les eaux ?

-Parce que votre vie a été sauvée par l’eau et le sera encore. La tour a été érigée par la parole du Nom tout-puissant et glorieux et elle est maintenue par la force invisible du Maître.

-Les six jeunes gens qui bâtissent , qui sont-ils ?
-Ce sont les saints anges de Dieu, les premiers créés à qui le Seigneur a confié toute sa création. C’est par eux que sera achevée la construction de la tour.

Les pierres carrées blanches s’agençant bien entre elles ce sont les apôtres, les évêques, les docteurs, les diacres qui ont marché selon la sainteté de Dieu et qui ont exercé leur ministère pour les élus de Dieu… Et toujours ils se sont accordés entre eux.

Les pierres qu’on tire de l’eau et qu’on pose sur la construction et qui s’agencent bien sont ceux qui ont souffert pour le nom de Dieu. Celles qui entrent dans la construction sans être équarries ce sont ceux que le Seigneur a approuvés parce qu’ils marchent dans la voie droite du Seigneur et qu’ils ont respecté parfaitement ses commandements. Celles qu’on repoussait et qu’on rejetait, ce sont ceux qui ont péché et qui veulent faire pénitence ».

Les divers calibres de pierre

« Les pierres qu’on brise et qu’on jette loin de la tour ce sont les fils d’iniquité. Les pierres qui ont des fêlures ce sont ceux qui gardent dans leur coeur une rancune mutuelle et ne font pas régner la paix entre eux tout en gardant un masque de paix.

Les pierres blanches rondes qui ne peuvent s’adapter à la construction ce sont ceux qui possèdent la foi, mais aussi les richesses du monde. Quand arrive l’épreuve à cause de leurs richesses et de leurs affaires, ils renient le Seigneur
Tu vois sept femmes autour de la construction. La première qui de ses mains domine s’appelle la foi. C’est par elle que sont sauvés les élus du Seigneur. La suivante qui a une ceinture et un air viril s’appelle continence : c’est la fille de la foi… Les autres sont filles l’une de l’autre et s’appellent simplicité, science, innocence, sainteté et charité. Si tu accomplis toutes les oeuvres de leur mère tu pourras vivre. »

La théologie de ce texte

   Ce beau texte sur la tour est d’une richesse théologique considérable. Tous les croyants sont des pierres vivantes appelées à entrer dans la construction de l’Église. Les pierres placées les unes sur les autres doivent se supporter. Elles doivent accepter de prendre la même forme, d’être taillées pour entrer dans la même construction. Les anges de Dieu sont les maçons envoyés par Dieu pour accélérer la construction. La dimension féminine n’est pas absente de l’Église, puisque sept femmes tournent autour de la tour. Les vertus chrétiennes pratiquées doivent permettre aux non croyants de découvrir le visage maternel de l’Église.

   Enfin il faut signaler que la tour est bâtie sur les eaux, symbole en Orient des forces du mal. La vie ecclésiale sera toujours une lutte, une conversion et un appel au repentir. La construction de la tour est solide cependant : les forces du mal ne pourront pas la détruire.

Frédéric Manns, OFM

Source : La Terre Sainte, mars-avril 2002, pp. 97-99.

Chronique précédente :
Le chandelier