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Coups de coeurs
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chronique du 5 novembre 2002
 

Hé! Je te reconnais, toi!

 

D'ici deux semaines, nous aurons terminé la lecture continue de l'Évangile selon saint Matthieu qui a occupé la liturgie de la Parole de nos célébrations eucharistiques. Le dernier extrait que nous proclamerons, en la fête du Christ-Roi, est la description du jugement universel (Mt 25, 31-46). C'est avec cette fresque impressionnante que l'évangéliste met un terme à sa présentation de l'enseignement de Jésus, et à son ministère public qui avait commencé avec le discours sur la montagne.

     La scène est majestueuse. Deux figures retiennent notre attention. D'abord celle du Fils de l'homme qui rappelle le fils d'homme du livre de Daniel (chapitre 7). L'accent est mis sur la fonction de juge universel. Jésus s'est souvent attribué cette appellation, soit pour s'identifier au genre humain, soit pour évoquer le discernement qu'il est venu opérer par les hommes en tant qu'envoyé du Père. Mais une seconde figure, celle du berger, se superpose à la première. La sévérité du juge est atténuée par la sensibilité du pasteur. On reconnaîtra ici une allusion au discours d'Ézéchiel sur les pasteurs d'Israël (chapitre 34). Mais c'est surtout un rappel final de toutes les situations où Jésus a été ému de compassion devant les gens qui étaient comme des brebis sans berger. Cette fresque grandiose nous transporte au terme de l'histoire du salut et nous présente Jésus dans sa double fonction de juge et de pasteur, entouré de l'humanité entière, et non seulement de ceux qui auront été ses disciples.

     Il est donc question d'un jugement qui porte sur l'agir des êtres humains et qui repose sur un critère universel, accessible à tous : la charité. Il s'agit ici de la charité qui puise à sa source : l'Amour divin dont Jésus a été le témoin authentique. Cette pratique de la charité résume tout le discours sur la montagne. On y trouve en particulier l'accomplissement des béatitudes et de la règle d'or : «Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux : voilà la Loi et les Prophètes » (Mt 7, 12). Il y a aussi un écho de l'avertissement : il ne suffit pas de dire : « Seigneur! Seigneur! » pour être disciple de Jésus (Mt 7, 21), il faut d'abord faire sur terre la volonté du Père qui est aux cieux, comme on le dit si souvent dans la prière enseignée par Jésus (Mt 6, 10).

     Jésus cite en exemple des œuvres de miséricorde avec lesquelles les juifs de son temps étaient déjà familiers : donner du pain à celui qui a faim; donner à boire à celui qui a soif; vêtir celui qui est nu; visiter les malades; accueillir l'étranger; visiter ceux qui sont en prison. Certaines faisaient partie des prescriptions de la Loi. Mais Jésus apporte un élément nouveau en révélant qu'il a été rejoint personnellement à travers les oeuvres inspirées par la charité, car il les considère comme ayant été faites à ses frères et soeurs.

     Mystérieuse présence pas toujours reconnue, mais atteinte par ceux et celles qui, sans même avoir été ses disciples, auront agi avec un amour authentique et généreux, de qualité divine. Mais quelle responsabilité pour les disciples en qui Jésus souhaite reconnaître sa miséricorde à l'oeuvre ! Eux aussi sont ses frères et ses sœurs. Quelle joie y aura-t-il dans le ciel lorsque chacun verra le Christ dévoiler sa présence au plus intime de l'autre! Quelle explosion de joie lorsque chacun pourra s'exclamer à qui mieux mieux : « Hé! je te reconnais, toi, mon frère, ma soeur, mon Seigneur! ».

Yves Guillemette, ptre

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