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Justice sociale
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chronique du 26 juin 2009
 

Repos, retraite, récréation, vacances… des droits fondamentaux

Actualité : Consultation sur le plan de lutte contre la pauvreté au Québec

Le 15 juin, devant l'absence de réponse satisfaisante du ministre Sam Hamad, neuf groupes sont sortis de la consultation sur le plan de lutte contre la pauvreté organisée par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale du Québec. Les groupes demandaient au ministre :

  1. de reconnaître que la pauvreté et l'exclusion sociale sont des violations de droits et que c'est la responsabilité de votre gouvernement de veiller à leur respect et à leur protection;
  2. d'affirmer que la lutte contre la pauvreté passe par une meilleure redistribution de la richesse et une diminution de l'écart de revenus réels entre riches et pauvres;
  3. de refuser d'accorder à des organismes philanthropiques quelque droit de regard ou de contrôle sur les politiques publiques de lutte contre la pauvreté;
  4. de démontrer votre ouverture réelle à l'adoption de mesures comme la fin des catégories à l'aide sociale, un rehaussement significatif de toutes les prestations d'aide sociale et du salaire minimum, le financement d'un plan de développement du logement social qui soit réellement à la hauteur des besoins, un véritable contrôle des loyers, la fin du détournement des pensions alimentaires et une réforme en profondeur de l'aide financière aux études ayant pour but l'élimination de l'endettement et de la précarité des étudiants, étudiantes et des jeunes adultes.

     Les groupes sont sortis pour dénoncer l'attitude négative du ministre par rapport à leurs demandes. Ils refusent ainsi de participer à une consultation qui vise à donner une légitimité à un plan de lutte à la pauvreté qui ne reconnaît pas les droits des personnes en situation de pauvreté.

     23/06/2009 - Le chômage continuera d’augmenter pendant une bonne partie de l’année 2010, avec un taux de chômage moyen proche de 10%, selon de nouvelles estimations de l’OCDE. D’ici fin 2010, plus de 57 millions de personnes seront privées d’emploi dans les 30 pays de l’OCDE alors que le nombre de chômeurs était de 37,2 million à la fin de 2008 selon les estimations de l’Organisation de coopération et de développement économique des pays industrialisés.

Texte biblique : Dieu chôma après tout l'ouvrage qu'il avait fait

Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour. Ainsi furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. Dieu conclut au septième jour l'ouvrage qu'il avait fait et, au septième jour, il chôma, après tout l'ouvrage qu'il avait fait. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création.
Genèse 1,31 et 2, 1-3

Un temps pour chômer, le shabat

     Dans le judaïsme, le septième jour, le samedi, est le shabat, le sommet de la semaine de travail. « Shabat », en hébreu, signifie se reposer, chômer. Le dictionnaire définit ainsi le mot chômer : ne pas travailler en raison d'une fête. Jour férié, jour chômé. Du latin caumare, se reposer pendant la chaleur, du grec kauma, chaleur. Le mot a donné aussi calma, calme, absence de vent.

     On trouve le shabat à la première page de la Genèse. Le créateur a travaillé très fort pour chasser le chaos: la terre était un tohu-bohu et les ténèbres recouvraient les océans. Dans sa sagesse, il conçoit un ordre pour le cosmos. La lumière se fait sur le monde et chaque créature y trouve sa place. Dieu bâtit une maison magnifique pour l’être « terreux », l’humain Adam, qu’il a fait homme et femme, comme une réplique de lui-même, selon sa ressemblance.

     Puis ce Dieu paysan, qui a trimé dur toute la semaine pour rendre sa terre productive, contemple le fruit de son travail. C’est un jour de joie intense où il s’émerveille de la beauté du cosmos avec une évidente satisfaction. « Il vit que cela était ravissant! » et le Seigneur bénit son chômage comme il a béni son travail. La bénédiction est double : le travail est une nécessité pour la vie humaine et amène au repos. Le repos est impossible à qui ne travaille pas.

     La spiritualité du shabat est la colonne vertébrale du judaïsme et du christianisme. Elle incarne l’utopie, le rêve d’une société axée sur le bonheur des individus. Le travail n’est pas une simple marchandise, mais une bénédiction pour la vie. toute personne doit pouvoir travailler pour vivre et son travail doit conduire à l’émerveillement, à l’exultation devant l’œuvre accomplie. Toute personne a le droit de se reposer pour pouvoir jouir de son travail.

Laisse se reposer tes travailleurs et travailleuses

Observe le jour du shabat pour le sanctifier, comme te l'a commandé Yahvé, ton Dieu. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage, mais le septième jour est un shabat pour Yahvé ton Dieu. Tu n'y feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes. Ainsi, comme toi-même, ton serviteur et ta servante pourront se reposer. Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Égypte et que Yahvé ton Dieu t'en a fait sortir d'une main forte et d'un bras étendu; c'est pourquoi Yahvé ton Dieu t'a commandé de garder le jour du shabat .
Deutéronome 5, 12-15

     Dieu, qui a créé le cosmos et tout ce qu’il contient, exige de mettre un frein à notre obsession de posséder. Il impose des interruptions de travail, de la production, du commerce. Tous les sept ans, la terre doit se reposer et les dettes doivent être pardonnées. Chaque cinquantième année est une année de grâce, les terres seront redistribuées. Il faut freiner l’accumulation de la richesse en quelques mains. Les prophètes ont insisté pour réglementer l’exploitation de la main d’œuvre. « Laisse reposer le bœuf qui laboure ton champ et l’âne qui transporte tes marchandises, donne à tes esclaves et aux immigrants et immigrantes de reprendre leur souffle. »

     Nous avons fait de l’argent un synonyme de bonheur, un absolu, un dieu. Le culte que nous lui rendons nous porte à travailler jusqu’à épuisement pour entasser des dollars qui n’apportent en fait aucune sécurité. « Accumulez, accumulez, accumulez- voilà la loi et les prophètes » ironisait Marx à propos du capitalisme. Et soudain, des milliards disparaissent mystérieusement et l’économie s’effondre! Les retraites fondent comme neige au soleil, les emplois sont éliminés pour maintenir les profits et les requins fuient avec des milliards. Les gouvernements utilisent le trésor public pour renflouer les voleurs.

     La recherche du rendement maximum provoque l’exploitation éhontée de millions de travailleuses et de travailleurs. On cherche la main d’œuvre la moins chère; au nom de la « rationalisation », on a intégré au marché global plus de trente millions d’enfants traités en esclaves. Et en temps de crise, pour sauver les profits, on coupe dans les emplois. L’OCDE prévoit que dans les 30 pays riches qui l’intègrent, il y aura 57 millions de personnes sans travail en 2010. Si le mot chômage a une connotation de repos, le mot chômeur a un sens bien opposé : sans-travail, sans-emploi, inactif. On ne peut prendre de repos si on est privé de ses moyens de subsistance.

Je vous donnerai le repos

     Dans la bible, la loi du shabat impose au maître de faire reposer toute sa famille. On se préoccupe particulièrement des femmes, des esclaves et des bêtes de somme. Même les tâches domestiques de la cuisine sont suspendues pour assurer à tout le monde son congé.

     Nos gouvernements refusent de reconnaître les droits économiques, sociaux de tous les citoyens et citoyennes. Avoir un revenu minimum qui permette de manger, de boire, de se loger, de se vêtir n’est pas un privilège, c’est un droit. S’éduquer et être soigné sont des droits fondamentaux et il appartient aux dirigeants élus de les faire respecter. Éliminer la pauvreté est un devoir politique et pour cela, il faut redistribuer la richesse par une fiscalité équitable. Il est inacceptable que l’on fasse de la politique partisane sur le dos des pauvres et que l’on confie à des fondations privées et à des téléthons de toute sorte des responsabilités éminemment politique. L’ONU ne cesse chaque année de dénoncer les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral du Canada pour le traitement fait à ses pauvres.

     Quant aux dirigeants des églises, des synagogues et des mosquées, il est de leur devoir de rappeler cet aspect fondamental de leur foi en ce Dieu créateur et libérateur. Le véritable culte qu’on peut rendre à Dieu, c’est de permettre aux hommes et aux femmes de travailler dignement et de se reposer. C’est une question de vie et de mort. « Venez à moi, vous tous, les fatigués, les surmenés; je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug, apprenez de moi que je suis humilié et petit de cœur : vous trouverez le réconfort pour vos êtres. Oui, mon joug est utile, mon fardeau léger. » (Matthieu 11, 18)

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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