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Coups de coeurs
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chronique du 19 septembre 2000
 

Qu'est-ce qu'on dit?...

 

- ... Merci! C'est le petit mot que, dès notre jeune âge, nos parents nous ont appris à dire, parfois avec insistance, chaque fois que nous recevions quelque chose, du simple bonbon au plus beau cadeau. Ce petit mot agissait parfois comme un frein ou un élastique quand, dans notre excitation, nous avions tendance à quitter les lieux trop rapidement. Il arrivait à l'occasion de commettre un oubli, toujours à cause de la fameuse excitation. Mais quelle fierté lorsqu'un merci bien sonore ne passait pas inaperçu. Au moins nos efforts pour agir en enfant bien élevé étaient remarqués et reconnus. Et maintenant, si nous allons à l'étranger, le mot «merci» est souvent le premier que nous voulons apprendre dans la langue du pays: grazie, thanks, todah rabbah, danke schöne, eucharistô,...

Du merci à l'action de grâces

     À une époque plus ancienne, le mot «merci», au féminin, était synonyme de «grâce, pitié». Crier merci, c'était demander grâce. C'est d'ailleurs un vocable de la Vierge Marie: Notre-Dame-de-la-Merci. Par la suite, au masculin, le mot devint un terme de politesse pour exprimer sa reconnaissance envers quelqu'un.

      Dire merci est devenu une formule de politesse ou un terme de civilité. Rendre grâces revêt par contre une signification plus profonde. L'action de rendre grâces contient un mouvement vers l'autre en même temps que la reconnaissance d'un bienfait reçu. Dans l'ensemble de la Bible, l'action de grâces est une confession de foi envers Dieu qui comble son peuple de bénédictions. La réponse du croyant est donc de bénir Dieu à son tour. Dans le Premier Testament, l'action de grâces s'exprime par la louange de Dieu dont on reconnaît les merveilles dans son agir en faveur de son peuple et revêt des sentiments de joie: «Criez de joie, les justes, pour le Seigneur, aux cœurs droits convient la louange. Rendez grâces au Seigneur sur la harpe, jouez-lui sur la lyre à dix cordes» (Ps 33, 1-2). L'action de grâces jaillit du cœur des croyants lorsque l'on reconnaît l'action salvifique du Seigneur, tant dans la vie individuelle que communautaire. On saisit alors chaque bienfait de Dieu comme un moment d'une grande histoire qui est toujours en cours de réalisation, tendue vers la plénitude du salut.

      Dans le Nouveau Testament, on voit Jésus rendre grâces à son Père pour l'accueil que les petits et les pauvres réservent à la Bonne Nouvelle (Mt 11, 25-27). L'offrande de sa vie sera pour Jésus l'action de grâces par excellence, la consécration de sa vie au Père pour faire participer les humains à la vie de Dieu. Après la résurrection, les chrétiens rendront grâces à Dieu pour le Christ Jésus, la merveille des merveilles de Dieu, la manifestation définitive du salut offert au genre humain. La lettre aux Éphésiens s'ouvre notamment sur une majestueuse bénédiction dans laquelle on rend grâces à Dieu qui, en Jésus, son Fils bien-aimé, réalise notre adoption filiale: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. C'est ainsi qu'Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour...» (Ep 1, 1-4). Dans chacune de ses lettres, l'apôtre Paul ne cesse de rendre grâces à Dieu pour le don de son Fils ainsi que pour les chrétiens qui, par la foi au Christ, sont entrés dans la vie nouvelle des enfants de Dieu.

Au-delà des fruits et légumes

      Dans quelques jours, nous allons célébrer la fête de l'Action de grâces. Cette fête souligne la fin des récoltes d'automne et veut exprimer notre reconnaissance pour les produits de la terre. Dans la religion juive, la fête de soukkôt remplit la même fonction. D'abord une fête des récoltes durant laquelle on séjournait sous la tente dans les champs, elle a pris une dimension historique commémorant le séjour au désert du peuple hébreu.

      C'est une bonne chose de consacrer une journée pour rendre grâces au Créateur pour les fruits de la terre, même si l'été que nous venons de vivre n'a pas été des plus favorables aux cultures. C'est aussi une façon de reconnaître notre appartenance et notre dépendance vis-à-vis de la Terre.

      En tant que chrétiens et chrétiennes, notre action de grâces devrait aussi se déployer en un mouvement plus large. Même si l'année n'est pas encore terminée, le Jour de l'Action de grâces permet de jeter un regard de foi rétrospectif sur les événements vécus pour y reconnaître les signes de l'agir de Dieu. Comment nous sommes-nous rapprochés du Seigneur? Quel chemin avons-nous parcouru dans notre marche à la suite du Christ? Quelles transformations notre foi au Christ a-t-elle opérées dans notre vie? Nous avons sans doute plusieurs motifs de rendre grâces à Dieu. Il suffit de visiter notre vie pour y reconnaître la présence de l'Hôte intérieur. Alors, qu'est-ce qu'on dit?

 

Yves Guillemette, ptre

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