soleil

Vue du lever du soleil sur la mer de Galilée, depuis le mont Arbel (rndms / 123RF).

Le Seigneur est mon rocher

Sylvain CampeauSylvain Campeau | 20 février 2023

Le symbole du roc ou du rocher en tant que refuge est évoqué à plusieurs reprises dans la Bible hébraïque. Seulement dans le livre des Psaumes, on compte au moins 18 occurrences de ce thème symbolique important. Pour Israël, le Seigneur est un rocher ; il est également appelé « le » Rocher, pour souligner que le peuple peut toujours compter sur la protection de son Dieu, s’il respecte les conditions de l’Alliance.

Le Deutéronome

Le symbole apparaît d’abord au chapitre 32 du Deutéronome dans un cantique au Rocher d’Israël :

Reconnaissez la grandeur de notre Dieu.
Lieu, le Rocher, son action est parfaite,
Tous ses cheminements sont judicieux ;
C’est le Dieu fidèle, il n’y a pas en lui d’injustice. (32,3-4)

Si les adversaires d’Israël peuvent aussi compter sur la protection de leurs divinités, celle de Yahvé n’est pas comparable (voir 32,31). Mais cette protection est soumise à l’épreuve de la fidélité d’Israël. Ce cantique attribué à Moïse rappelle les termes de l’Alliance qu’on peut qualifier de « bilatérale » : les fautes d’Israël déshonorent « son Rocher » (32,15) ;  et les fautes sont bien plus graves quand Israël néglige ou oublie Celui qui l’a « engendré » (32,18). Sans doute composé au temps de l’exil, le cantique rappelle les événements de l’exode pour simuler un genre de procès qui explique l’épreuve de la déportation mais qui, en même temps, affirme qu’Israël n’est pas condamné car la fidélité de Yahvé est sans faille : il peut accorder son salut si le peuple revient vers lui.

Le rocher de David

L’image est reprise dans le cycle de David : ce roi est considéré, par plusieurs rédacteurs de la Bible comme l’élu de Dieu, un modèle pour les souverains qui lui succéderont.

J’ai le Seigneur pour roc, pour forteresse et pour libérateur. Dieu, le rocher où je me réfugie, mon bouclier, l’arme de ma victoire, ma citadelle, mon asile, mon sauveur, tu me sauves des violents. […] Vive le Seigneur! Béni soit mon roc! Que triomphe Dieu, le roc de ma victoire! (2 Samuel 22,2-3.47)

Au chapitre suivant, David prononce des paroles considérées comme prophétiques où l’image du « Rocher d’Israël » est reprise pour parler de la justice divine (voir 23,2-3).

Le livre d’Isaïe

On observe une certaine évolution du symbole chez ce prophète où le Rocher est plus qu’une défense passive : il fera plier les nations en passant à l’offensive.

Faites confiance au Seigneur pour toujours, au Seigneur, le Rocher éternel, car il fait plier ceux qui habitaient les hauteurs et il abat la cité inaccessible (26,4-5)

Le symbole est aussi évoqué pour affirmer l’unicité du Dieu d’Israël :

Ne m’en êtes-vous pas témoins? Y a-t-il un dieu en dehors de moi? Assurément, il n’existe aucun Rocher, dont je n’aurais pas connaissance! (44,8)

Si vous avez eu la chance de visiter la Terre Sainte, vous avez sans doute remarqué l’omniprésence de la pierre dans les paysages. Comme le disait Robert David dans un entretien qu’il m’a accordé : dans un pays où l’on peut voir de la pierre partout, affirmer que Dieu est un rocher, c’est dire qu’il est toujours avec nous, dans toutes les situations que nous traversons.

Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.

Les mots pour le dire

Symboles bibliques

Cette rubrique est consacrée aux symboles bibliques et paléochrétiens. L'écriture de la Bible n'aurait pas la même saveur sans ces images et leur puissance d'évocation qui réussissent souvent à exprimer l'indicible.