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Boire à la Source d'eau vive
Quoi de plus rafraîchissant, de plus désaltérant,
durant une randonnée, que de boire l’eau d’une source.
Son eau vive et pure est offerte gratuitement. Chacun peut puiser à
cette eau qui se renouvelle sans cesse. À la voir couler d'abondance,
on ne peut qu'en avoir soif. C'est une eau que l'on aime partager avec
d'autres. Il y a plus de joie et de satisfaction à boire l'eau
de la source que celle du robinet. Nous avons l'impression de communier
aux secrets de la nature, peut-être parce qu'elle est un don qui
jaillit d'un lieu que l’on imagine caché dans les profondeurs
de la terre. Ce caractère un peu mystérieux n'éveille-t-il
pas notre curiosité ? D'où provient cette eau ? Quel chemin
parcourt-elle ? Comment cette eau qui jaillit de la terre est-elle si
pure et si limpide ?
Il n'est pas étonnant que la Samaritaine ait vu une occasion en or dans la promesse de Jésus de lui donner une eau vive, jaillie d’une source qui ne se tarirait jamais. Elle la voyait déjà couler à sa porte. Femme au sens pratique, elle économiserait ainsi temps et énergie en n'ayant plus à parcourir chaque jour de nombreux kilomètres pour se rendre, sous un soleil ardent, au puits de Jacob. Et pourtant ce n'est pas ce type d'eau vive que Jésus lui promet comme un don de Dieu. Il a plutôt en vue une eau qui jaillit en vie éternelle. Voilà de quoi étonner la Samaritaine. Mais en la faisant rêver, Jésus a au moins le mérite d'éveiller sa curiosité et de disposer son cœur à accueillir les paroles de vérité qu'il s'apprête à lui révéler.
Jésus, source d'eau vive
Jésus a l'initiative de la conversation. Il se présente d'abord à la Samaritaine dans une situation de pauvreté: il a besoin de l'eau qu'elle est venue puiser au puits de Jacob. Mais il a tôt fait de renverser la situation. Par sa question Si tu savais le don de Dieu..., Jésus éveille chez cette femme une curiosité qui la conduira à puiser dans son existence des questions qui lui tiennent à cœur et qui la mettront sur le chemin de la découverte et de l'accueil de Dieu en Jésus.
Le discernement dont Jésus fait preuve à propos de sa vie conjugale a un impact déterminant dans son cheminement. Du Juif qui, malgré les interdictions, ose lui parler et qui se montre au surplus plus grand que son ancêtre Jacob, elle découvre en Jésus un homme qui a les qualités d'un prophète, car il sait lire dans les profondeurs du cœur. Jésus met ainsi la Samaritaine en face de sa situation de pauvreté qui est constituée d'une série de relations amoureuses insatisfaisantes et rompues. La femme découvre un trait de sa pauvreté humaine qui lui donnera soif du projet de Dieu sur elle.
Considérant que Jésus a la limpidité des hommes de Dieu et qu'il lui témoigne du respect malgré sa situation, la Samaritaine s'enhardit pour aborder le problème épineux de la division religieuse entre son peuple et les Juifs. Même si la question porte sur le problème concret du véritable lieu de culte, on sent à travers sa question l'expression d'une pauvreté spirituelle: elle ne semble pas satisfaite de sa relation avec Dieu. Là encore Jésus révèle à cette chercheuse de Dieu que les authentiques adorateurs de Dieu sont animés par l'Esprit et attirés par la vérité de Dieu. C'est à cette étape de la conversation que la Samaritaine reconnaît en Jésus l'envoyé de Dieu, le Messie.
On remarque que Jésus s'est montré sympathique aux questions de la Samaritaine. Il s'est fait proche du cheminement de cette femme en la prenant là où elle était. Il a accueilli sa pauvreté pour l'enrichir de la révélation de Dieu. Se montrant attentif à ses préoccupations bien concrètes, Jésus l'a amenée progressivement à reconnaître qu'il était, lui, le don de Dieu, cette eau vive que les Écritures associent à la révélation de Dieu, à travers la sagesse de sa Loi et de sa Parole.
Jésus, une eau vive pour nous
Jésus se comporte avec nous comme il le fit avec la Samaritaine. Sa Parole, toujours offerte, ne cesse de susciter en nous le désir de le connaître, malgré certaines maladresses ou certaines méprises de notre part. Il est souvent difficile d'avouer ou d'accepter nos pauvretés, faites des insatisfactions et des échecs accumulés au cours de notre vie. Si nous regardons également autour de nous, nous apercevrons d'autres pauvretés. La recherche d'une meilleure qualité de vie n'est-t-elle pas une recherche inavouée du sens de la vie ? L'usage de la drogue chez les jeunes n'est-il pas le cri d'alarme d'une génération en mal de vivre ? La violence sous toutes ses formes n'est-elle pas l'aveu d'un manque d'amour ?
Face à nos pauvretés, nous hésitons parfois à nous laisser rejoindre par la Bonne Nouvelle de Jésus, car ce n'est qu'avec un certain effort que l'on perçoit son impact dans notre vie de tous les jours. Et pourtant, tout ce qui constitue notre expérience de vie quotidienne a de la valeur pour Jésus. C'est là qu'il nous interpelle et se fait désirer, qu'il s'offre comme le don de Dieu.
En Jésus qui nous a aimés de l'amour même de Dieu jusqu'à donner librement sa vie, Dieu accomplit le salut dans notre vie d'homme et de femme. Et ce salut, c'est le jaillissement de la vie éternelle, la propre vie de Dieu. Cette vie qui est la nôtre, que nous voulons pleine, heureuse, riche de signification, illimitée, Jésus y fait couler en abondance l'eau vive qui a saveur d'éternité et de plénitude.
La rencontre de Jésus avec la Samaritaine nous indique que Jésus est la source d'eau vive toujours offerte, qui répand en abondance l'amour gratuit de Dieu. Comme ce fut le cas pour la Samaritaine, il nous faut désirer boire à cette source d'eau vive, faire un détour pour nous approcher de Jésus et, par l'écoute de sa parole, étancher notre soif de vie et d'amour.
Chronique
précédente :
Le suivi au baptême de Jésus