Judith tuant Holopherne (détails). Artemesia Gentileschi, circa 1614-1620. Huile sur toile, 158,8 × 125,5 cm. Galerie Uffizi, Florence (Wikipedia).

Un banquet à en perdre la tête

Caroline MichaudCaroline Michaud | 21 janvier 2019

Lire Judith 13, 1-10

La représentation de la mort d’Holopherne aux mains de Judith par Artemesia Gentileschi fait preuve d’une violence sanglante en pleine action. Alors que la littérature biblique abonde de femmes subissant la violence d’homme, le livre de Judith montre un rapport inverse : une femme joue un rôle salutaire pour le peuple juif en tuant Holopherne, présenté dans ce texte comme un général de l’armée assyrienne envoyé par Nabuchodonosor.

Dans le texte biblique, on spécifie qu’à la fin d’un banquet donné par Holopherne, seuls lui et Judith restent dans la chambre à coucher (Jdt 13,4). Sur la peinture, Judith qui procède à la décapitation est accompagnée de sa servante, qui elle, retient l’homme fermement. Peut-être que le peintre a voulu rendre la scène biblique un peu plus « réaliste », puisqu’il doit être assez difficile d’assassiner une personne en étant seul, surtout à l’aide d’une épée.

Les manches retroussées ajoutent beaucoup d’effet à l’image. On voit que les deux femmes sont déterminées à assassiner l’homme, et elles n’y vont pas de main morte. Leurs sourcils froncés accentuent le sentiment de violence. On sent qu’elles sont vraiment déterminées à le supprimer. Pourtant, selon l’extrait biblique, le général ne semble pas être dans un état pour résister à qui que ce soit puisqu’il est « effondré sur son lit, noyé dans le vin » (Jdt 13,2).

Dans le récit biblique, Judith parvient à trancher la tête d’Holopherne en deux puissants coups de sabre (Jdt 13,8), alors que la chose semble un peu plus ardue et beaucoup plus sanglante en peinture. En effet, on constate à l’orientation de l’arme, qui transperce totalement la gorge de la victime, que la coupe est effectuée par un mouvement de la lame, du haut vers le bas et non par coups successifs, qui obligerait l’horizontalité de l’arme. De ce fait, on voit gicler le sang, qui coule et humecte les draps du lit.

Judith décapitant Holopherne. Le Caravage, circa 1599-1602. Huile sur toile, 145 x 195 cm. Galerie nationale d’art ancien, Rome (Wikipedia).

Cette scène biblique a fasciné les peintres qui ont produit plusieurs interprétations du récit. Et récemment, la série télévisuelle Lylihammer (2012-2014) a mis en valeur le tableau du Caravage en le plaçant bien en évidence derrière le bureau d’un chef de la mafia expatrié en Norvège.

Caroline Michaud est catéchète et étudiante en théologie à l’Université Laval (Québec).
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