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Coups de coeurs
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chronique du 1er février 2005
 

Quarante jours de désert

 

Nous voici entrés dans le temps du carême, période intense de la vie chrétienne. Aux 2e et 3e siècles, un jeûne de deux jours tenait lieu de préparation immédiate à la fête de Pâques. Les chanceux! se diront ceux qui s'astreignent à certaines privations durant les 40 jours du carême. Mais cette pratique a connu une évolution assez rapide. À partir du 4e siècle, le carême s'organise autour de la préparation des catéchumènes au baptême. Solidarité chrétienne oblige, on demande alors aux baptisés d'accompagner les catéchumènes en priant, en jeûnant et en participant aux catéchèses sur le Credo. Le carême devient alors pour les chrétiens un temps de renouvellement de leur vie de foi, en puisant à la source vive de la mort et de la résurrection du Christ.

     Eusèbe, évêque de Césarée, est le premier témoin de l'existence du carême. Il écrit dans son histoire de l'Église : «Avant la fête (de Pâques), pour nous préparer, nous nous exerçons pendant quarante jours en imitant le zèle des saints Moïse et Élie». On peut aussi ajouter l'imitation du séjour de Jésus au désert durant quarante jours. C'est ainsi qu'apparaissent les deux grands symboles du carême : le chiffre 40 et le désert.

     Le chiffre 40 désignait les années d'une génération, comme celle des Hébreux qui ont connu la marche au désert, comme les 40 ans de règne de David. On a aussi appliqué ce chiffre à une période de temps indéterminée : les 40 jours et 40 nuits du déluge ou du séjour de Moïse sur le Sinaï; les 40 jours de la marche d'Élie vers le mont Horeb il fera l'expérience de la rencontre de Dieu; les 40 jours de Jésus au désert avant le commencement de son ministère; les 40 jours de préparation des disciples de Jésus en vue de leur mission. Comme on le voit, le chiffre évoque un temps de mise à l'épreuve de la relation du croyant avec Dieu, ou bien un temps de préparation intense avant de s'engager dans une nouvelle étape de l'histoire du salut. En ce temps de carême, nous avons 40 jours à notre disposition pour entrer en dialogue avec Dieu, pour approfondir notre foi en Jésus Christ, pour nous mettre à l'école de l'Évangile, pour reprendre contact avec l'essentiel.

     Et si, pour vivre ce temps de carême, nous prenions la route du désert? Mais attention! Le désert, dans l'univers biblique, peut être un lieu d'épreuve, de solitude et de sécheresse spirituelle; un repaire des puissances maléfiques et hostiles aux êtres humains. Parlons-en aux Hébreux qui ont dû faire la preuve de leur fidélité aux exigences de l'alliance, car le Seigneur voulait connaître le fond de leur cœur (cf. Deutéronome 8, 2-3). Mais il peut aussi être un lieu de préparation à une mission, de rencontre et d'intimité avec Dieu, de confiance absolue en sa Parole. Élie ou Jésus pourraient en témoigner.

     Les récits de séjours au désert nous montrent que les gens y pénètrent, la plupart du temps, forcés par les circonstances et avec un sentiment d'appréhension. Jésus y sera notamment conduit par l'Esprit. Qu'il soit géographique ou spirituel, le désert oblige la personne humaine à une confrontation avec elle-même, à une plongée dans les profondeurs de son être, avec tout ce que cela comporte de découvertes tantôt réconfortantes tantôt décevantes. Mais rassurons-nous! L'expérience du désert s'avère habituellement féconde. En effet, on ne peut traverser le désert qu'en portant l'espérance d'une terre accueillante, d'une conversion, d'une rencontre de Dieu.

 

Yves Guillemette, ptre
Directeur du Centre biblique et du Site InterBible
Curé de la Paroisse Saint-Léon de Westmount
Président de la Société catholique de la Bible

 

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« Nous sommes venus l'adorer »