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Coups de coeurs
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chronique du 21 décembre 2010
 

Quel nom avez-vous choisi pour votre enfant?

C’est la question que des futurs parents se font souvent poser. C’est aussi la question à laquelle ils doivent répondre quand ils présentent leur nouveau-né à leurs parents et amis. Marie, Joseph, quel nom avez-vous choisi pour votre enfant? J’essaie d’imaginer l’expression de leur visage, eux qui, d’après les récits évangéliques, se sont fait imposer d’En-haut le nom de Jésus, qu’ils devront donner à leur petit. Zacharie et Élisabeth avaient vécu un peu la même expérience : la famille et les voisins pensaient qu’ils donneraient à leur petit le nom de Zacharie junior, mais ce ne fut pas le cas. L’enfant allait s’appeler Jean, Yohannan, « Le Seigneur fait grâce ».

L’importance du nom

     Le choix d’un prénom pour un enfant est une tâche délicate dont les conséquences à long terme doivent être envisagées. Le couple prénom et nom de famille constitue l’identité d’une personne et reflète son unicité, non seulement dans les registres de l’état civil et de l’Église si baptême il y a, mais aussi en tant qu’individu dans la société. Ainsi donc, on n’a pas l’habitude de choisir un prénom à la légère, car il faut penser à l’adulte que deviendra l’enfant. Il est d’usage de se poser certaines questions. Sera-t-il heureux, sera-t-elle fière de porter le prénom choisi par les parents? A-t-on pensé à la consonance du prénom et du nom de famille? Ou à la longueur que prendront un prénom composé joint à un nom de famille lui aussi composé? Donnera-t-on un prénom rappelant un saint ou une sainte, voire un personnage biblique à condition que ce dernier jouisse d’une bonne réputation? Ce sont là quelques questions parmi d’autres.

     Dans la société israélite où l’on ne connaissait pas les noms de famille, une personne s’identifiait en se référant à son père et parfois au père de son père. Ainsi en-est-il d’Isaïe, fils d’Amoç; de Jérémie fils de Hilquiyahu; de David, fils de Jessé; de Jean et de Jacques, fils de Zébédée. De Jésus, les gens de Nazareth diront qu’il est fils de Joseph.

     Il faut aussi porter attention à la composition des noms qui dans certains cas annoncent la mission de celui qui le porte, quitte à changer son nom. On pense à Abram qui devient Abraham : père d’un grand peuple; ou à Simon qui reçoit le nom de Képhas, Pierre, dont la foi sera la fondation solide de l’Église, peuple de Dieu. Le nom de Jean le Baptiste signifie «le Seigneur fait grâce».

Il s’appelle Jésus

     Jésus ne manque pas de noms. Sa fiche d’identité en est assez bien pourvue. Il suffit de parcourir les récits d’enfance de Luc et de Mathieu pour nous en convaincre. On peut les énumérer : Jésus, Christ, Seigneur, Fils de Dieu, Fils du Très-Haut, Emmanuel, Sauveur. Ces noms possèdent chacun une riche signification et, en s’articulant les uns avec les autres, ils constituent l’identité de Jésus. Arrêtons-nous à ceux qui sont le plus appropriés en ce temps de Noël.

     Jésus, Yeshouah, est le nom d’homme du fils de Marie et de Joseph. C’est le nom que le messager divin demande à Joseph de donner à l’enfant à naître (Mt 1, 21) et que, effectivement, on lui donnera le jour de sa circoncision (Lc 2, 21). Ce nom signifie son enracinement dans le temps et l’espace, dans une société et une culture particulières. C’est le nom du petit garçon qui jouera dans les ruelles de Nazareth et qui deviendra apprenti charpentier. Plus tard, c’est le nom par lequel on l’interpellera pour obtenir une faveur, une guérison, un conseil, et dans certains cas pour le mettre à l’épreuve ou lui tendre un piège. C’est ce nom d’homme prononcé avec vénération qui permettra à certains de se lier d’amitié avec lui et, comme une porte ouverte, les fera entrer dans le cœur de Dieu.

Le Sauveur

     Mais ce nom bien humain est toutefois chargé d’une mission divine pour le bien de l’humanité, car il se traduit par « le Seigneur sauve ». Le Seigneur dont il est question,  c’est YHWH qui, dans la scène du buisson ardent, avait fait connaître à Moïse son projet de libération pour son peuple (Exode 3, 7-15). Jésus étendra cette libération à l’humanité entière. Il est le Sauveur véritable. Telle est la Bonne Nouvelle que l’ange annonce aux bergers de Bethléem : Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur (Lc 2, 11). Le Seigneur Dieu entreprend avec Jésus une mission qui consistera à semer dans ce champ intérieur qu’est le cœur de tout être humain de bonne volonté, le germe du monde nouveau où règnent la paix et la justice, afin que chacun et chacune puisse être reconnu et respecté dans sa dignité de personne créée à l’image de Dieu.

     Jésus nous sauve du néant de la mort pour nous faire entrer dans la vie éternelle, dans la plénitude de la vie. Au-delà de cette formule qui est vraie, comment peut-on vérifier le salut que le Seigneur Jésus accomplit dans notre existence.  Jésus ne nous sauve pas des cataclysmes et autres désastres naturels, ni de la maladie et de la mort physique, ni des conflits et autres malheurs dont les humains sont souvent responsables. Jésus nous sauve de tout ce qui menace la vie de l’être humain, de tout ce qui le ronge intérieurement en le rendant captif de ses instincts qui détruisent en lui la capacité d’aimer. Il nous sauve de tout ce qui peut faire d’un être humain une menace pour la vie d’un autre être humain. Positivement, il nous sauve par son Esprit qui habite en nos cœurs et qui nous donne la force de nous convertir sans cesse à l’amour de Dieu et du prochain. C’est à ce niveau que nous verrons les fruits de son salut dans notre manière d’être et d’agir.

L’Emmanuel : Dieu-avec-nous

     Dans le récit de l’annonce à Joseph, Matthieu applique à Jésus, le Sauveur, le texte du prophète Isaïe : Voici que la jeune femme concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel (7, 14). On y trouve la promesse divine de donner à son peuple un chef qui le gouvernera selon le droit et la justice et qui lui assurera la sécurité au milieu des autres nations. Ce chef messianique manifestera la présence de Dieu au milieu de son peuple. Il sera l’Emmanuel, Dieu-avec-nous.

     Il n’y a que Jésus qui puisse incarner l’être-avec-nous de Dieu et dire à toute personne qu’il rencontre : Dieu est avec toi, car tu es précieux, tu es précieuse, pour lui. Nous pouvons nous aussi entendre cette parole qui contient la promesse de protection, d’assistance, de réconfort, de confiance que le Seigneur nous adresse, quelles que soient les circonstances et les situations les plus diverses que nous rencontrons.

     N’oublions pas que, dans l’évangile selon saint Matthieu, les dernières paroles que Jésus ressuscité adresse à ses disciples contiennent cette promesse : Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps (Mt 28, 20). Cette promesse s’adresse à nous également : Je serai avec toi, dans ce que tu entreprendras, dans les projets que tu voudras réaliser, dans les épreuves que tu rencontreras, dans ta recherche d’une vie heureuse, dans tes moments de joie, dans tes gestes de partage et de solidarité. On peut considérer cette promesse comme le don le plus précieux que Dieu nous fait en nous donnant son Fils. Puissions-nous accueillir ce don avec foi et en vivre jour après jour.

 

Yves Guillemette, ptre

 

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Une vie partagée