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Justice sociale
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chronique du 25 janvier 2008
 

L’agneau qui enlève le péché du monde

Agneau de Dieu

Le Devoir du 20 janvier dernier publiait à la une l’article suivant : « Un bon gars, le Canada? » Le journaliste Guy Taillefer écrit : « Les Canadiens aiment bien se bercer de la bonne réputation du Canada sur la scène internationale. Ont-ils toujours raison de le faire? En Afrique, cela revient à faire l’autruche devant la montagne d’allégations incriminantes pesant sur les compagnies minières canadiennes, qui creusent le continent pour son or, ses diamants et son cuivre… »

     « Des sociétés canadiennes, épaulées par notre gouvernement, affligent l’Afrique tandis que se poursuivent chez nous, loin des violences, les discours lénifiants dont nous nous délectons à notre propre sujet…. (Alain Daneault, Collectif Ressources-Afrique) Il est important que les Canadiens soient mis au parfum « des crimes de guerre commis en leur nom » : après tout, ne les financent-ils pas par l’entremise de leurs REER (Régime enregistré épargne retraite), de leur portefeuilles d’actions et de leurs cotisations aux fonds de retraite?

     Par exemple, le Régime de pensions du Canada avait investi en bourse, au 31 mars 2006, quatre millions de dollars (4 000 000$Can) dans la société canado-australienne Anvil Mining, qui exploite notamment une important mine de cuivre et d’argent à Dikulushi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, près de la frontière zambienne. Anvil, qui a ses pénates à Montréal, avait été mêlée à une sale affaire deux ans plus tôt, en octobre 2004, en fournissant aux forces armées congolaises le soutien logistique (avions, camions, vivres) nécessaires pour mater une rébellion. Une mission de l’ONU avait ensuite établi que, grâce à ces ressources, des violations des droits de la personne avaient été commises par l’armée. Anvil a toujours protesté de son innocence, affirmant qu’elle avait obéi à un ordre militaire de réquisition.

     Une longue liste d’organisations non-gouvernementales et onusiennes dénoncent continuellement le manque de responsabilité sociale en général dont font preuves des multinationales étrangères faisant des affaires sur le continent africain.

Un récit évangélique (Jean 1, 27-34)

Jean dit aux pharisiens : « Moi j’immerge dans l’eau. Parmi vous se tient celui que vous ne connaissez pas. Il vient après moi et je ne vaux pas pour délier la lanière de sa sandale. » Cela survient à Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean immergeait. Le lendemain, il regarde Jésus venant à lui et dit : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève la faute de l’univers. Le voici, celui dont moi j’ai dit : ‘Après moi vient un homme, devant moi devenu, parce que, antérieur à moi, il est.’ Et moi je ne pénétrais pas qui il était. Mais pour qu’il soit manifesté à Israël, pour cela je suis venu, moi, immerger dans l’eau. »

Jean témoigne et dit : « J’ai contemplé le souffle descendre hors du ciel comme une colombe, et demeurer sur lui. Et moi je ne pénétrais pas qui il était. Mais celui qui m’a envoyé immerger dans l’eau, celui-là m’a dit : ‘Celui sur qui tu verras le souffle descendre et demeurer sur lui, c’est lui, il immergera dans le souffle sacré.’ Et moi, je l’ai vu, j’en témoigne, oui, c’est lui le Fils de Dieu. »

Commentaire

     Jean le baptiseur nous annonce que Jésus est l’agneau de Dieu qui enlève le péché de l’univers. Nous le chantons à toutes nos messes avant de communier. Pourtant cette expression nous laisse perplexe : que vient faire ici ce céleste mouton?

     L’évangile de Jean commence par une entête grandiose : au commencement, l’énergie créatrice de Dieu s’exprime pas sa Parole, son Logos. « Tout devient par lui… en lui la vie, la vie la lumière des hommes. » (1,3) Cette énergie créatrice, cette lumière de vie, devient chair et plante sa tente parmi nous. C’est en Jésus de Nazareth que nous avons contemplé la gloire de Dieu. « Il est venu chez lui, mais les siens ne l’ont pas accueilli. À tous ceux qui le reçoivent, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui adhèrent en son nom… »

     L’assassinat de Jésus a été pour les disciples un scandale épouvantable; comment Dieu pouvait-il abandonner son messie aux mains des criminels? En voyant Jésus venir à lui pour être immergé dans le Jourdain, Jean-Baptiste nous présente l’Élu de Dieu, le Serviteur souffrant de YHVH annoncé par Isaïe : « Tyrannisé, il a accepté; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau transporté à l’abattoir, comme une brebis muette, face à ses tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. » (53,7)

     Voilà le péché du monde. Jésus n’a pas échappé à la dynamique du mal qui sacrifie les innocents sur l’autel du pouvoir et de l’accaparement des richesses. Le péché du monde, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir, et pourtant nous fermons les yeux. Nous mettons des murs, des écrans, des isoloirs pour ne pas voir notre relation à ce péché du monde. Notre conception du péché est purement individualiste. « Je ne fais de mal à personne, je respecte les autres. » Ça nous donne bonne conscience, on se croit des bons gars et des bonnes filles. Pourtant nous sommes plongés (…baptisés) dans le péché de l’univers. Les victimes innocentes, les agneaux muets sont égorgés par myriades sur l’autel de la mondialisation. Des millions d’humains meurent du sida privés de médicaments qu’on refuse de mettre à leur disposition pour protéger les brevets de multinationales richissimes. Nos compagnies minières saccagent, pillent, détruisent des communautés rurales d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine pour produire de l’or et des diamants sans que ces ressources précieuses ne profitent le moindrement aux populations aux prises avec la misère. Dans nos pays riches, nous assurons notre retraite en achetant des REER, en accumulant des fonds de pension qui sont placés dans des compagnies de matériel militaire qui servira à alimenter les guerres partout dans le monde.

     Ici, nous ne parlons pas de petits péchés véniels, de peccadilles. Nous parlons du « péché de l’univers » qui a nom « mondialisation sauvage de l’économie », « oppression politique » « impérialisme guerrier » au dépend de millions d’agneaux sacrifiés. Des péchés mortels sans équivoque! Martin Luther King dont nous faisons mémoire ces jours-ci fut un croyant qui, s’appuyant sur sa foi, contribua à enlever le péché de l’apartheid des Etats-Unis; il y a laissé sa peau, assassiné lâchement après des années de luttes et de tribulations. Ces personnes sauvent l’humanité!

     Le mal est extirpé par l’agneau, victime innocente, sacrifié par les puissants. Jésus est l’agneau égorgé qui se tient debout, celui sur qui le Souffle sacré demeure en permanence, celui qui possède en propre le Souffle créateur. Il nous communique ce Souffle dans la mesure où nous le reconnaissons et nous adhérons à lui. On appelle ça « être immergé dans le Souffle sacré », être baptisé dans l’Esprit. Nous aussi, de cette façon, devenons des agneaux de Dieu qui enlèvent la faute de l’univers. L’évangile nous invite à devenir disciples de Jésus et à donner notre vie pour que tous et toutes aient la vie en abondance. Notre lutte est apocalyptique, l’affrontement suprême entre les forces du mal qui détruisent la vie et le Souffle créateur. Nous sommes appelés à recréer le monde. Oui, un autre monde est possible et le Souffle sacré plane sur le chaos de notre planète. Debout, mettons l’épaule à la roue !

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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