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Symbole biblique
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chronique du 23 mai 2014

 

Les entrailles, symboles de l’amour de Dieu

tendresse maternelle

(photo © Yevgen Chornobay, 123RF)


Est-ce qu’il y a un mot plus repoussant et plus dépassé que le mot « entrailles »? Je parie que vous ne vous en servez que très rarement lors de vos conversations familiales. Pourtant il s’agit d’un des plus beaux symboles bibliques. Quoi de mieux que le sein maternel pour évoquer les émotions les plus intimes?

     Le français emprunte un mot grec pour désigner le fait de se rendre sensible aux souffrances de quelqu’un d’autre : l’empathie. Développer son empathie, c’est tenter de comprendre les sentiments et les émotions d’un autre individu. C’est se mettre à la place de l’autre. Pour ce concept abstrait, l’hébreu biblique va prendre le mot « rahamim » qui veut dire littéralement : le sein maternel, l’utérus ou les entrailles. On en comprend que l’empathie dans la Bible est comme le lien viscéral entre une mère et l’enfant en elle. Cette image de l’amour plein de tendresse d’une mère pour son enfant est utilisée à plusieurs endroits dans la Bible pour décrire le regard de Dieu sur son peuple.

« Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher, un enfant tellement préféré, pour qu’après chacune de mes menaces je doive toujours penser à lui, et que mes entrailles s’émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse? » (Jérémie 31,20

Malheureusement, la traduction de cette image par les mots pitié, compassion et miséricorde décrivent mal toute l’émotion et l’intimité du mot « rahamim ».  

     Dans le Nouveau Testament, c’est « splanchna » qui évoque cette même image. Littéralement, ce mot veut dire « entrailles ». En grec, on dit qu’on « a des entrailles pour quelqu’un » pour exprimer l’idée d’être ému et d’éprouver un sentiment intense de compassion. À plusieurs reprises, c’est de la façon dont on décrit le regard de Jésus pour une personne malade ou une foule. « En débarquant, il vit une grande foule; il fut pris de pitié (ému aux entrailles) pour eux et guérit leurs infirmes. » (Mt 14,14)

     Les chrétiens sont appelés à faire de même : « Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. » (Col 3,12) Pris au pied de la lettre, ce verset semble complètement dégoutant. Pourtant lorsqu’on connait le symbole des entrailles, on voit comment il évoque les sentiments les plus profonds et intimes.

     Nous avons besoin d’« entrailles de miséricorde » dans nos familles, entre conjoints, entre collègues de travail et même entre membres d’une communauté chrétienne. Le symbole des entrailles nous permet de surmonter les conflits et de voir l’autre avec tout l’amour des yeux d’une mère pour son enfant.

Sébastien Doane

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