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Jésus, mystère de pauvreté
Nous entrons d'ici quelques jours dans la Semaine Sainte. Cette semaine revêt un caractère unique, car elle nous fait entrer dans le mystère de Jésus. De toute évidence, il ne s'agit pas de vivre cette semaine comme si le Christ Jésus mourait et ressuscitait une nouvelle fois. Si nous faisons mémoire de la passion et de la mort de Jésus, c'est parce qu'il est désormais ressuscité, et à tout jamais vivant en nous et dans son Église, par son Esprit : Dieu l'a élevé au-dessus de tout,...afin que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur», pour la gloire de Dieu le Père (Philippiens 2, 10-11). Les diverses célébrations des Jours Saints visent donc à nous laisser imprégner par un Amour qui ne cessera jamais de nous étonner et de nous émerveiller.
La mort de Jésus est une manifestation, une épiphanie, de l'amour de Dieu. En nous donnant son Fils, Dieu nous a fait voir combien il est proche des êtres humains; tellement proche qu'il est devenu l'un des nôtres. Comme le chante si bien l'hymne de la lettre aux Philippiens, le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être l'égal de Dieu; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur (Ph 2, 6-7).
Toute la vie de Jésus fut un service rendu à Dieu et aux hommes. Il a passé sa vie à faire la volonté du Père qui voulait attirer à lui tous les hommes. Pour ce faire, Jésus s'est dépossédé de tout esprit de propriété et de repli sur lui-même. N'ayant pas voulu se posséder, il fut transparent à l'amour, à la bonté, à la tendresse de Dieu. Il a laissé toute la place à Dieu afin que tout être humain puisse connaître Dieu dans toute la vérité de son amour. L'humanité de Jésus est pauvre d'elle afin de nous rendre riches de la vie de Dieu.
Jésus est complètement dépossédé de lui-même, jusqu'à donner ce qu'un homme possède de plus précieux, sa propre vie : Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix (Ph 2, 7-8). Il n'y a pas d'humanité plus pauvre que celle de Jésus. Mais dans sa pauvreté et son humilité, il n'y a pas d'humanité plus riche, car elle est tout entière habitée par Dieu. Le mystère que cache Jésus est un mystère de pauvreté et de dépouillement.
Nul autre que Jésus n'a vécu les Béatitudes de la pauvreté et de la pureté du cœur dont la récompense est de voir Dieu. Voir Jésus, c'est voir Dieu en transparence. Heureux sommes-nous de rencontrer Jésus sur notre route car c'est déjà voir Dieu, même si cette vision est encore limitée. Mais pour entrer dans ce mystère, faut-il acquérir à notre tour cette pauvreté du cœur qui nous fera vouloir et réaliser, pour nous-mêmes, le salut que Dieu nous offre dans son Fils.
Yves Guillemette, ptre
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